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Les petits pavés
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13 mars 2008

Au Pays des merveilles d'Yves Simon : Olympia, 12 mars 2008.

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Raconte-toi (Yves Simon)

Avait-on oublié pourquoi nous nous étions tant aimés, Yves Simon et nous ?

C'était un temps déraisonnable et rebelle. Daniel Cohn-Bendit, photographié par Gilles Caron, fixant avecphn6 insolence un CRS dans la cour de la Sorbonne en 1968, était l'image que nous voulions donner au monde. Un monde dont nous ne voulions plus. Alors que certains journaux se vendaient à 2 millions d'exemplaires. Alors que les salles de cinéma donnaient une place aux films de Miklos Jancso, "Les sans espoirs", "Rouges et blancs". Alors que les livres ne coûtaient presque rien et que les librairies se bousculaient au Quartier Latin, bourrées de rêves et d'intelligence en mouvement. Christian Bourgois venait de créer la collection 10/18 et tout Boris Vian nous tendait ses tentacules.

Alors ce chanteur un peu sage, plutôt moins engagé que Maxime ou François, à la voix fragile et, malgré la barbe réglementaire, au romantisme un peu à contre courant d'une époque qui se rêvait épicurienne... Comment était-on tombé sous le charme et comment avions-nous oublié la briéveté de sa carrière : 1974 - 1977, puis les adieux à la scène. Il n'était pas absent, non, ailleurs, simplement, il écrivait des livres et les vendait, accumulant un joli petit capital de rancoeur et de rancune chez les concurrents.

C'est vrai qu'on l'avait oublié, Yves Simon, qu'il restait en nous la seule lueur pâle d'une nostalgie peu présente. Quand Rumeurs est arrivé dans les bacs l'année dernière. 13 chansons comme la suite d'un album de 1977, comme si une certaine errance dans des contrées électroniques un peu froides à nos espoirs n'avait pas existé. Un disque comme avant, avec juste un petit peu de gravité supplémentaire dans le détail, avec le souvenir d'un titre d'il y a dix ans : Ma jeunesse s'enfuit, qui explique beaucoup de choses. Alors quand, en plus, on apprend que l'"auteur", comme il se plait à se définir, a une date à l'Olympia, on sait qu'il a rendez-vous avec nous. Car le temps est peut-être passé sur nos projets fous devenus souvenirs parfois amers, mais la différence d'âge avec Yves Simon n'a, en rien, changé.

Olympia, 12 mars 2008, vers 21H00.
Les musiciens arrivent. Basile Leroux n'est plus là, mais Serge Peratoner tient toujours les claviers. Suit un petit homme à l'air de vieil ado, tout en noir, léger, élégant. Et, comme si nous avions passé tout ce temps à attendre, l'Olympia s'embrase et c'est une ovation debout qui accueille Yves Simon, de retour chez lui. Après deux heures et demi d'un concert généreux dans tous les sens de ce terme et quelques ovations plus tard, nous avons enfin compris pourquoi nous nous étions tant aimés avec Yves Simon. Balayant toutes ces années d'un accord de guitare, il nous parle de lui et de nous, de nos émotions et de nos solitudes, de nos espoirs déçus, peut-être, de n'être pas devenus nous-même, du Je devenu un autre, du temps qui est la seule réalité.

La recette est la même depuis les Francofolies 2007 : 10 chansons nouvelles, mariées à 10 anciennes (puis quelques autres en rappel) et le dilemme est là pour le néophyte, comment reconnaître ce qui fut écrit il y a plus de trente ans et ce qui fut écrit hier, autant dire aujourd'hui.

Nous ne retournons pas à Yves Simon, l'histoire, simplement, continue là où elle n'avait pas lieu de s'arrêter.

Alors, ce concert ? Un événement, sans aucun doute, un vrai retour j'espère, mais le tout tranquille et sans la moindre grandiloquence. On est pas chez Polnareff et dans la mise en scène bouffie d'une révélation autoproclamée indispensable. On donne dans la simplicité. Quelques mots, puis les chansons tournent à nouveau dans nos têtes, comme avant sur nos électrophones, ballade et balade entremêlées dans le sillage du road-singer. Manhattan offre au groupe une entrée en matière bluesy et décontractée. Ce mec est cool, vraiment cool, il parle beaucoup mais la parole est fluide, portée par une voix ténue mais totalement apaisée. Beaucoup d'humour, quelques traits acerbes adressés, par exemple à la vulgarité se Sarkosy.

Le répertoire est d'une richesse que nous ne soupçonnions plus. La découverte des nouveaux titres (déjà relookés pour la scène) met en valeur la redécouverte de titres un peu oubliés, mais dont l'actualité est déconcertante. Le joueur d'accordéon du métro Rochechouart est simplement un peu plus seul et perdu que jadis. Les héros de Barbes ont perdu de leur superbe poétique. J'ai rêvé NY, dépuoillé de tout effet retrouve sa qualité visionnaire en mettant en scène Lester Young ou Gregory Corso. Et puis toutes ces chansons sur toutes ces solitudes urbaines. Raconte-toi. Un autre désir, chuchoté, me fait trembler ("Y a plein de tendresse et d'amour dans tes bras,/Des caresses que t'inventes et que tu ne donnes pas/On t'a tellement appris à tout garder/Que tu n'sais plus comment faire pour aimer".

Le rituel du rappel, public debout, enfin debout et seul avec sa guitare (pendant tout le concert, il était assis, confortable, comme dans son salon), il reprend les chansons pour lesquelles on était venu : Les gauloises bleues, Rue de la Huchette et après une des plus belle du dernier album, Au pays des merveilles de Juliet (curieusement dédiée à Ingrid Bettancourt, alors qu'elle fut écrite en hommage à Juliet Berto - "sur les vieux écrans de 68, vous étiez chinoise, mangeuse de frites"). Puis on se quitte et ce n'est qu'un au-revoir.

Dehors, le Bd des Capucines est bloqué par les flics de Poniatowsky... euh, non, de Sarkosy.

Yves Simon au 13 h00 de France 2.
Ok, c'est France 2, donc ça va pas loin.
Mais Yves Simon s'exprime et c'est pas mal.
Il chante un peu aussi.

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Commentaires
S
Beau texte. Beau concert. Même si, pour ma part, j'ai eu quelques réserves (sur certaines nouvelles chansons, sur une propension du chanteur à se mettre beaucoup en scène et à "name-dropper" à tout-va...). Mais peu importe. Ses chansons des années 70 étaient tellement belles que ce fut une vraie émotion de les découvrir - enfin - jouées en live...<br /> Si ça vous intéresse, j'ai moi aussi écrit quelques lignes à ce sujet ici :<br /> http://7and7is.over-blog.com/article-17665905.html<br />
M
Je sais pas si c'est banal de dire "j'y étais" mais moi aussi, j'ai eu envie de l'écrire. Et cette soirée était tout sauf banale. Comme un rendez-vous, qu'il ne fallait pas manquer.<br /> Merci pour ton comm.
A
Merci pour ces mots.<br /> J'y étais (c'est banal d'écrire ça, mais tant pis).<br /> <br /> Et aussi la famille Delerme...<br /> <br /> Bien pour la vidéo que je n'avais pas vue.<br /> <br /> A bientôt...
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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