Libération : la Une considérée comme un des beaux arts.

Je me suis abonné à la version électronique de Libération ce qui, en autres gâteries, me donne accès à 11.000 Unes, dont certaines historiques, drôles, tendres, tragiques, revanchardes ou nostalgiques. Pas mal de nécros, bien sûr, les vies s'écoulent comme d'un sablier.

Comme je ne suis pas égoïste, en voici quelques unes, prélevées au hasard de mes humeurs dans la collection (autant le site semble être exhaustif pour les dernières années, autant la numérisation des années glorieuses - les premières - comporte des trous, comme si les rongeurs avaient fait leur œuvre dans les caves de la rue Béranger, ce qui est dommage, mais compréhensible).
Petit voyage dans le temps, à la Une du quotidien énervant mais indispensable, en remontant de 1996 à 1973.

24 août 1996

23 août 1996, 7h30. Entre 1000 et 1500 policiers défoncent les portes de l'Eglise Saint-Bernard à coups de hache et évacuent les trois cents Africains qui s'y étaient réfugiés, ainsi que les nombreuses personnes qui se trouvaient avec eux. Les Africains s'étaient donné comme mot d'ordre de ne pas résister, faisant preuve d'une « dignité » que Jean-Louis Debré (ministre de l'intérieur de Balladur) a lui-même soulignée. Les Africains ont été emmenés au centre de rétention de Vincennes.
18h. Manifestation de protestation de République à Nation rassemblant entre 10.000 et 20.000 personnes.
Au-delà de Nation, plusieurs milliers de manifestants ont continué en direction du centre de rétention de Vincennes aux cris de « libérons les sans-papiers ! », formant une étrange colonne qui a marché pendant cinq kilomètres à travers le bois. Une fois devant le centre de rétention, affrontement avec les forces de l'ordre déployées en grand nombre. Entre minuit et 1h du matin, il restait encore 500 manifestants dans le bois aux prises avec les CRS.
C'est fou ce que la France a changé...

4 mars 1991

"Si j'ai de quoi, affirmatif, et quoi d'autre, no comment
Si je baise, affirmatif, quoi des noms, no comment
Des salopes, affirmatif, des actrices, no comment,
Des gamines affirmatif, de quel âge, ouh ouh ouh..."

No comment, RIP.

12 février 1990

25 novembre 1989

1er février 1988

10 mars 1986
2 septembre 1983

17 septembre 1981

A ceux qui affirment que l'expérience de la gauche au pouvoir n'a servi à rien,
je réponds toujours qu'elle a permis à la France d'entrer dans la civilisation.

29 juillet 1981
"Si j'ai de quoi, affirmatif, et quoi d'autre, no comment
Si je baise, affirmatif, quoi des noms, no comment
Des salopes, affirmatif, des actrices, no comment" etc.
Des gamines affirmatif, de quel âge, ouh ouh ouh

17 avril 1980

1er novembre 1978

7 novembre 1977
Les plus jeunes ont-ils saisi la subtilité ?

1er mars 1977
Ce jour-là, j'ai vraiment adoré Libé.
Amaury était un "magnat" de la presse, comme on disait à l'époque.
Il est mort bêtement en faisant du cheval en forêt
(il s'est pris une branche dans la tronche, ce con...)

16 novembre 1976
Vraiment la Une comme un des beaux arts...

29 juillet 1976
No comment...

27 octobre 1975
La branche pourrie de l'Europe était mourante.
Cette saloperie avait fait exécuter (garroter) 5 opposants
juste un mois avant de crever.

27 septembre 1975
Je me demande si les plus jeunes ont conscience
de la valeur de mots comme "fascisme", "totalitarisme"
d'un mot d'ordre comme "Viva la muerte !"...


30 novembre 1974

8 juin 1974

20 mai 1974
"Giscard à la barre"

18 septembre 1973
Le coup d'État inspiré et financé par les USA
avait eu lieu le 11 septembre 1973...
Chaque 11 septembre, j'y pense

Les tout premiers numéros de Libé ne figurent pas dans la collection. Ont-ils disparu des archives ? Je me souviens qu'avant le n° 1 avait été imprimé un n° 0, non disponible en kiosque, mais distribué à l'occasion d'une manif. Je ne l'ai plus. Qu'ai-je fait de mes Libés ? Qu'ai-je fait de mes souvenirs ? Qu'ai-je fait ?