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Les petits pavés
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8 janvier 2007

Abd Al Malik

J'espère que vous avez été très nombreux à regarder/écouter Abd Al Malik sur Europe 2 TV ce soir.
Quelle émotion, quelle simple humanité !
On s'éloigne du rap, vers un jazz habité. Près de Jacques Brel, en plus bronzé. En plus actuel.
C'était Abd Al au Trabendo (là où Éric Burdon est revenu blueser à Paris).

Article de Télérama sur Gibraltar :
Roulement de tambour, crépitement de claquettes, applaudissements, puis s’ébroue un riff de piano jazz. Mais où donc est-on ? Dans un cabaret be-bop ou un disque de hip-hop ? Ni l’un ni l’autre. Si Abd Al Malik vient du rap (il a fait partie du groupe NAP, puis a publié un premier album solo il y a deux ans), ce nouvel album marque un tournant historique, à la fois dans sa propre carrière et dans l’évolution du style. Loin des clichés fatigués, Régis Fayette-Mikano (c’est son nom, avant qu’il ne se convertisse à l’islam) réinvente les matières sonores et littéraires, avec un mélange de hardiesse et de candeur confondantes. Le voilà – en compagnie de son complice compositeur Bilal et sous la houlette de l’arrangeur Régis Ceccarelli – qui mixe slam, jazz et chanson française, sample Nina Simone et Jean Ferrat, joue avec Marcel Azzola ou Mathieu Boogaerts, cite Deleuze et Derrida. Et réussit, à partir de cet embrouillamini d’influences, à créer une œu
vre originale et novatrice, au service d’un discours, certes plus conventionnel, mais tout aussi efficace. En quinze titres à la fois denses et aérés (peut-être le seul reproche à faire au disque : un peu long), Abd Al Malik, adepte du soufisme, doctrine mystique de l’islam, prône l’amour et la tolérance en évitant prêchi-prêcha et prosélytisme.
Lui préfère raconter des histoires, comme celles du candidat émigrant à Gibraltar, du grand frère qui ne reviendra pas parce qu’il a pris un certain DC 10 de la compagnie UTA, ou du flic noir auteur d’une bavure sur l’un de ses frères. Evoque le 11 Septembre (« Si je n’avais pas eu la foi, j’aurais eu honte d’être muslim »), célèbre une « France arc-en-ciel, débarrassée de toutes ses peurs », recommande de faire attention aux mots et supplie de ne pas confondre foi et politique. Parfois accompagné d’un simple piano, Malik batifole aussi entre musiques de films noirs et ballades classico-pop, convoque les voix de Keren Ann ou de Wallen. « Je continuerai à invoquer l’amour jusqu’à ce que son règne vienne. » Belle mission, beau disque.

Philippe Barbot

Allez voir http://www2.abdalmalik.fr/

Interview pour Evene :

Abd al Malik, rappeur du réel, adepte du soufisme, laisse à nouveau couler son flow clairvoyant pour éclairer les âmes. Après Camille en 2005, c’est à lui que revient le prix Constantin 2006.

Aède moderne au verbe sage, Abd al Malik s'en est allé contempler le monde d'un peu plus haut. Perché sur les colonnes de Gibraltar, Abd al Malik s'érige à la croisée des cultures. Là se mêlent Orient et Occident, littérature et musique, spiritualité et humanité. Des hauteurs de son 'Gibraltar', Malik critique, décrypte et décortique la société monde.


Sur votre album 'Gibraltar', vous faites cohabiter une multitude d'influences, de styles, de cultures musicales (chanson, jazz, slam, hip-hop et poésie). A son écoute, on a envie de parler d'une oeuvre profondément humaine, philanthrope, oecuménique. 'Gibraltar', l'album de "l'ouverture" ? Qu'en pensez-vous ?

'Gibraltar' n'est pas une projection de moi, c'est moi tout entier dans un disque. Je suis un passionné de littérature, je suis admirateur de rappeurs comme Jay-Z ou Nas, je considère Jacques Brel comme un véritable modèle artistique et j'aime Miles Davis et John Coltrane. Je voulais juste faire un disque qui puisse restituer de façon organique ces différentes influences.


Avec 'Gibraltar', vous semblez décrypter les maux de la société monde (langage, misère, racisme, foi, politique) à travers le prisme spirituel du soufisme. C'est ça la symbiose réussie de 'Gibraltar' ?

Je suis un être entier, il n'y a pas de différenciation dans ma personne. Dans cet album, je décrypte le monde qui m'entoure d'un point de vue humain tout simplement. Et donc forcément mon regard est subjectif. Mon objectif, c'est d'être dans le partage et de n'exclure personne.


Où en êtes-vous de vos pérégrinations spirituelles ? Où vous situez-vous dans ce voyage ? Est-il en lien direct avec votre voyage artistique, avec votre travail de créateur ?

Je chemine auprès de mon maître spirituel qui m'apprend chaque jour à être rempli d'amour pour l'humanité entière. Le cheminement spirituel ne s'arrête jamais parce qu'on a toujours à apprendre. Dans ce domaine, la connaissance est un océan sans rivage. Cela oblige à l'humilité.
Ma musique reflète forcément cela et s'il y est question de révolution, c'est au sens étymologique. Revenir aux fondamentaux du hip-hop et de l'art en général.


Jean Ferrat, Nina Simone, Derrida, Deleuze… Quel est l'univers musical et littéraire d'Abd Al Malik ?

Mon univers musical est d'abord hip-hop mais le rap est fait de toutes les musiques du fait de la culture du sample, de l'échantillon. Aussi la chanson française, le jazz, le blues ou la musique classique me touchent particulièrement à cause de l'émotion qu'ils véhiculent. Mon univers littéraire, c'est aussi bien la philosophie stoïcienne de Sénèque ou d'Epictète que la philosophie contemporaine des chantres de la déconstruction comme Deleuze, Derrida, Foucault et les autres. Et puis il y a Raymond Carver, mon modèle littéraire absolu. Albert Camus, Dante ou Tchekhov… Mais la liste serait trop longue.


On ressent beaucoup de théâtralité dans vos récits (comme sur le titre 'Saigne') que vous avez renforcés par une instrumentation appliquée et précise, des samples cosmopolites. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette collaboration avec votre ami Bilal (compositeur), le batteur très jazzy Régis Ceccarelli et tous les autres ?

Bilal des N.A.P. est mon alter ego en musique. Je lui ai parlé du projet de l'album 'Gibraltar' un soir et il m'a proposé les titres qui sont sur l'album. Cela s'est fait aussi simplement. Ensuite est intervenu Régis Ceccarelli qui a réalisé le tout en sélectionnant les merveilleux musiciens qui ont joué sur le disque. Il y a également Gérard Jouannest, le pianiste et ami de Jacques Brel, qui m'a gratifié de trois magnifiques compositions au piano. Renaud Létang qui a mixé le tout avec le brio qu'on lui connaît et Bernie Grundmann qui a masterisé le tout à Los Angeles. J'ai eu vraiment de la chance de travailler avec de telles pointures. Mon prochain challenge artistique sera de restituer, sans me répéter, toute cette virtuosité sur scène.


Vos morceaux sont très autobiographiques ('Soldat de plomb', 'Les Autres'…). Est-ce une façon pour vous de rester les pieds sur terre, bien ancrés dans le réel ?

Je considère qu'être artiste c'est se faire l'écho du réel, de son cadre de vie, de son époque. Etre artiste c'est prendre comme matière les problématiques de son temps. L'art pour l'art ne m'intéresse pas.


La jaquette de l'album est illustrée de très belles photographies. Pouvez-vous nous en conter l'histoire ou les histoires ?

Ce disque est un voyage, c'est une photographie de mon propre cheminement. Je voulais que l'on retrouve cela dans mes visuels. Je suis parti avec le photographe à Tarifa, Tanger et Gibraltar pour capter cet esprit du voyage. Les photos de voyage me touchent vraiment parce qu'elles mêlent toujours nostalgie et tendresse.


Deux albums solos ('Le Face-à-face des coeurs' et 'Gibraltar'), un livre ('Qu'Allah bénisse la France'). Ce besoin de voir aboutir vos projets personnels révèle-t-il un besoin de poser un instant les valises pour faire un retour sur soi, sur l'homme ?

C'est essentiel. Savoir d'où l'on vient nous rend lucide et nous donne la force de construire notre destin. Apprendre à me connaître moi-même c'est en partie l'ambition de mes différents projets artistiques.


A quand le retour du collectif N.A.P. ? D'autres projets ?

Très bientôt, en fait nous sommes en studio pour un album qui verra le jour courant 2007. Il y a aussi mon nouveau livre qui sortira prochainement : 'Le Livre rouge du rap'. Mais le projet sur lequel je planche pour le moment, c'est celui de la tournée 'Gibraltar' qui débute avec la date parisienne le 25 septembre 2006 à l'Européen.


Pour finir, si vous voulez bien compléter la phrase suivante : "Même si les fleurs sont multiples, l'eau est une…"

"Même si les fleurs sont multiples, l'eau est une et irrigue tout entier le jardin de l'humanité."


Propos recueillis par Mathieu Menossi pour Evene.fr, photos (c) Bernard Benant - Septembre 2006

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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