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Les petits pavés
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17 mars 2010

Ciné, Bad et Lieutenant. Les sorties du 17 mars.

Cette fois, la musique qui accompagne mes sorties ciné de la semaine évoque un cinéma plus punchy qu'habituellement. Mais il est des films qui prennent avec le temps une rondeur et une saveur un peu désuète et c'est le cas de cette série musclée, dont je n'avais apprécié à l'époque que l'épisode n° 1. Mais maintenant... L'eau est passée sous les ponts et les navets ont pris du bide. Alors... Semaine ROCK...Y.

Le groupe s'appelle Survivor. Le film, Rocky... Mais lequel ? Si vous savez, vous avez gagné.

Sinon, je me demande si j'aime encore le cinéma. Je me demande pourquoi j'éprouve régulièrement le besoin de démolir certains films (et encore, les supergéniauxMégafidèles anciens se rappellent peut-être que les premières Séances du mercredi, rubrique hebdomadaire sur l'actualité cinématographique et un peu cinéphilique, deux rubriques étaient consacrées à la détestation d'un certain cinoche révulsif : "Inutile de se déranger pour..." et "Je déteste déjà", rubriques supprimées par excès de bonté : au bout d'un moment, je me suis rendu compte que l'énergie perdue à dire du mal des films déplaisants me laissait sur les genoux et que je ferais mieux de parler de ce que j'aime). Encore que (j'adore dire "encore que", j'adooore !) je me contente généralement d'ignorer les films (la plupart des films) que je déteste ou qui m'ennuient ou simplement qui ne me font rien. Je ne supporte pas les films qui ne me font rien... Je veux être pulvérisé par les films, dissocié de moi-même, vivre une nouvelle naissance au générique de fin (ça vous énerve pas vous, ces gens qui ont un ressort dans le cul et, dès les prémisses d'un générique, jaillissent de leur siège en position verticale et en reprenant une conversation bruyante fâcheusement interrompue par le générique du début et qui vous empêchent de lire tout ce qui est dit sur l'équipe du film, les acteurs, monteurs, régisseurs, coiffeurs, le type de caméra ou la marque de la pellicule, surtout s'il s'agit d'un film coréen - c'est très bien dessiné le coréen ?), basculer dans des mondes de feu ou de glace dès les premières images etc.

Récemment, un lecteur (que je salue au passage amicalement) me posait une question tout à fait pertinente (il se reconnaîtra), c'était à propos de La rafle. Il m'écrivait ceci : "Ce que je ne comprends pas, c'est que vous soyez si virulent à l'égard d'un film que vous n'avez pas vu, sans même chercher à avoir un petit regard sur autre chose que son affiche (certes assez laide) et le pedigree de son producteur. Je trouve que c'est aller un peu vite en besogne pour ranger les gens et les choses dans des cases." En premier lieu, je précise que je trouve l'objection fondée. Mais je suis obligé de répondre ceci : je n'ai déjà pas le temps de voir les bons films (ceux qui m'attirent), je ne vais pas me payer le luxe de voir des daubes. Vraie ou faux, j'aime bien cette anecdote. Louis Malle (LE Louis Malle, le vrai Malle du cinéma français) discutait d'un film, qu'il détestait, avec un pote critique de cinéma. Le pote se rend compte, à l'argumentation de son contradicteur, que celui-ci n'a pas vu le film. "Tu n'as pas vu le film ?" "Non, répond LM, voir les films, ça peut changer l'idée qu'on s'en est fait".

A propos de La rafle (et je maintiens que c'est une daube qu'il est inutile de voir, voire pire...), Annette Wievorka, historienne, a publié dans les pages "Rebonds" de Libé un article très intéressant, à lire en CLIQUANT ICI.

Cette semaine, j'aurais sans doute dû écrire sur L'arnacoeur (avec la Vanessa Paradis que j'avais tant aimé dans Noces blanches), Blanc comme neige ou La révélation... Mais ces films, dont je comprends l'attrait, ne me font pas... (non, j'ose pas, ceci est un site familial :).

A LA RECHERCHE D'UN FILM DE LA SEMAINE

J'ai trouvé...

19237055Bad Lieutenant : escale à La Nouvelle-Orléans
(Bad Lieutenant : Port of Call New Orleans)
film américain de Werner Herzog (2008, 2h02)
scénariste : Billy Finkelstein
directeur de la photographie : Peter Zeitlinger
producteur : Edward R. Pressman (producteur de Bad Lieutenant)
distributeur : Metropolitan FilmExport
avec Nicolas Cage, Eva Mendes, Val Kilmer.

Synopsis : Terence McDonagh est inspecteur dans la police criminelle de la Nouvelle-Orléans. En sauvant un détenu de la noyade pendant l'ouragan Katrina, il s'est blessé au dos. Désormais, pour ne pas trop souffrir, il prend des médicaments puissants, souvent, trop souvent... Déterminé à faire son travail du mieux qu'il peut, il doit faire face à une criminalité qui envahit toutes les vies, même la sienne. Sa compagne, dont il est éperdument amoureux, est une prostituée. Pour la protéger, Terence est obligé de prendre des risques. Parce qu'il est sur les traces d'un gros dealer, sa vie est en jeu. Parce qu'il doit enquêter sur l'assassinat d'une famille d'immigrants africains, il doit mener une enquête impossible. En quelques heures, tous les enjeux de sa carrière et de sa vie vont se combiner pour devenir sa pire épreuve. S'il s'en sort, Terence saura enfin qui il est vraiment...

J'étais par principe hostile à toute adaptation de l'absolu chef d'œuvre d'Abel Ferrara qui figure parmi mes 70 films préférés (pourquoi 70 ? je vous le dirai quand je publierai la liste). Pourquoi ne pas réaliser un "remake" du fabuleux Nosferatu de Murnau pendant qu'on y est ? Ah, oui, justement, Herzog l'a fait, avec la famille Kinski, avec un résultat assez peu convaincant, d'ailleurs.
Hostilité confortée par le jeu,
dans Bad Lieutenant, d'Harvey Keitel, acteur absolu, ce qui n'est pas tout à fait le cas de Nicolas Cage.
Ce que la presse me dit du film me réoriente vers une curiosité un peu amusée, car il semble que, du Bad Lieutenant d'origine, le vrai, le seul, Herzog n'a conservé, outre le nom et le métier du personnage, que quelques caractéristiques dont la paranoïa générale qui se dégage du film. Herzog a répondu à une commande (son producteur était celui du film de Ferrara...) et il s'en est apparemment tiré à sa manière, en faisant un film déjanté, dérangé, cinglé, comme la plupart de ses films précédents.
Le véritable héros du film, d'après Le Monde, est La Nouvelle Orléans dévastée par le cyclone Katrina. Je cite Jacques Mandelbaum : "Corrompue comme McDonagh, auquel Nicolas Cage prête la silhouette pantelante et histrionesque d'un acteur décavé, défiguré par les rictus, émacié par la disgrâce. La sienne ? Aussi bien celle de Max Schreck, immortel interprète du Nosferatu  (1922) de Murnau, (...) Si ce Bad Lieutenant est un remake, ce serait donc celui de Nosferatu, remake plus convaincant que celui déjà réalisé par Herzog en 1979 avec Klaus Kinski. Cet œil européen qui fixe du fin fond de l'expressionnisme allemand la décadence de l'Empire à travers le corps d'un mort-vivant hollywoodien confère au film une dimension visionnaire, poétique autant que politique". Et Mandelbaum ajoute : "En ce sens, Bad Lieutenant : escale à La Nouvelle-Orléans serait un peu à l'Amérique d'aujourd'hui ce que Nosferatu fut à la République de Weimar" ce qui n'est pas précisément l'expression d'un optimisme béat.

Pour celles et ceux qui auraient la curieuse idée d'approfondir la genèse du film, je signale, dans Critikat, un article très documenté de Camille Pollas (pour qui, ce film est celui de la semaine), à lire en CLIQUANT ICI.

Mais le film de la semaine, ça pourrait être ça :

Soul_kitchSoul Kitchen
film franco-allemand de Fatih Akin (2008, 1h39)
scénario : Fatih Akin et Adam Bousdoukoss
directeur de la photographie : Rainer Klausmann
producteur exécutif : Christian Springer
production : Fatih Akin et Corazon International
coproduction : Pyramide Productions
distribution : Pyramide Distribution
(a permis de voir les merveilleux films de Nuri Bilge Ceylan, notamment Les Climats, un des plus beaux films de 2007, a distribué des films de Claire Denis et beaucoup de productions non US et non européennes)

Synopsis : Zinos, jeune restaurateur à Hambourg, traverse une mauvaise passe. Sa copine Nadine est partie s'installer à Shanghai, les clients de son restaurant, le Soul Kitchen, boudent la cuisine gastronomique de son nouveau chef, un talentueux caractériel, et il a des problèmes de dos !
Zinos décide de rejoindre Nadine en Chine, et confie son restaurant à son frère Illias, fraîchement sorti de prison. Ces deux décisions se révèlent désastreuses : Illias perd le restaurant au jeu contre un promoteur immobilier véreux, et Nadine a quelqu'un d'autre dans sa vie ! Mais les deux frères ont peut-être encore une chance de sauver le Soul Kitchen, s'ils parviennent à s'entendre et à travailler en équipe.

L'affiche est bizarre et mélange des influences diverses, dont le look assez moche des disques Stax des années 60-70 (R'n'B et Soul music). Le titre nous tirerait du côté des Doors. Mais, d'abord, ce film est sympathique en ce que, sur les brisées de Capra, il montre qu'une communauté de losers unis par un idéal peut affronter et, au moins essayer d'échapper au sort concocté pour eux par les méchants, symbolisés par des possédants avides de substituer un espace commercial à un espace amical. Ensuite, Fatih Akin a réalisé au moins un film qui m'a bouleversé dans le passé, Head on. Enfin, pourquoi bouder un film très bien primé à Venise ?

Cette cuisine de l'âme, Cécile Mury, dans Télérama, s'en lèche les babines. "Peuplé de paumés magnifiques, de déracinés et d'écorchés vifs, le cinéma de Fatih Akin nous avait, jusqu'ici, bouleversés. Mais pas divertis (...) Cette fois, le cinéaste germano-turc s'est offert une parenthèse de légèreté. Une comédie de copains à plus d'un titre : pour commencer, son acteur principal et co-scénariste, Adam Bousdoukos, est un vieux complice. Et puis, dans le film, il n'est question que de ça : l'amitié, la communauté, face à la brutalité du monde. Car tout héros de comédie qu'il soit, Zinos, jeune restaurateur de Hambourg, reste un personnage à la Fatih Akin : un immigré turc, corps étranger dans une société qui, sans cesse, le rejette. Un type dérisoire et touchant, étrillé par la vie... Comme dirait Ken Loach, autre grand peintre de la galère sociale, « il pleut des pierres » sur Zinos".
Pour Libé, c'est LE film de la semaine. Le quotidien que Sarkozy, au Salon de l'agriculture, conseille de ne pas lire consacre 3 pages à la fois au réalisateur, au film, et au quartier de Hambourg qui, plus qu'un décor, semble un des personnages du film : un quartier qui évolue, des squatteurs qui gênent sa valorisation immobilière post-moderne (pour lire, CLIQUER ICI, c'est du bon reportage critique).
Les inrocks se sent néanmoins obligé de ramener sa science et c'est J.B.Morain himself qui s'y colle : "Comment sauver Soul Kitchen ?Il existe un problème Fatih Akin, cinéaste allemand d’origine turque prisé des grands festivals (Ours d’orHead-on à Berlin en 2004, prix du scénario à Cannes en 2007 avec De l’autre côté) : il a sans doute du talent, disons un certain talent à mettre du mouvement à l’écran, mais il a tendance à foncer tête baissée dans les pires conformismes visuels et les pires clichés, comme s’il ne prenait jamais le temps de penser avant de tourner, de réfléchir sur le monde avant de le filmer pour ".
Anaïs Vincent de Critikat fait pencher la balance vers une critique positive : "Avec Head-On et De l’autre côté, Fatih Akin a su s’imposer comme un réalisateur important, relayant avec justesse la parole des immigrés turcs en Allemagne. En mettant en scène les problèmes de cette minorité silencieuse, dans ces drames d’une noirceur poignante, il interroge les notions d’identité et d’intégration au sein d’une nation au lourd passé historique, dans laquelle ces questions restent encore taboues. Avec Soul Kitchen récompensé par le Prix du jury à Venise en 2009, il change de registre en se confrontant avec succès à la comédie tout en gardant un regard acerbe sur le contexte socio-économique de son pays"


UNE SUBLIME REPRISE

Bad_LieutenantBad Lieutenant
film américain (US) de Abel Ferrara (1992, 1h38)
Avec Harvey Keitel, Frankie Thorn, Victor Argo
scénariste  : Abel Ferrara et Zoë Lund    
compositeur ; Joe Delia
directeur de la photographie : Ken Kelsch (La fleur du désert, récemment)
producteur     Edward R. Pressman
sortie cinéma le 10 mars 1993
reprise cinéma le 17 mars 2010 (11 salles Paris + Provinces)
Interdit aux moins de 16 ans à l'origine
(en tout état de cause, ce film ne peut intéresser qu'un public adulte)

Synopsis : Un flic pourri et drogué accumule les dettes. Lorsqu'une nonne est violée par deux hommes dans une église, celle-ci place une récompense sur la tête des deux criminels. Le Lieutenant voulant payer les dettes qui mettent en danger sa propre vie, décide de rechercher les criminels, tel un chasseur de primes. Violence et rédemption dans un NY cauchemardesque...

Même si l'affiche française est moche, Bad Lieutenant est un de mes films préférés. C'est dire. Harvey Keitel est, au surplus, un acteur que je vénère, depuis le tout premier Scorsese (Who's that knocking at my door?) jusqu'à Taxi driver de Scorsese aussi,   Reservoir dogs de Tarentino (et Pulp Fiction), La mort en direct de Tavernier et les films de Paul Auster (Smoke, Blue in the face qu'il a financé et Lulu on the bridge). Et même La leçon de piano de Jane Campion dans lequel il oppose à la délicatesse de Holly Hunter, la pianiste, une animalité de bonne aloi.

Mais c'est le rôle du Bad Lieutenant qui confère à Harvey Keitel la rudesse écorchée qui fait les très grands acteurs.

Ferrara me fait marrer. Keitel me fait... (non, j'ose pas, ceci est un site familial :).

FOCUS

Aff_Expo_Kitano
Fondation Cartier pour l'Art Contemporain
CLIQUER SUR L'AFFICHE
pour visiter le site de la Fondation
et découvrir ce curieux personnage
qu'il serait réducteur de voir comme
juste un cinéaste-acteur.

L'expo, entièrement conçue pour la Fondation, prend la forme d'un monde étrange et attachant dans lequel les réminiscences de l'enchantement de l'enfance de l'homme à tout faire tiennent une place toute particulière. Avec des peintures, des vidéos, mais aussi des objets insolites, des décors, des machines fantasques  et sensationnelles, Beat Takeshi Kitano  invite à penser, à jouer, à rêver, à entrer dans le jeu. Ne pas rater le stand des gaufres.


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Commentaires
M
Moi aussi, j'ai vu Bad Lieutenant etc. hier soir...<br /> Si je confirme. S'il existe des correspondances entre ce film et celui, d'Abel Ferrara, dont il serait un remake (si on veut) franchement, le film de W. Herzog ressemble à un scénario original avec réminiscences. La différence fondamentale, je crois, est que Herzog est incapable de faire un film sérieusement et il le montre encore dans des délires qui m'ont parfois donné mal au ventre de rire, même dans des situations a priori tragiques.<br /> Certains ont le vin gai, le Lieutenant a le mélange toxique explosif. Ça fait du bien, même si on est loin des grands films noirs américains.
E
J'ai vu "Bad Lieutenant : escale à la N.O." hier soir et j'ai vachement bien aimé. Par contre, je n'ai encore jamais eu l'occasion de voir le "Bad Lieutenant" de Ferrara, mais tu peux compter sur moi pour combler au plus vite cette lacune !<br /> Je découvre grâce à toi que les deux films n'ont pas grand chose en commun si ce n'est leur personnage principal camé jusqu'à l'os. ça me donne encore plus envie de découvrir le film original.<br /> Sinon, "Soul Kitchen" est excellent dans son genre, peuplé de doux-dingues paumés et porté par une très bonne B.O. Si tu as l'occasion de le voir, je pense que tu passeras un bon moment ;)<br /> <br /> Bonne journée :)<br /> <br /> PS : super l'idée de la play-list pour célébrer l'arrivée du printemps !
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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