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Les petits pavés
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10 avril 2014

Ordinaire...

Ici, je parle de plus en plus de moi. Jusqu'où tenter le narcisse en moi, forcément pervers ?

Par exemple.
Je n'ai pas changé mes draps depuis un nombre indécent de semaines. Oui mais je suis malade. Oui mais est-ce une raison, quelqu'un ne t'avait-il pas proposé de t'y aider, tant il est vrai, qu'une housse de couette est plus coton à enfiler qu'un préservatif.

Autre.
A midi-treize heures, j'ai pris plaisir à observer les jolies mains d'une jolie fille massacrer du boudin noir jusqu'à la plus délicieuse abjection. J'adore regarder faire la cuisine, c'est parfois esthétique, parfois pathétique mais toujours porteur d'attente, d'espoir, de désir. J'entends encore Claude Nougaro, "mieux encore que dans la chambre, j't'aime dans la cuisine". A propos de chambre, j'ai une couette à recalotter.

Ce blog est mon intime journal, j'y écris ce que je veux. Ainsi, j'écrivais hier "Je n'arrive plus à parler de cinéma". C'était hier, ça ne me concerne plus vraiment. Aujourd'hui, j'ai vu un film à la fois passionnant et glaçant, Eastern boys, deuxième réalisation en dix ans de Robin Campillo, après Les revenants (2004). Et j'ai envie d'en dire du bien. Curieusement le film le plus glaçant probablement depuis L'inconnu du lac. Ici, le thème de l'homosexualité masculine me semble un prétexte à explorer les relations intergénérationnelles et à confronter le modèle occidental du confort bourgeois à une forme de barbarie venue d'ailleurs. La lutte des classes a cédé du terrain à la lutte des origines ethniques, qui n'est pas moins violente. Ce n'est plus classe contre classe, c'est monde contre monde et à ce jeu cruel le plus fort n'est pas celui qu'on croit. Ce thriller social atteint parfois des niveaux d'angoisse et d'attente flippante qu'on croyait réservés au très bon cinéma américain. Il m'en reste vraiment quelque chose, comme la trace inquiétante d'un cauchemar. Si la fin est un peu convenue, dérisoire comme une éjaculation molle, la tension qui y mène est celle des morceaux de verre où on s'irrite les doigts un lendemain de cuite, quand on décide connement de faire le ménage alors qu'on ferait mieux de dormir.
Il ne m'a pas échappé qu'un certain racisme anti-slave pourrait tenter de se nourrir des mésaventures de Daniel (Olivier Rabourdin, au jeu subtil et pénétrant), draguant ces eastern boys sans papiers du côté de la Gare du Nord et se faisant proprement dépouiller en retour par la bande du sinistre et trop séduisant Boss. A mon sens, le refus de tout angélisme renforce au contraire l'optimisme humaniste du réalisateur : il faut regarder en face une certaine violence, fruit pourri de sociétés pourries dont certaines (je pense à l'Ukraine) tentent de s'en sortir, afin de mieux la comprendre pour mieux l'affronter.

easternboys

Que dire encore d'ordinaire, de plat (non Clo, je n'ai pas de plat, mais tu reviendras improviser les tiens ; ce n'est pas pour rien si je t'ai posé cette question que tu cites dans ton post d'hier, il y a dans ta façon de conduire ta vie, quand tu fais la cuisine, une vélocité gracieuse qui reconstruit ma sérénité), de convenu ? A force de m'y'introvertir, ce blog va perdre son dernier lecteur en étant devenu aussi plat qu'un plat. Que ce lecteur soit une lectrice pour que mon bonheur soit complet. Oui, je me suis servi un verre, c'est l'heure de jouer faute. Et alors ? Attention, je déballe. Vous savez que j'ai des problèmes de santé ? C'est mal de le dire. Oui mais moins mal que les supporter sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, alors que j'en ai rien à foutre de ce truc qui s'est imposé sans qu'on l'invite sous mon toit, dans mon moi. D'où la chanson hier, Insomnie. J'aimerais partir, me casser mais pas en morceaux, tiens, à Londres, la ville de tous les exotismes, étrangère jusqu'à la dernière gorgée de bière, jusqu'à la dernière tombe anarchique de Regent's Park. Je me rappelle, je m'étais planté d'accent le premier jour pour commander une pinte. Comme il y a tant d'années, il me fallait des allumettes et la dame n'a jamais compris que je désirais une matchbox. Mais c'était pas mieux, mon accent incompréhensible dans un magasin de mon quartier, quand je voulais une bouteille de Suze... au même prix c'est Monoprix. J'aurais demandé une merde non fibreuse que le mec n'aurait pas été plus étonné, astounding. Stories.

Ce film est vraiment bien. On y parle plusieurs langues et la jeunesse y est belle et cruelle ou trop fragile. C'est mercredi, c'est permis. Je vais me remettre Love letters par Metronomy. Je n'avais plus rien écouté de plus flambant depuis Rellektor d'Arcade fire.
Si ça intéresse certains, la Deezer Session de Metro : trois titres du dernier album.


Metronomy - Live Deezer Session par deezer

(texte écrit mercredi, censuré et publié jeudi)

 

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Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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