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Les petits pavés
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13 octobre 2008

Joan Baez, the return ; Guillaume Depardieu, the end, beautiful friend

J'ai très envie de revenir à ce blog. De lui parler à nouveau et de vous laisser tendre une oreille, si ça vous tente. Et puis vous avez été plusieurs, Claude de Belgique, Phil de Limoges entre autres, à associer mon éloignement de l'écriture à un mal être. J'ai très envie de revenir parmi ceux qui parlent, même s'il faut pour ça "avoir quelque chose à dire". Je n'ai pas envie de parler de la crise financière. Plutôt de cette dame, alors qu'on l'apprenait à peine par les radios, elle buvait sa bière au comptoir et elle parlait bas, contrairement aux buveurs de bière habituels qui ont le verbe haut. Elle disait, d'un ton de confidence un peu gêné, comme si elle allait proférer une bétise, un truc qu'on dit pas, un truc pas normal, qui brise la flêche du temps bien avant la cible, un truc pas vrai ou qui fait pas vrai, comme quand la radio a dit Bertrand Cantat a tué Marie Trintignant. Elle a dit : Il paraît que Guillaume Depardieu s'est tué. Tout de suite on pense à un suicide, à un dernier geste de provocation, comme Pialat aurait pu dire, au lieu de Je vous aime pas, il aurait pu dire Vous ne me méritez pas.

Je sais pas si on méritait Guillaume Depardieu. Je sais qu'il donnait sens à l'image la plus merdique du film le plus merdique dans lequel il s'est vautré. Et il y eut aussi les bons films, de Léos Carax, par exemple.

Guillaume Depardieu, comme Jean-Pierre Léaud, James Dean, Patrick Dewaere ou Christine Pascal : tellement mal en leur temps qu'ils ont fait passer le message : attention, le temps est assassin.

Dans le taxi qui me menait vers le Palais des Congrès, il y a eu les précisions d'usage. Surtout, on a interviewé Josée Dayan, toujours prête pour prendre la pose (c'est con, c'était la radio, y avait pas de caméra, pauvre Josée) et de raconter qu'elle avait fait tourner Guillaume dans Les rois maudits, pour bien le ramener du côté des ploucs, des sans grade du cinoche, ceux qui doivent bosser chez Dayan pour bouffer.

Aff_De_la_guerre

Tous les medias vont vous dire que GD est génial dans Versailles. Alors, si vous voulez lui rendre hommage et montrer que vous aimez le cinéma, allez voir De la guerre, de BB (Bertrand Bonello), cinéaste qui n'a pas peur de sauter dans le vide à chaque film.

Un peu comme Guillaume D. Même si c'était pas à chaque film.

Le taxi nous conduisait au Palais des Congrès pour le concert de Joan Baez. Le Palais des Congrès est un monument à la mocheté libérale, à l'esthétique stalinienne. Je me sentais donc parfaitement à l'aise.

Organisation de merde, la queue à n'en plus finir, avec les vieux babas qui trichent pour passer devant, on verrait pas ça à la Cigale ou au Café de la Danse.

Vous trouvez pas que le moment émouvant du concert, c'est quand l'artiste-icône entre en scène. J'ai rien vu à cause qu'on arrêtait pas de changer de place à cause des connards arrivés en retard ou des connards de devant, qui eux-même changeaient de place.

Le choc premier de ce concert est la totale absence d'émotion en voyant la diva.

J'en ai vu des vieilles chanteuses - et en sortant du concert, j'ai surpris l'affiche pour Georges Chelon à l'Olympia et je savais qu'Yves Duteil va faire le Dejazet -- on  appelait ça le TLP Dejazet, le Théâtre Libertaire Parisien, l'endroit où Léo Ferré a fait ses derniers concerts... après Hervé Vilard poussant la vieille chansonnette pour Ségolène, on prie pour que Mike Brant reste où il est, bref,it's a bad bad thing --. J'ai vu Marianne Faithfull, j'ai vu Juliette Gréco. Et j'ai compris pourquoi, sans cesse et sans fatigue apparente elles revenaient, parce qu'elles avaient épousé leur temps. Joan non. Joan chante comme il y a 40 ans ce qu'elle chantait il y a 40 ans et donne l'impression, là où Marianne F. ou Juliette G. cherchent encore, que Joan B. a trouvé, qu'elle a toujours trouvé, qu'elle n'a jamais rien eu à chercher. Elle est hors du temps, hors de notre temps, elle est inamovible, comme si son chant s'élevait toujours vers le Pasteur King, comme en 1963 lors de la Marche sur Washington.

Nostalgie...

joan_baez_bob_dylan

La nostalgie ne fait pas le talent. Joan a certes de beaux restes, mais on reste sans voix -- elle, non... -- quand les 7 mn de God is on our side en paraissent 15. On s'ennuie en entendant ses trois pauvres musiciens, qui n'ont sans doute pas eu le temps de répéter, se serrer chaleureusement en une botte de radis roses à notes blanches, au milieu de cette ridiculeusement immense scène du Palais.

Je passe les détails.

Et j'en viens à ce qui fut le meilleur et justifia pleinement les 78,50 € payés par place. Le fait de démarrer sur Lili of the west, même si c'était raté. Le moment de totale immersion que fut, Joan seule voix et guitare--enfin-- cette interprétation de Love is a 4 letters words de Dylan, song dont l'accroche est bizarrement celle de It's all over now baby blue. Cette chanson sur Joe Hill, ce syndicaliste pendu par la démocratie US, qu'elle dédie à Barak Obama. Là, on envisage la possibilité d'un concert. Entendre Sweet low, sweet chariot monter a cappella... ces notes qui parfois laissent songeur(émotion réelle ou exercice de style imposé ?) ne se brisent-elles pas au contact du trop haut plafond de la trop grande salle, sans atteindre le ciel ?

Plus tard, plusieurs rappels après, la Joan nous plonge dans une terrible perplexité : et si ce concert était ce que nous attendions depuis 40 ans et si ce n'était pas Joan qui bégayait un passé glorieux, si c'était juste notre désir qui avait vieilli...

Elle enchaine, sans musiciens, sans guitare Le déserteur (qui nous venge du massacre Kaboul NY made in Renaud), puis Dona Dona Do-o-na etc. Il manquera juste Blowin' in the wind pour que le concert prenne place pleinement, à la dernière note. Elle nous évite, avec gentillesse, un We shall overcome, nous qui avons pour victoires collectives les soupirs d'aise, de fin de repas, du couple Sarkozy. Elle termine sur son tube ("Here's to you Nicolas and Bart, Rest forever here in our hearts, The last and final moment is yours, That agony is your triumph !".

Et là, on redevient pour quelques instants l'adolescent qui a rêvé Joan Baez. Nostalgique.

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Commentaires
P
Bien que je sois infiniment plus jeune que toi , Baez et ses chansons ont bercé ma jeunesse ( grand frères étant fans de..).J'aurais bien aimé aussi entendre " here's to you , Nicolas..".<br /> Mais ton message retranscrit une certaine nostalgie , et j'espere qu'elle n'est liée qu'a ce qui ressemble a un concert en demi teinte..
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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