Est-ce ainsi que les hommes vivent ? Léo Ferré
Mai 1968 n'a rien de la génération spontanée, même si on a voulu y voir, à l'époque, un conflit de générations. Bien des événements ou des courants ont traversé l'inertie française gaulliste et endormie sur ses trente glorieuses, comme la Nouvelle vague, les Beatles, la mini jupe, la pilule, Marcuse, Guy Debord ("La société du spectacle"), Raoul Vaneigem ("Traité de savoir-vire à l'usage des jeunes générations"), le Living Theater, la multiplication des écrits dans les bonnes librairies (merci Monsieur Maspéro) et j'arrête là, et allumé la petite mèche qui allait exploser en mai, cette année là, où la météo était clémente.
Dans cette nouvelle rubrique, prévue pour durer jusqu'à l'automne, je voudrais évoquer des trucs, événements, créations etc. qui ont annoncé mai 1968, un mois de mai pas comme les autres, mois d'une saison de raison.
Léo Ferré y a toute sa place.
Je viens de découvrir cette version de "C'est ainsi que les hommes vivent" par Leo Ferré.
Il me semble juste d'initier cette rubrique sur mai par Léo. Même si la référence à Aragon (auteur du poème mis en musique et interprêté par Léo) permet d'introduire une distance ironique avec "les événements".
La version que vous allez écouter par Léo, le Bouffon Tragique, que je ne connaissais pas il y a 1/4 d'heure, m'a terrassé. j''avais publié récemment une interprétation du même titre par Yves Montand, qui chante le texte et les notes d'Aragon et Ferré avec une sorte de sentiment d'urgence et une autorité subjuguante. Il y a des titres qui reviennent sans cesse à nous, comme une sorte de mauvaise conscience. Mais cette version, que je ne sais pas dater, est simplement sublime. Certains, sans doute, pourraient la trouver ridicule. Mais le ridicule et le sublime, hein, c'est comme des frères siamois, et tu me fais pas chier !