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Les petits pavés
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27 octobre 2008

La frontière de l'aube

La Frontière de l'aube
film français de Philippe Garrel (2008)
acteurs principaux : Laura Smet, Louis Garrel, Clémentine Poidatz
scénario : Marc Chodolenko, Arlette Langman et Philippe Garrel
directeur photo : Willy Lubtchansky
musique : Jean-Claude Vannier et Didier Lockwood

Il s'est trouvé au Festival de Cannes des professionnels de la professions (invités) pour siffler et huer ce film. Lorsque dans un stade, des spectateurs qui avaient payé leur place ont sifflé une chanson sanglante et guerrière, on en a fait une affaire d'Etat. N'en faisons ici qu'une affaire de cinéma.

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Comment dire un film qu'on a aimé...  sans en parler ? Montrer ses sentiments par les phrases des autres ? Montrer les images en couleurs et dans un noir et blanc de rupture, frontière entre nuit et jour, frontière de l'Aube ? Michel

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"La barre était très haute après Les Amants réguliers (sur mai 68). Mais une fois encore, Garrel sait restituer cet état de « sauvage innocence » qui interdit à ses personnages de transiger avec leurs sentiments. Il nous rappelle que le cinéma n’est pas un anxiolytique light, mais au contraire le lieu de tous les extrêmes, aussi incompatibles soient-ils avec la vie courante" (Louis Guichard, Télérama).

"D'emblée, il y a quelque chose de condamné après le coup de foudre. Une différence entre l'homme et la femme, chez lui le déclic d'un regard, chez elle l'instinct du corps, chez lui la terreur que quelque chose vienne altérer l'harmonie et chez elle le désir d'enfant. On se demande : "Est-ce que tu m'aimeras toujours ?", mais on admet que masculin et féminin sont des amants désaccordés, et on se met à rêver que la rupture soit aussi belle que la rencontre" (Jean-Luc Douin, Le Monde).

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"On a beaucoup entendu à Cannes (...) que le film était passéiste, qu'il vivait dans un rêve d'antan, dans une posture aussi morbide qu'anachronique. C'est ne rien comprendre au film, ne pas voir que depuis son autisme, Garrel questionne le réel (...) derrière la tristesse du film, sa profonde neurasthénie, sommeille une rage à la fois naïve et lucide qui voudrait réveiller le spectateur" (Jean-Sébastien Chauvin, Chronic'Art.comChronic'Art.com).

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"L'on peut bien penser que c'est pour dire que le cinéma, mise en scène des ombres, est d'abord l'art de donner la vie aux fantômes, que Garrel a fait ce film" (Emile Breton, l'Humanité).

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"Garrel investit ici un paradoxe profond : tenant de l'événement lumineux, du visage-paysage, de la durée débridée, il est aussi un grand imagier" (Hervé Aubron, Les cahiers du cinéma).

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"Quand on voit pour la première fois La Frontière de l’aube, le nouveau film de Philippe Garrel depuis le somptueux et religieux Les Amants réguliers (2004), on ne peut s’empêcher de penser que les grands cinéastes font revivre par d’autres leur propre passé pour en devenir enfin le spectateur et le critique, pour essayer de trouver une fin, un sens à ce qui dans la vie en a rarement. Que leurs films soient autobiographiques ou non (Laura Smet = Nico ?) n’est pas le vrai sujet. Il est que les situations montrées dans La Frontière de l’aube correspondent en tout état de cause à notre imaginaire garrellien : l’art, la mort, l’amour, le désespoir, les drogues, la trahison.

(...)

Comme si c’était la première fois : c’est bien ainsi qu’il faut regarder cette histoire éternelle où Orphée et Eurydice côtoient les personnages de L’Aurore de Murnau, ceux de Peter Ibbetson d’Henry Hathaway, où les fantasmes et les fantômes ne font qu’un, où la mort est attirante, où l’amour survit par-delà l’oubli. “Pour la première fois” : c’est ainsi qu’il fallait peut-être aussi interpréter les quelques quolibets et sifflets qui accueillirent à notre grande surprise La Frontière de l’aube lors de sa présentation en compétition officielle à Cannes en mai dernier. Comme l’aveu de surprise de “spectateurs professionnels” qui n’auraient jamais vu un film de Garrel de leur vie et qui refuseraient de se rendre à sa simplicité et à sa jeunesse incandescente, de traverser le pont et d’aller à la rencontre de ses fantasmes.

C’est que, peut-être encore, pour passer la frontière de l’aube, il faut connaître et aimer les films muets, aimer les films de Cocteau, de Dreyer, de Godard, aimer le cinéma tout court. Et puis, surtout, il ne faut pas vivre avec le cadavre de sa jeunesse dissimulé dans un placard, comme un mauvais souvenir qu’on refuserait de vouloir achever" (Jean-Baptiste Morain, Les inrockuptibles).

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"Il y a une réplique que j'aime beaucoup dans laquelle je dis "qui éclate comme une bulle dans l'air". Eh bien, c'est exactement cela que j'ai l'impression d'être aujourd'hui, une bulle dans l'air, prête à éclater" (Laura Smet, Conférence de presse, Cannes 2008).

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La poésie sombre de ce film revenant est posée en équilibre fragile sur la musique de Jean-Claude Vannier, musique d'entre nuit et soleil pâle, interprétée par l'auteur au piano et Didier Lockwood au violon. Louis Garrel confirme qu'il est devenu le jeune anti-héros romantique indispensable au cinéma français d'aujourd'hui, comme Jean-Pierre Léaud le fut naguère. Il manie le rolleiflex comme un objet déconcertant du passé défiant la modernité du film, objet de passage comme Le lys dans la vallée,  conduisant Antoine Doinel de la chambrée militaire aux bras de Madame Tabard. Quant à Laura Smet, elle existe avec une présence physique et métaphysique qui fait douter des lois de la paternité. Michel.

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Commentaires
T
Oui bien-sûr je suis d'accord avec toi. Ce n'est pas quelques détails qui pertubent un film. J'en suis juste étonnée. Surtout que certains ont l'oeil averti quand ils regardent un film. Par rapport à la crédibilité des acteurs, elle est importante dans un film. Ici les acteurs, je les ai trouvé crédible à partir du déchirement. Le plus marquant c'est l'histoire mais j'avoue plutôt préfèrer voir des histoires sombres avec des notes positives et j'aurais préféré ne pas voir les personnages en plein acte de suicide. Peut-être que je n'ai pas envie d'en savoir plus sur cet état de suicide dans lequel on peut plonger pour protéger mon être tout simplement... En tout cas ce n'est pas un film que je conseillerai à quelqu'un surtout fragile, et sensible..
M
Je n'avais pas vu cette perche perdue. Au cinéma je ne regarde pas les images et un film sans défaut serait ennuyeux comme du (là, vous ajoutez le nom du cinéaste qui vous ennuie). Comme disait Mozart, "on ne peut passer toute la journée à écouter ma musique". Moi, je n'ai vu qu'un vrai défaut dans le film et c'est la répétition assez morne des scènes de miroir. Plutôt Judex qu'Orphée.<br /> J'aime beaucoup votre commentaire qui parle plutôt du coeur, le muscle qui permet de sentir le cinéma, que du cerveau, qui brouille la vue avec les souvenirs conservés d'images antérieures (des cicatrices intérieures ?).<br /> Si je puis me permettre un conseil, foutez-vous de la crédibilité, contentez-vous du plaisir que vous procure un film. Ou encore, faites le contraire. Ce qui compte, après tout, c'est, chacun avec notre regard, notre sensibilité et notre résidu d'intelligence,de continuer à faire vivre le cinéma en voyant les films, même ceux qui ne sont pas distribués sur 900 écrans.
T
bonjour j'ai vu "la frontière de l'aube" dimanche dernier et pour tout vous avouer, j'ai encore aujourd'hui beaucoup de mal à m'en remettre ! Ce qui était interessant c'est qu'il y avait à la fin du film un débat avec émile (désolée je me souviens plus du nom de famille), un critique du cinéma. Au départ j'ai été très interpellée par quelques imperfections du film. Je sais pas si vous l'avez remarqué par exemple : au début du film dans une séquence en extérieur avec laura smet dans un grand manteau on voit le micro en perche en haut à droite de l'écran, et j'avais trouvé quelques passages où le texte est presque "lu" au lieu d'être "dit". La scène où les invités se parlent chacun en aparté paraissait très peu crédible, elle ne faisait pas vraiment vrai. Manque de répétitions ou de moyens ? Mystère et boule de gomme.<br /> Mais au delà de ces petits détails, le film est poignant, un véritable poignard dans le coeur ! pour ne pas dire "noir c'est noir". Mais tout cela c'est voulu sûrement, on était dans le souffle des acteurs, et ce problème de l'amour jusqu'au bout nous est tellement familière sauf peut-être que dans la vie quotidienne nous évitons d'en arriver au pire.., l'évocation du suicide, de ces deux suicides, est tellement marquante, terriiiiiiiiiible. Devant la cruauté la froideur de françois, la déprime de l'actrice qui ne trouve de sens à la vie qu'à travers l'être aimé, et l'alternative trouvé par ces deux personnages (le suicide) je suis restée sans voix à la fin du film. <br /> Ben du coup vivre seul me fait très peur !
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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