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Les petits pavés
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2 juin 2008

Indiana Jones : le retour de la grande aventure

La vraie surprise de ce film, quatrième apparition du héros phobique est justement qu'il s'agit vraiment d'un film, que la pyrotechnie électro-balourde d'Hollywood ne flingue pas, mais magnifie, au service du Cinéma. Car si on savait que Steven Spielberg a un sacré sens du cinéma, ça faisait un peu longtemps qu'il ne l'avait pas mis en pratique. Ici, avec les moyens de Lucas et Disney réunis, avec le charisme de Ford (Harrison, pas le grand John, ne pas exagérer tout de même), une image incroyablement fouillée, des plans de mauvais garçon du 35 mm (certains raccourcis sont renversants), des vrais personnages, un vrai scénario Mc Guffin qui ne tient pas debout et auquel on ne comprend pas grand chose (on s'en fout, ça file vraiment à 250 à l'heure et on a pas le temps de réfléchir à la vraisemblance), avec un mythe à la hauteur du héros de l'"Arche" (la recherche d’El Dorado, rien de moins), Spielberg nous fait tout simplement plaisir. Il nous fait tout simplement rire, frémir, avoir peur, espérer, vibrer avec les héros, détester les méchants (20 ans ont passé et les bolchos remplacent utilement les nazis des 3 livraisons précédentes), notamment l'égérie de Staline, vénéneuse à souhait dans ses certitudes de catéchuwoman.

Indiana1Dès la première scène, après une intro en forme d'hommage amical et brillant au George Lucas d'American graffiti (première course de voiture du film, jubilatoire et rockeuse, avec le Hound dog d'Elvis en fond sonore), on passe aux choses sérieuses. Les méchants se découvrent très méchants et l'apparition (l'évocation, l'invocation ?) d'Indiana en figure du Héros, aussi mal barré est-il (c'est un des thèmes récurrents de la série, Indiana se met toujours en abîme, dans des situations où il n'a aucune chance de s'en sortir, mais...) est un modèle d'exposition. Un corps éjecté du capot d'une voiture, un chapeau qui roule dans la poussière du désert, une silhouette haute, fatiguée mais massive, condensé de puissance, qui ramasse et coiffe le fameux chapeau, se relève en ombre chinoise comme une menace surgie de temps plus anciens et le mythe s'incarne. En quelques plans majestueux, Spielberg restitue Indiana et l'inscrit dans la légende. Et c'est (enfin !) reparti.

Et à nouveau, le thème écrit par John Williams, nous fait régresser vers une béatitude satisfaite.

boomp3.com

Parmi les nombreuses surprises du film, à côté de fourmis géantes incroyablement voraces, de bestioles torves ou de Indiana2bestioles marrantes témoins de la folie des hommes, de chausse-trappes, de cloisons qui basculent, de rapides et de Niagaras vertigineux, (une explosion atomique en passant, dans un monde d’apparences à la Philip K. Dick) une redéfinition des codes de la poursuite en voitures, en pleine jungle brésilienne, avec d'invraisemblables jeux de passes genre rugby (le crâne de cristal passe d'un joueur à l'autre, mais ce n'est pas un jeu, ou alors un jeu mortel) nous entraîne dans une jouissance cinématographique rare.

Lorsque Spielberg s’éloigne d’une bonne conscience prêcheuse qui fit le redoutable Couleur pourpre, l’ennuyeux Amistad et le (je pèse mes mots) film ignoble (Liste de Shindler, un des rares films à ma connaissance qui fait rire du passage « aux douches », pour ceux qui savent) il se montre un grand réalisateur, même si c’est dans la cour des petits. Il suffirait qu’il s’intéresse un peu au cinéma comme autre chose qu’un gros gâteau sucré rose fraise et blanc chantilly, qu’il cherche de vrais sujets et qu’il les traite honnêtement (comme il le fait avec ce film d'aventures jouissif), pour enfin devenir un grand cinéaste, l'égal de Coppola ou Scorcese, poids lourds de cette génération dont il risque de ne rester qu'un comparse, cinéphiliquement parlant.

Indiana_3

Dommage, mais je ne boude pas mon plaisir grâce à Indy. Mais, s’il vous plait, Spielberg, Lucas, Ford, promettez que cette sortie sera définitive. Pas d'Indiana V. Merci pour tout.

Je n'en dirai pas plus sur le film, vrai retour, totalement inattendu, de la Grande Aventure, qui ose s'auto-parodier en évoquant gentiment les succès passés (ET, Rencontres du 3ème type... les Indiana précédents, la photo du père Sean Connery…).

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Commentaires
M
Certaines visites font particulièrement plaisir, notamment celles qui laissent des traces d'un futur / passé, très composé.<br /> Salut Phil.
M
Et bien , c'est sur ce commentaire que je vais achever mon premier voyage sur ce site , un retour vers le futur/passé pour moi..<br /> Indiana a bercé ma jeunesse ( et oui ) , de cet humour simple , prévisible mais jouissif , et je revois régulièrement les DVD dont je dispose.<br /> Pourtant , je ne suis pas allé voir " Indiana Jones - le retour IV" , la peur de trouver bien insipide une énième suite a caractère commercial.<br /> Je vais réparer cet oubli très prochainement , promis , et merci a cet article!!!
A
Pas toujours évident de laisser un petit commentaire, même quand on a apprécié sa lecture. Et pourtant, c'est tellement important pour celui qui tient le clavier. Petit signe de reconnaissance (aux 3 sens du terme), écho à un partage. Parce qu'il s'agit bien là de partage.<br /> <br /> Ce post est un vrai "teaser" pour qui n'a pas accès (pas encore) à ce film. Le film te fut jubilatoire à voir, et le post sans doute à écrire, et ça l'est aussi à lire. Je reviendrai le lire quand j'aurai pu voir le film, pour à nouveau partager.<br /> <br /> Merci pour le partage des passions, Michel.
L
Je te commente parce que je ressens l'infinie détresse de celui qui écrit dans le silence de la voix des autes. Je te commente, simplement pour te commenter, pas pour te dire que ce que tu écris est bien, ou est mal, juste pour être là, présent, pour donner un sens. Pour donner de la voix pour ceux qui s'en abstiennent.
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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