Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les petits pavés
Les petits pavés
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 244 845
21 octobre 2007

Bob Dylan - Like a rolling stone ' take 2

"Je suis intimement persuadé que Foucault, Elvis, Deleuze, Dylan ou Godard ont plus profondément transformé le monde ces cinquante dernières années que le PCF, LO et la LCR réunis."
Serge Kaganski, sur son blog le 13 octobre.

Il y a une actualité Dylan.DSCN1545
C'est sûr, mais depuis quand ou depuis quoi ?
On clique là et on lit la suite, si on veut.

Au milieu des années soixante, Bob Dylan a donné un sens à nos révoltes adolescentes. Ce n'était pas forcément le sens qui nous apparaissait : l'anticapitalisme, le pacifisme, l'envie de partage qui nous faisait bouger et bouger loin et fort. Contre la guerre du Vietnam, contre la société de consommation, pour une utopie que nous ne nommions pas encore socialisme, nous étions trop jeunes. Nous étions trop purs. Ces choses allaient venir, avec la nécessité d'une analyse critique des situations concrètes. Et nous allions nous déchirer. Mais.

Quand nous avons entendu Dylan, nous avons compris quelque chose. D'abord ce n'était pas un chanteur, enfin pas qu'un chanteur de plus qui faisait la queue impatiemment pour pénétrer le Top 40, non, c'était autre chose. C'était la révélation d'une communauté folk qui parlait du monde, loin de nos gigues, bourrées et valses musette, qui parlait du réel.

Honnêtement, nous n'avions pas su entreprendre la démarche vers Dylan directement. C'était trop improbable, trop difficile pour nos petites têtes de rockers, alors nous sommes passés par des chemins détournés : Peter, Paul and Mary, The Byrds, Joan Baez... Et nous avons appris qu'une chanson "c'est peut-être pas la révolution, mais dire les choses c'est déjà mieux que rien, et si chacun f'sait la sienne dans son coin..." (Merci FB de nous avoir dit tout ça plus tard). La détonation, le séisme dans nos têtes, c'était pour 1965, après l'été ou à la fin de l'été. Like a rolling stone. Là, on pouvait enfin allert à la source et nommer nos révoltes, nos peurs, nos désirs. Rien n'a vraiment changé depuis. How does it feel ? est toujours la question.

free music

Une curiosité : Bob Dylan avec Johnny Cash,
probablement en 1969

free music

Plus solide, Idiot Wind,
Rolling Thunder Revue, 1975



Il y a une actualité Dylan, disais-je. C'est un simple constat. On ne compte plus les livres, biographies, analyses, souvenirs qui lui ont été consacrés ces dernières années.

J'en sélectionne 5, mais la liste des nouveautés relatives pourrait être beaucoup plus longue.

Rolling_ThunderD'abord le Shepard, en raison de la personnalité et la notoriété de son auteur qui s'est intéressé, en mots et photos à la fameuse Rolling Thunder Review qui marquait la remise en orbite du Zimm après un silence de plusieurs années (depuis, en fait, la tournée "Like a rolling stone" qui s'était achevée en 1966 en Angleterre, après une halte très remarquée à l'Olympia de Paris, la coterie snobinarde des premiers rangs scandant le nom de Hugues Auffray (sic, c'est vrai, j'y étais, pas vers le premier rang car je n'avais pas pu réunir les 65 F qui donnaient accès aux bonnes places), pendant que BD accordait et désaccordait sa guitare entre chaque titre... La tournée ne s'est, depuis, à peu près jamais arrêtée, d'où le nom de Never ending tour donné à cette errance continue d'une ville à l'autre, d'un pays, d'un continent à l'autre.
Rolling Thunder, sur la route avec Bob Dylan - Sam Shephard Naïve, 2005)


Ensuite, ce bric à brac de bric et de broc composé d'objets divers et étonnants, affiches, photos, places de concert, interviews, manuscrits etc. Magnifique objet pour un inconditionnel.
Scrapbook56_66_

"Scrapbook" L'album Bob Dylan 1955-1966 (publié en 2005)






F_Bon_

"...j'ai lu en effet l'excellente bio de Dylan par Bon, j'ai même écrit deux pages dessus dans Les Inrocks papier de cette semaine. Et c'est vrai que les livres et films sur Dylan se croisent en de multiples carrefours féconds, du moins pour qui s'intéresse au Zim." Serge Kaganski sur son blog déjà cité plus haut, post du 28 septembre.
Moi j'ai pas lu, mais je fais confiance. François Bon est un type bien.
Lien vers son site littéraire "le tiers livre" (pages "Dossier Bob Dylan" où il se pose notamment une question devenue essentielle pour nous : comment traduire Bob Dylan ? Voir extrait en fin de post).

Bob Dylan, une biographie - François Bon Albin Michel (2007)

Consulter la suite du dossier Dylan sur le site de François Bon


51CwF2Iy0gLLe dernier livre que j'ai lu sur Dylan est celui de Greil Marcus, historien de la culture et en particulier de la culture populaire. Par ailleurs, son angl'attaque est passionnant : pas une bio, pas une analyse, pas une vision : une chanson. Non, pas une, LA chanson : Like a rolling stone. La chanson centrale, matrice, celle qui contient toutes les autres, celle qui parle à chacun, à chacune de lui, d'elle, la chanson qui ne révolutionne pas le monde, mais qui trace des lignes. Dans un style métaphorique qui rappelle étrangement celui de Dylan, Marcus nous révèle une vérité qui était en nous : Like a rolling stone ne nous a pas changé, elle nous change à chaque fois que nous l'écoutons, car chaque fois est la première fois.
Ce livre est indispensable aux dylanophiles. Et il ose poser la question qui tue, après publication des "minutes" de l'enregistrement de L A R S, la transcription de ce qui a été dit ét joué ces jours là : Like a rolling stone, qui échappait constamment à l'auteur, au chanteur, aux musiciens, n'aurait pas dû être gravé sur l'extraordinaire Highway 61 revisited. Elle aurait dû rester une chanson mort-née, c'était son destin réel. Et quid de nous dans ce cas ?

Like a rolling stone, Bob Dylan à la croisée des chemins - Greil Marcus Galaade éditions (2005) pour la sortie française, disponible collection Points


9782213623405Enfin, et si c'était Dylan qui s'était mis, remis dans l'actualité par la beauté entêtante de son propre livre : Chroniques, Vol. 1. Livre inattendu, confession retenue, biographie sélective, Chroniques Vol. 1 a le mérite de dévoiler peu de chose du mystère Dylan. Car avouons-le, le mythe nous est plus cher que la réalité du rocker rimbaldien. Ensuite, après des livres "difficiles à lire", tel Tarentula, Chroniques, non seulement, se lit comme on boit un verre d'eau, mais surtout il révèle un écrivain. Nous savions Dylan écrivain de textes courts. Avec cette prétendue biographie, il se lance dans le roman d'une vie (de vies multiples) en écrivain maitrisant son art. Plus encore, Dylan par Dylan nous est sympathique, ce qui ne laisse de surprendre chez celui qui semblait s'être perdu dans ses avatars.

A quand Vol. 2 et Vol. 3 ? Vol. 1 pourrait-il être une pirouette lunaire de plus du clown surréaliste qui s'est toujours caché derrière ses mots et ses harmonies ? Non j'espère, la suite se promettant d'être passionnante.


Les livres sont une entrée vers ce musicien poète clown acteur et metteur en scène de sa propre légende.
Si Dylan est dans l'actualité, c'est aussi grâce au cinéma. Là je retiens 3 films (+ one, peut_être).
0828768321393Don't look back de D.A. Pennebaker est LE film rock par excellence. 1966, l'Angleterre, les taxis, les concerts;, Dylan avec Joan Baez, Donovan, Allen Ginsberg ... Le fameux clip de Subterreenean homesick blues. Disponible en DVD de luxe.







3333973138331Martin Scorcese, qui nous a livré une suite passionnante sur le blues, s'est intéressé à Dylan, chanteur populaire, architecte fécond de la fusion du blues noir, du folk blanc et du rock multicolore. No direction home (un vers de Like a rolling stone) interviewe le Dylan d'aujourd'hui sur celui d'hier et c'est passionnant. Le Zimm se livre. Et le support cinéma permet de visualiser, non seulement le Dylan des origines, mais aussi les origines de Dylan.
L'ensemble est passionnant et se prolonge pendant trois heures. Les extraits de concert, dont certains ne nous semblaient pas avoir été filmés, sont non seulement passionnants, mais aussi émouvants.
Émulsionnants, comme la pellicule d'un film.
Evidemment disponible en DVD, pour ceux qui aiment chercher.


Im_not_thereDylan est dans l'actualité. Ou est-ce autre chose ?
Todd Haynes, un des cinéastes américains qui comptent (Far from heven) a consacré un film à Dylan avec, comme on le sait déjà, même si le film n'est pas sorti en France, 6 acteurs (dont une actrice, Cate Blanchett, ce qui me semble une très bonne idée -- Dylan, une femme ? Pas mal).
Ce film reste à voir, mais le point de vue est intéressant : un Dylan insaisissable, qui échappe à nos critères et vole vers d'autres humanités.












En bonus, un extrait du "dossier Dylan" sur le site de François Bon. Bluffant.

Et si Dylan était impossible à traduire parce que le texte même naissait pour la chanson : associations libres du sens, mais forgées sur une hallucination en écho amont du monde, même pas besoin d’images, mais comme l’écran où on pourrait les tendre. L’obligation de parler vite, l’obligation d’être obsessif, l’obligation d’éclats tranchants : dans la version chantée par Dylan, le heurt des mots à vitesse plus grande que la guitare, et l’appui sur le dernier mot de la strophe. Donc je ne traduis pas, et même : se refuser à comprendre, ne pas obéir. Il y a juste des repères à investir, et conditionner la langue à être là dans cet endroit où on pourrait la hurler pareil. Au bout de mes mots ici, je peux non pas chanter mais dire Dylan. Les mots anglais sont brefs, avec forte proportion de monosyllabes : mais si je l’investis avec mes pattes de prose, j’ai le droit de mettre deux mots français longs à dire vite en compressant, pour retrouver la percussion anglaise. Et moi, si quarante ans après, j’y passe un dimanche, dans les mots impossibles, qu’est-ce que je peux y gagner, qu’est-ce que je vais forcément manquer ? Si Dylan est grand c’est qu’ainsi à quarante ans de distance un e voix, un rythme et trois rimes peuvent vous obséder, aller jusqu’à vous pousser, sinon dans le vide où on bascule, dans une étrange frange où on dirait que c’est le bord du monde qu’on a déplacé. Et il a assez d’arrogance, de méchanceté même, à cette époque précise, pour vous lancer là, où plus de recours. Et si nous voulons le ramener à notre langue, de quel écart devons-nous partir, sinon pour le prononcer, juste pour le rejoindre ?

la nuit en plein midi
des ombres sur l’argent mon couvert d’argent
la lame forgée main, mon ballon de gosse
et l’éclipse sur le soleil et la lune
pour comprendre mais trop tôt
essayer à quoi bon si toi tu le sais
ECLIPSE

ça va maman ça va c’est juste
juste que je suis blessé
blessé ça saigne un peu tu vois

menaces en pleine poitrine, et le mépris pour bluff
tes remarques suicides ils s’en torchent
comme l’idiot sa bouche en or
les cuivres et fanfares des mots pour rien
pour juste prévenir avertir
que celui qui n’est plus occupé à naître
déjà s’occupe de mourir
MOURIR

tentations partout de l’autre côté de ma porte
tu acceptes, te voilà poussé dans leurs guerres
regarde comme gronde à torrents la pitié
même gémir, gémir n’est plus rien maintenant
tu t’aperçois
tu n’est plus que cela
juste un de plus, un de plus à pleurer
PLEURER

alors pas peur si tu entends pas peur
ma voix à ton oreille étrangère
ça va maman, ça va bien
je soupire, juste je soupire un peu tu vois

quand on vous dit ici victoire, ici défaite
les raisons perso les grandes les petites
on les voit dans les yeux de ceux qui voudraient
qu’on fasse ramper ceux qu’on devrait tuer
mais ceux, ceux qui vous disent qu’on ne doit rien haïr
que la haine
LA HAINE

les mots de la désillusion aboient comme des balles
les dieux que se donnent les hommes tirent à cible
ils ont tout essayé, des fusils d’enfants qui font le bruit des vrais
et les sainte vierge fluo qui clignotent dans la nuit
y a vraiment pas besoin d’aller regarder loin
pour savoir qu’il n’y a plus rien
de sacré
VRAIMENT SACRÉ

ce sont les prêcheurs des destins restreints
ce sont les professeurs de la connaissance seulement demain
rien n’apprendre que ce qui pèse en bonnes plaques fric
s’il y a eu la bonté elle est encagée
mais ils devraient le savoir les présidents les puissants
que même eux parfois
parfois sont à poil
A POIL

entre nous c’est comme le code de la route ça devrait être écrit
c’est juste un jeu, et ceux que plutôt on devrait fuir
ça va, maman, ça va bien : j’y arriverai

leur pub à te rendre con ils te trompent
ils voudraient que tu crois que c’est toi le roi
qui fera ce qui jamais ne fut fait
qui gagnera ce qui jamais ne fut gagné
pendant ce temps-là tout continue comme avant
regarde autour de toi
REGARDE

tu te perds, tu te retrouves
avant de le savoir que rien pour avoir peur
t’es là tout seul, plus personne qui vient près
alors tu l’entends, la voix un peu loin, la voix pas claire
quelque chose grince dans tes oreilles assourdies
quelqu’un là-bas croit
qu’enfin il te trouve
TE TROUVE

ça s’allume dans tes nerfs c’est une question
pourtant tu sais bien : pas de réponse jamais pas de satisfaction
rien qui assure qu’on ne laissera pas tout tomber
que tu te souviendras, que tu n’oublieras pas
que ce n’est pas à elle ni à eux ni à rien
que tu appartiens
APPARTIENS

et que les puissants fassent leurs lois
pour les sages comme pour les fous
y a pas de quoi, maman, avoir le cœur à la fête

pour ceux qui croient encore devoir obéir
à une autorité pour laquelle il n’y a plus respect
qu’ils méprisent leur boulot, méprisent leur destinée
c’est facile d’être jaloux de ceux qui plus loin sont libres
parce qu’ils font pousser des fleurs histoire
histoire de croire
qu’on est ici quelque chose
QUELQUE CHOSE

et vous avec les principes de votre bulletin de baptême
avec vos distributions des prix vos estrades
vos assoces vos réunions rien que des masques
et dès qu’ils sortent ils se moquent dans leur dos
rien qui en sort, juste la dernière idole
et que votre bon dieu la bénisse
LA BENISSE

alors oui celui qui chante sa langue elle en brûle
à gargouiller dans leurs chorales de rats
aux coups tordus aux corps informes des tordeurs du monde
moi je m’en fous de grimper tout ça d’un cran
je préférerais bien le droit de rester dans mon trou
là d’où je viens
MON TROU

je ne leur souhaite pourtant pas de mal ni reproche
à ceux qui se sont bâti leurs beaux caveaux
ça va, maman, ça ira même si je ne leur plais pas

les concierges les vieilles regardent les jeunes couples
sexe en berne sexe limite elles oseraient
te balancer leur morale de merde, l’insulte et comme elles biglent
l’argent ne parle pas, mais veut qu’on se prosterne
c’est obscène, mais tout le monde s’en fout
propagande, c’est bidon
BIDON

et ceux qui défendent ce qu’ils ne peuvent même pas voir
avec un orgueil de tueur parlent d’insécurité
ça me fiche en l’air, froid dans le dos
tous ceux qui croient qu’être honnête à mort
les protègera de la mort de travers
la vie quelquefois
la vie c’est bien solitaire
SOLITAIRE

moi dans mes yeux je les vois les cimetières bourrés
de dieux faux je la racle
cette mesquinerie qui joue au dur
ils m’ont mis des menottes je fais marche arrière
ils fichent un coup dans les jambes me fichent par terre
bon ça va, ça suffit je leur dis
qu’est-ce que vous avez d’autre à m’offrir
M’OFFRIR

et si mes vrais rêves se voyaient
dans le couloir de la mort ils me mettraient
mon cou sous la lame, maman, c’est ça vivre
rien que vivre un peu tu vois

Publicité
Commentaires
M
aussi cette bonne nouvelle de bob le concert peu-etre a http://sylphes.miniville.fr/
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité