Florent Marchet : le retour à Ivry
Il y a un an, Florent Marchet prenait une claque à Ivry, au Festival de Marne. Frank Monnet, en première partie, "enfant du pays", belle gueule et talent incontestable (collaborations avec, notamment Camille et Emily Loiseau et d'autres, en plus il a du gout l'enflé), lui avait piqué la vedette et le public Florent avait bataillé avec une certaine rage, exhortant ses musiciens à jouer toujours plus fort, érigeant son rock en arme de guerre Deux trois vannes au tranchant aussi aiguisé que ses chansons avaient fini de ruiner sa soirée face à un public manifestement hostile
A l'époque, FM n'avait sorti qu'un premier disque, Gargilesse (...on est tous pareils...) et ajoutait à son répertoire des chansons (restées) inédites, dont une bizarre, où le personnage féminin finissait en morceaux dans un sac poubelle. Il n'hésitait pas, non plus, à marier rock et littérature. Je lui dois ma première émotion avec Laura Kasischke, grace à un extrait totalement habité de Suspicious river, par le Joli Florent.
Aujourd'hui, Florent Marchet est revenu régler ses comptes à Ivry City, dans une ambiance western, celle de son dernier (et magnifique) disque Rio Baril. Et à aucun moment il n'a montré la moindre animosité contre un public (mais était-ce le même ?) qui l'avait méchamment méprisé l'an dernier.
Concert inspiré. Le rock est toujours aussi hargneux, ce qui surprend chez ce provincial à visage d'ange et aux chemises parfois ridicules. Ce soir, il avait troqué ses chemises à carreaux de faux bucheron (ou d'imitation de Neil Young ?) pour une simple chemise blanche, un peu cintrée, sur un jean de bon aloi.
C'est peu dire que ce concert fut magnifique. Florent fait vivre Rio Baril, son personnage d'enfant troublé, puis d'adulte déformaté qui déjante. Une certaine méchanceté lasse s'en dégage et nous renvoie à notre propre médiocrité.
Je l'ai déjà écrit ici, Florent Marchet est ce qui pouvait arriver de mieux à la chanson française, côté masculin (à l'égal de Camille, côté féminin). Ce concert ébouriffant, musicalement hard et par ailleurs nimbé d'émotion, le confirme. Même si l'adoption de L'Instrument à la mode (le ukulélé) m'agace un peu.
Attention, bientôt La Cigale (début décembre, je crois). Enfin un espace physique et sonore à la dimension de son talent.
Puisque les photos que j'ai tentées sont ratées, voici, en direct de YouTube, la chanson qui a clos le concert.
C'est vrai qu'il a une drôle de coiffure sur cette vidéo... Reste qu'il ne me semble pas plus ridicule, se confrontant à Brel que Cali interprétant Ferré. Bye.