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Les petits pavés
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17 mai 2014

Histoires courtes, à la recherche du temps...

MVHuma
Pas chères les frites à la Fête de l'Huma 68.
Photo Esnault, dont j'ai oublié le prénom. Photoraphe à L'Huma.
On l'appelait par son nom. Amitiés camarade, jusque dans la cendre
où nous ne serons plus qu'une pensée sans forme.

Si j'avais envie d'écrire, j'écrirais quoi ?

Un texte très court, par exemple, du genre :

Bonzour, auzourd'hui ze suis un petit lapin blanc, ze cours partout dans la maison et ze vous emmerde.

Ouais, j'aurai pas le Goncourt avec ça. Je m'en fous d'ailleurs. Mais pas de vous, bien sûr. Je me fous plus de moi, alors j'écris des histoires courtes car je veux rester dans la mémoire des lecteurs comme l'Anti-Proust. Un autre texte possible :

Elle ôtait sa petite culotte quand son iPhone sonna à nouveau.

Là, déjà, il y a en partie du vécu. Situation possible, alors qu'être un lapin, même blanc, n'est même pas un fantasme. Et il foutrait quoi le lapin ? Il me ferait des frites ? Il se suiciderait dans la cocotte ? (je n'en ai pas ; enfin si, celle que ma mère désignait ainsi, parce qu'il ne fallait pas nommer les choses, enfin, certaines choses par leur vrai nom, un peu comme la schneck pour certaines, le panpan pour d'autres... Comment vivre avec, ensuite, en toute amitié, en toute confiance ?).

Et si j'écrivais :

La chaleur était intense dans le wagon. Insupportable, ouais. Un premier a ouvert son col de chemise, imité par d'autres en costard-cravate-genre-gendres parfaits pour engrosser leur blonde. Le premier à sortir son couteau a impressionné les fonctionnaires bien élevés. La chaleur devenait intolérable. Quand il s'est tranché la gorgé, les autres se sont enfoncés dans leur iPhone, certains, chacun étant libre de ses choix, se sont réfugiés dans leur Samsung S4, car c'était l'été dernier. Quelque chose a flotté dans l'air épais, respiration difficile. Un autre a sorti un couteau bien affuté. Et un autre. Les couteaux étaient de marque et d'allure différentes, mais les gorges tranchées ont craché du sang et des gargouillis un peu idiots. Les gens qui le pouvaient se regardaient les uns les autres. Apeurés mais vraiment il faisait trop chaud et se trancher la gorge semblait la seule solution pratique pour échapper à la combustion. Les couteaux qui fleurirent étincelaient du tranchant de l'acier. Les couleurs des manches auraient figuré bravement des bouquets de fin de voyage. Ils se tranchèrent tous la gorge, parce que, vraiment, la chaleur était une torture et pourquoi autait-il fallu la supporter ?
Le sang giclait comme la bière d'un machin à bière, mais rouge. Je regrettais de n'avoir aucun appareil photo sur moi. Mais j'avais un Laguiole offert par ma fille.

Ca vous plait ? Ben non, c'est normal.

Une dernière histoire, alors.

Tu arrives dans tes nouvelles fringues et ton baiser maussade est nouveau aussi. Je sais que ce ne sera pas facile, même si tu sens bon. Nous avons tellement ri ensemble, tellement imaginé et fait de conneries tous les deux, nous nous sommes tellement soutenus quand l'un tanguait, alcool ou sentiments. On grignote, on se champagnise. Vient la séance et ton corps est sublime, mais quelque chose difficile à dire ne va pas, ne marche pas. Avant ton départ, je caresse ton dos, juste ton dos, le haut de ton dos et je me dis Ah, nous sommes toujours là. Et depuis quoi ? Rien ? Je ne sais pas dire.

Bon, une histoire post scriptum, ce qui est mieux que post mortem.

Je la regardais me regarder. Me voyais dans ses Ray-Ban. Me voyait-elle ? Je la regardais et je sentais bien que tout en moi se dissolvait dans ce regard, tout en moi se perdait. Elle ne laisserait rien sur les bords de la piscine, peut-être même pas un reflet. Je ne pouvais détacher mes yeux. Je me sentais attaché par ce regard, objet d'un shibari obscène devant quelques touristes s'exprimant en espagnol. Elle souriait, c'est à moi qu'elle souriait, ou peut-être déjà à ce reflet de moi, dans une paire de lunettes à 100 euros. Tout, son visage, son regard, sa bouche, son sourire se détournèrent et reprirent le cours de cette recherche du temps perdu où elle allait disparaître.

Curieux post, qui le lira ?

Ce soir, je compte les larmes. Combien de larmes dans une vie ? Combien de larmes pour une personne aimée ? Combien derrière nous et combien attendent leur tour ? La vie nous attend-elle au tournant, avec ses coups de pied dans les couilles ? Le jasmin sent-il la rose et celle-ci la fleur d'oranger, et quoi encore ? Quelle autre connerie ? Toutes ces questions et d'autres ne valent pas, il fut un temps, l'encre à sécher sur le papier pour qu'elles fussent posées. Mais tout de même, larmes et amour et connerie : quelle est l'équation ?
A un moment, il faut dormir, sinon le bonhomme de bois viendra en claudiquant te faucher dans tes rêveries. Le fantôme que tu redoutes ricanera et toutes les femmes que tu as mal aimées tiendront un conseil sombre autour de ta dépouille dévêtue. Et tu ne sauras quoi faire, sinon te cacher en toi-même, à l'intérieur même de tes lâchetés passées et à venir. Et celle-ci est belle, vraiment belle et celle-ci l'est moins et quelle est la question ? Peut-être laquelle te tiendra la main, lorsqu'il s'agira de la toute fin ? Qu'est-ce qui comptera, les seins magnifiques, la fermeté douce des fesses ou la chaleur de cette main, dernière empreinte de ce monde qui va disparaître, t'emportant dans le néant, le rien, l'indicible, sinon peut-être la réponse  dernière à cette question qui t'a toujours perturbé, garçon. Qu'y avait-il avant que toute chose existe ? Qu'y aura-t'il lorsque toute chose aura disparu ? C'est l'heure d'aller se coucher, garçon, de retenir toutes les formes de la beauté, tout ce qui, en une addition infinie, fait la femme, jeune, belle, moins jeune, belle, rassurante, douce, aimante, la main tendre vers toi, ta main vers elle.

Et Les Beatles (The Beatles pour ceux qui se souviennent) dans tout cela ? La chaîne Blow-up/Arte, associée aux inrocks, chaîne tant appréciée ici, s'est interrogée sur les liens entre LE groupe et le le cinéma et ça donne, comme d'habitude, quelque chose de jouissif, surtout vers la fin (Jesus, que la Joie explose !). Encore que, l'évocation du pouvoir ouvertement sexuel d'une basse (la Hoffner de Mac Ca) pour une jeune fille, extrait d'un film que je ne connais pas, me plonge dans des abîmes de nostalgie. Je ne résiste pas, donc, au plaisir du partage.

J'ai des amitiés. Enfin, j'en bénéficie. Juste envie de dire merci.

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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