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Les petits pavés
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4 novembre 2009

Les sorties ciné de la semaine : épisode 4

Je dédie cette 4ème séance, avec une tristesse non feinte, à Pierre Doris qui a été, outre un amuseur absolument caustique, le garde-chasse de La maison des bois, peut-être le plus beau film de Maurice Pialat.

maison_bois_05Dans le genre "rions un peu", on peut citer : "C'est très beau un arbre dans un cimetière. On dirait un cercueil qui pousse." et pour finir "On dit que la jeunesse ne croit plus à rien. Quelle tristesse... Et si un jour le Père Noël ne croyait plus aux enfants !"

Je vous avoue un truc ? Je pensais que Pierre Doris était mort depuis au moins vingt ans. C'est encore plus triste. Comment peut-on oublier les gens comme ça, les acteurs et les autres ?


JE VEUX VOIR CETTE SEMAINE. ABSOLUMENT !

"Et en voyant pour la première fois le visage de Jean-Pierre Léaud, un autre cinéma s'est ouvert à moi, et c'est ce cinéma-là que j'ai alors choisi". Tsaï Ming Liang, Le Louvre, 3 juillet 2009.

VisageVisage
film
franco-taiwanais de Tsaï Ming-liang
(2008, 2h21)
avec Laetitia Casta, Lee Kang-Shen, Fanny Ardant, Jean-Pierre Léaud, Jeanne Moreau, Nathalie Baye etc.
musique : Jean-Claude Petit
directeur photo : Peng Jung Liao
costumier : Christian Lacroix
chorégraphe : Philippe Decoufflé
production (entre autres) : Tsaï Ming-liang, Arte, JBA, Le Musée du Louvre
distribution (France) : Rezo films

C'était en juillet dernier, au Louvre, dans le Grand Auditorium, en présence du directeur du Louvre et de Charlotte Rampling, invitée d'honneur, Tsaï Ming-liang (on écrit parfois Ming Liang Tsaï) ouvrait la session 2009 du fécond Paris Cinéma. Le film était Et là-bas, quelle heure est-il ? (2001), une réflexion sur la mort, le temps et ses dérèglements, qui alterne magnifiquement moments de noirceur et séquences burlesques toujours avec grâce et légèreté. Avec des scènes des Quatre-cent coups de Truffaut.

Le réalisateur était là, en muscles et t-shirt blancs, avec son sourire espiègle et bienveillant. Il racontait le cinéma menacé par le numérique (en Corée du Sud, d'après lui, toutes les salles sont en train de migrer vers le numérique) et, en réponse à des questions pertinentes de spectateurs, dynamitait la cérémonie gentiment, avec des histoires de tournage bizarres, genre cet acteur âgé qui l'avait impressionné en urinant plus longtemps qu'un jeune homme dans une rivière, pour les besoins d'une scène. L'eau, les liquides divers, les offrandes aux morts, leur présence parmi nous, le temps, le bassin des Tuileries, Jean-Pierre Léaud le témoin, celui qui était là en 1959 avec Truffaut et qui est toujours là en 2009, parlant et riant encore et toujours.

Ce film, Et là-bas, quelle heure est-il ? était tellement jubilatoire, malgré une certaine austérité formelle (pourquoi bouger la caméra, quand elle est si bien placée ?), que je me suis promis de voir d'autres films de TML pendant la suite du festival. Évidemment, j'ai pas eu le temps, ce qui est une très mauvaise raison, mais je savais que l'automne, avec ses feuilles mortes et sa vieille pluie qui pisse comme une jeune, apporterait un nouveau film, Visages, tourné au Louvre, justement.

Le Musée du Louvre est d'ailleurs à l'origine du film et l'a co-produit. Invité à s'inspirer des collections, le réalisateur a imaginé une comédie musicale autour de Salomé (Laetitia Casta) et un acteur prénommé Antoine et interprété par Jean-Pierre Léaud. Visages devait être le premier volet d'une collection de trois films intitulée "Le Louvre s'offre aux cinéastes". Il faut croire que Le code De Vinci n'a pas suffi à construire un pont entre la noble institution et le 7ème art.

Conclusion : je ne sais à peu près rien de ce film, critiqué lors de son passage à Cannes pour son hiératisme et son esthétisme un peu glaçant. Mais j'ai chopé, en juillet, grâce à son réalisateur, une foutue envie de cinéma.

Pour moi, et j'attends depuis juillet, c'est vraiment LE film de la semaine.

Les réponses du réalisateur au public de la soirée inaugurale de Paris Cinéma 2009 : sur le site du Festival.

Bonus : pour lire l'entretien avec le réalisateur dans Libé du 4 novembre Cliquer ICI. Même s'il conclut, amèrement lucide : "Le musée me sauve un peu de l’immédiateté qui écrase la consommation des films, mais je sais aussi que les cinéastes ne peuvent plus lutter contre le divertissement."

DES FILMS A VOIR,
MAIS QUE JE NE VERRAI PEUT-ÊTRE PAS

les_herbes_follesLes Herbes folles
film français d'Alain Resnais (2008, 1h44)
d'après l'œuvre de Christian Gailly
scénario : Alain Resnais, Alex Reval, Laurent Herbiet
distributeur France : StudioCanal
production : F Comme Film, France 2 Cinéma, Hassen Brahiti / Studio Canal, BIM Distribuzione
directeur de la photographie : Eric Gautier
avec André Dussollier, Sabine Azéma, Emmanuelle Devos, Anne Consigny, Mathieu Amalric, Roger Pierre, Sara Forestier, Nicolas Duvauchelle

Synopsis : Marguerite est dentiste. Elle n'avait pas prévu qu'on lui volerait son sac à la sortie du magasin. Encore moins que le voleur jetterait le contenu dans un parking. Quant à Georges, s'il avait pu se douter, il ne se serait pas baissé pour le ramasser.

"Un film «free» (comme «free jazz»), exploration éclatée et digressive sur le mode sautillant du coq à l’âne. Voix, envol, écriture, avant le trou où tout finit." en dit Gérard Lefort dans Libé et évidemment, ça donne envie. D'autant que, dans Les inrocks, Jean-Marc Lalanne s'enflamme : "La jubilation à faire du cinéma traverse de toutes parts ces Herbes folles."

Si Tsaï avait montré son Visage une autre semaine, ces herbes folles auraient été mon meilleur choix.

Deux autres sorties ont retenu mon attention ce mercredi, les deux pour la même raison : je les trouve sympathiques.

NavidadNavidad
film chilien de Sebastián Campos (2009, 1h43)
distributeur France : UFO Distribution
production : Horamagica, Divine Productions
scénario : Gonzalo Maza, Sebastián Campos
directeur de la photographie : Benjamin Ecazarreta
avec Manuela Martelli, Diego Ruiz, Alicia Rodriguez

C'est la bande-annonce et l'affiche du film qui m'ont séduit. Selon Libé, Navidad "s’intéresse à la rencontre hasardeuse de trois très jeunes gens (un garçon, deux filles) dans une maison abandonnée au milieu d’une forêt. Vacuité des sentiments, malaise flottant, personnage en quête d’un truc à dire ou à jouer, jusqu’à la découverte qu’il leur est possible éventuellement de coucher ensemble, ce deuxième long métrage d’un cinéaste chilien découvert avec La Sagrada Familia berce le spectateur dans son chien et loup existentiel."

Pour Les inrocks, un "lien à la fois sensuel et familial se tisse entre les trois personnages", amants et presque frère et soeur, "alliance inattendue, d’une douceur extrême", qui "est l’élément le plus réussi de ce huis clos habile et délicat dont le charme (dû à la qualité de jeu des acteurs) se dissipe, hélas, un peu vite. La faute sans doute à une mise en scène qui ne parvient pas à dépasser les limites du bon théâtre filmé".

Vous êtes prévenus, mais j'ai réellement été charmé par la BA, ce qui est peut-être peu mais je sens, peu à peu, pousser des ailes au jeune cinéma latino et j'ai envie d'en faire la promo. Dites-moi si le film , que Télérama aime bien, est aussi mièvre que l'affiche peut le faire redouter, dans sa joliesse...

walter_retour_en_r_sistanceWalter, retour en résistance
film français de Gilles Perret (2009, 1h26)

Flanqué de Stéphane Essel, lui aussi ancien résistant, dont la famille a connu la déportation et co-rédacteur de la déclaration des droits de l'homme, Walter Bassan interroge le sarkozysme en regard des valeurs de la résistance, et se pose et nous pose deux questions fondamentales :

  • « Qu’avons-nous fait des idéaux du Conseil National de la Résistance ? »
  • « Résister se conjugue-t-il au présent ? »

On croise aussi dans ce film apparemment moral la haute figure de Raymond Aubrac, ainsi que Bernard Accoyer, actuel président UMP de l'Assemblée nationale, menaçant le réalisateur de censure.

Film réussi, je ne sais pas, mais excitant pour l'esprit.

Le site officiel du film, pour en savoir plus.

J'aurais aimé dire du bien de La Grande vie, comédie française d'Emmanuel Salinger (2008) et de The Box, adapté de Richard Matheson par Richard Kelly (2009) mais cette semaine les sorties sont un peu trop riches et je manque de temps. Dommage...

REPRISÉS, CES FILMS SONT ENCORE MEILLEURS

Deux grandes reprises cette semaine, qui tirent dans des sens assez différents, mais ce qui est beau dans le cinéma, comme dans l'humanité, c'est la diversité.

Les Ailes du désir
(Der Himmel über Berlin)
Film ouest-allemand et français de Wim Wenders (1987)
Couleur et N&B (tourné en allemand, français et anglais)
Scénario : Peter Handke et Wim Wenders
Distributeur France : Tamasa Distribution
Production : Argos Films, Road Movies Filmproduktion, WestDeutscher Rundfunk (W.D.R.)
Compositeur : Jürgen Knieper
Directeur de la photographie : Henri Alekan
Chef décorateur : Heidi Lüdi
1er assistant réalisateur : Claire Denis
Avec : Bruno Ganz, Peter Falk, Otto Sander, Solveig Dommartin

En ces temps de romance sur la fameuse "Chute du mur" qu'on nous susurre  ces jours-ci (un peu trop à mon goût, même si tous les matins sur Inter l'indispensable Bernard Guetta fait de la pédagogie sur le sujet), voici un film  qui donne à voir,  à la manière d'Eluard, Berlin en train de craquer, no man's land entre vie et mort, entre les anges et nous. C'est une vision mélancolique, douce et compassionnelle que nous offre le grand Wim (il l'a été...) d'un monde en décomposition, d'un univers de grande solitude (la main que pose l'un des anges sur l'épaule d'un homme triste, dans le métro, est belle à pleurer d'humanisme vrai.

ailes_du_d_sir_1

L'image somptueuse d'Henri Alekan, dont le talent a rarement eu à s'exprimer avec une telle plénitude (exception faite, évidemment, de La belle et la bête de Jean Cocteau et de quelques réalisations ambitieuses) façonne un écrin d'image pour des acteurs aussi sublimes que Bruno Ganz et Peter Falk, au sommet de leur art, et la divine Solveig Dommartin, Madame Wenders à la ville, disparue trop tôt à la suite d'une maladie méchante.

les_ailes___Solveig_a_rienne

L'autre film nous saisit autant, mais avec une poigne différente.

Pour_une_poign_e_de_dollarsEt pour quelques dollars de plus
(Per qualche dollari di piu)
western italien, espagnol, monégasque, ouest-allemand de Sergio Leone (1965)
distributeur France : Carlotta Films
production : Produzioni Europee Associati (PEA)
compositeur : Ennio Morricone
directeur de la photographie : Massimo Dallamano
avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonte, Klaus Kinski

Ce n'est pas le premier film de Sergio Leone, qui s'était fait, depuis 1959, la main sur des péplums (parmi les plus réussis du genre, entre parenthèses) mais c'est sans aucun doute LE film fondateur d'un genre, le western italien et d'un cinéaste qui allait révolutionner l'art cinématographique. Qu'on le regrette ou non, après Et pour quelques dollars, des films comme La prisonnière du désert ou Rio Bravo ne sont plus possibles. Leone n'est pas devenu, en quatre films (celui-ci, Le bon, la brute, le truand, Il était une fois dans l'Ouest et Il était une fois la révolution (à tort ou à raison, Il était une fois en Amérique, son dernier film, me touche moins), un des cinéastes les plus influents pour rien. Je reviendrai sur ce cinéaste généreux, la dimension de cette rubrique décourageant l'analyse, mais il suffit de dire que sans Sergio Leone, pas de Clint Eastwood, pas de Quentin Tarentino, pas de Johnnie To (et combien d'autres, qui comptent ou ont compté, et n'auraient pas eu l'idée de faire du cinéma s'ils n'avaient vu, plus jeunes les œuvres folles et "géométriques" de ce Mondrian du western ?).


AUCUNE RAISON DE SE DÉRANGER POUR

Away we go, bon sujet traité par un cinéaste, Sam Mendes, qui a fait ses preuves (American beauty, Les noces rebelles) mais dont la bande-annonce, vue deux fois, m'a enlevé toute envie d'aller au cinéma. Par ailleurs, je n'ai pas envie de dire du mal de Le concert, en raison du passé du réalisateur (Va, vis et deviens) et de la présence de Mélanie Laurent, sacrée bastarde, mais le conseiller est au-dessous du niveau habituel de ma morale cinématographique.

JE DÉTESTE DÉJÀ

"La loi de Murphy". Je sais pas pourquoi...

LES AFFICHES DE LA SEMAINE
(les plus effrayantes, les plus vulgaires, les plus nouveau riche, les plus sarkozistes, celles qui m'ont gâché les couloirs du métro ou, au contraire, celles qui m'ont donné envie de cinéma, de poésie, de beauté, d'acuité, d'intelligence)

Pas d'affiche moche cette semaine sur ce site. Donc, pas de loi de Murphy.

Comme je me sens un peu coupable d'avoir dit du mal d'un film que je n'ai pas vu (mais il est vrai qu'il ne faut pas voir les films qu'on aime pas, ça peut fausser le jugement) je trouve son affiche plutôt réussie, à la fois réussie esthétiquement et assez marrante :

le_concert

J'ai vu l'avant-dernière du prochain film dépassé qui sortira en rentrant d'une nuit trop titrée en alcool et qui va bien nous faire peur, comme la connerie de ceux qui voudraient nous faire croire qu'ils vont instaurer un couvre-feu pour les gamins et qui savent très bien qu'ils ne le feront pas, que ce n'est qu'un effet d'annonce (de bande-annonce ?), d'affichage (d'affiche ?) à destination de ceux qui ont peur de tout, alors que nous, si on regarde pas, on a peur de rien, sauf... C'est vrai que j'ai téléchargé plusieurs épisodes de Saw et que je n'ai jamais osé en regarder un, tellement ça me semble malsain. Mais le prochain épisode, peut-être ? L'affiche donne envie :

Saw7

Déjà, celle de la version actuelle peut n'être pas si mal (si ! ça fait mal !!!) :

sawcisse

Passons ces détails. L'affiche de la semaine (à mon sens et à mon goût) est celle du film de la semaine :

Visage

Désir de cinéma.

LES REGRETS DE LA SEMAINE

WinnipegWinnipeg mon amour est distribué dans deux salles à Paris intra-muros (aucune salle en province apparemment). Après, on lira ici ou là que Guy Maddin est un cinéaste élitiste et non un cinéaste populaire. Le Jeunet sort à Paris intra-muros dans 29 salles (ce qui prouve bien que c'est un film authentiquement populaire et non intello-chiant, contrairement à d'autres), auxquelles il faut ajouter les multiplexes de banlieue. Pour égaliser les chances des deux films, il faudrait à Maddin  au moins 14 spectateurs par salle quand  Jeunet en a 1.

J'aime bien la démocratie et la culture populaire.

Je me répète, je sais, mais une réunion à la con m'a fait rater la séance d'hier soir et ce soir... j'écris pour vous, alors que vous me visitez et ne me laissez aucun commentaire. Vous méritez vraiment que je vous aime ?


pas de FOCUS cette semaine

Si. Je recommande tous les films produits par Les films du paradoxe (Kes, par ex.) car ils m'ont envoyé deux invitations pour Rachel et je trouve ça très sympa, étant donné que je ne leur avais rien demandé. Ca change de la Cinémathèque... (chut...)


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Commentaires
E
J'avais très envie de voir "Visage" qui m'intrigue beaucoup avec sa sublime affiche mais je ne sais pas si je vais avoir le temps (il est sorti dans tellement peu de salles qu'il faut vraiment s'organiser pour s'y rendre !). Donc, si tu le vois, je serais bien contente d'avoir tes impressions.<br /> Pour les autres films de la semaine, j'ai prévu de voir "Les herbes folles" jeudi, il a l'air bien sympa ! Pour "Away we go", j'étais super emballée au début (l'affiche et le réalisateur) mais, tout comme toi, la bande-annonce (vue deux fois) m'a plus que refroidie. Je déteste les histoire de trentenaires qui tourne(nt) en rond. Pourtant, j'aime beaucoup "American Beauty" et j'ai adoré "Les noces rebelles".<br /> Et pour finir (ah, enfin !!), j'ai vu "Le concert" dimanche et j'ai été un peu déçue. Beaucoup de gros clichés (les pauvres Russes !!), une histoire tirée par les cheveux, mais des personnages attachants (quand même). <br /> Ah ! J'oubliais "Saw VII" ! J'adore l'affiche avec la chaussette ! J'ai vu le dernier opus "Saw VI", mais je n'ai pas relevé le défi d'aller prendre ma place au guichet. Trop peur d'exploser de rire en demandant une entrée pour "saucisse" !! Heureusement que les bornes existent ^^ Je confirme, cette saga est hyper malsaine, surtout le tout premier épisode qui est géant. Dans les deux suivants, les personnages sont tellement insupportables qu'on a vraiment envie de les voir crever au plus vite ! <br /> Bon ciné ;)
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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