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Les petits pavés
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19 août 2011

Raúl Ruiz, 1941-2011

C'est une nouvelle qui tombe comme ça sur cette saloperie d'écran de mon iPhone : Raúl Ruiz est mort. Il est mort à 70 ans, aujourd'hui, des suites d'une stupide infection pulmonaire. Ce paradoxe est aussi une paraphrase de la vie : ce qui existe de plus petit, ou presque, une bactérie, une chiure de mouche à l'échelle de l'Histoire et du Monde, peut détruire ce qui dépasse tout, en hauteur, en profondeur, en fracas : un esprit.

Raul_RuizRaúl Ruiz travaillait apparemment à deux films, dont un inspiré par son enfance au Chili, pays qu'il avait dû fuir sous les coups aveugles de la petitesse incarnée, le dictateur Pinochet

S'il avait réalisé près de cent films depuis la fin des années 60, cet homme du mélange des genres et des cultures, cet immigré restait inconnu du grand public et ignoré des médias, pour preuve, le peu d'images disponibles sur le net. Il avait fait à la France le cadeau d'adopter sa nationalité, ajoutant au génie de cette nation qui ne le mérite peut-être pas, compte-tenu de sa façon de traiter ses étrangers.

Son Mystères de Lisbonne, flamboyant chef d'oeuvre romanesque et feuilletonesque que son auteur -metteur en scène se plaisait à identifier comme une tele novela brésilienne concentrée, restera donc, outre un des films qui auront compté ces dernières années, son Chant du Cygne.

Pourquoi ces intellectuels passionnés, développant dans la durée les méandres d'une oeuvre passionnante, capable de nous interroger sur nous-mêmes, nos racines et notre devenir, nous quittent-ils si tôt, alors que des personnes inutiles souillent sans vergogne notre présent comme elles ont rendu vulgaire leur part du passé. Thatcher, c'est pour quand !?

Ruiz avait un talent particulier dans le monde du cinéma : il était capable de réussir l'adaptation des textes les plus rétifs à l'exposition sur grand écran, ayant même réussi l'impossible mise en film du Temps retrouvé de Marcel Proust, là où tant d'autres n'avaient réussi qu'à gâcher la pellicule.

Avec Mystères de Lisbonne, Ruiz s'était montré une sorte de Proust du 7ème Art, un auteur capable d'arrêter le temps. Et notre souffle. Il est terrible d'imaginer les films qui, désormais, ne se feront plus.

Myst_res_de_LisbonneLes mystères de Lisbonne (2009-2010)

Pour aller plus loin :

à nouveau l'adresse du somptueux site consacré aux Mystères : CLIQUER ICI.

un regard (inté)récent sur le même film, sur un site ami, CLIQUER ICI.

un des articles que j'avais consacrés aux Mystères, CLIQUER ICI.

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Commentaires
A
Triste nouvelle que celle-ci. Tu as, je le remarque, publié ce post quasiment aussitôt l'annonce faite dans les médias et c'est bien et juste, je trouve, tel un signe de respect.<br /> Ce film est l'une des plus belles expériences cinématographiques de l'année pour moi (je n'en vois qu'une autre en fait, il y a quasiment un an) et si l'homme laisse derrière lui des oeuvres à foison qu'il me reste à découvrir, il n'en demeure pas moins qu'il est très triste de savoir qu'il n'y en aura plus à venir.<br /> Certains trouveront peut-être que pleurer sur le cinéma est un peu vain par les temps qui courent. J'aurais envie de dire que justement, par les temps qui courent, qui galopent, ruent, sans ces hommes de cinéma capables de créer, rien que pour nous (quelle chance nous avons !), des univers uniques et nouveaux, le monde serait bien plat.
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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