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Les petits pavés
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29 juin 2009

L'expulsion des sans papiers de la Bourse du Travail par la CGT.

J'ai attendu quelques jours avant d'écrire sur cet événement inattendu, dérisoire et triste : l'expulsion violente par des nervis du service d'ordre de la CGT des familles de travailleurs sans-papiers qui "occupaient" la Bourse du Travail, à Paris. En fait, ils y logeaient, ils s'y regroupaient surtout, ils y faisaient un sort à l'isolement délétère qui nourrit l'angoisse du petit matin, au moment où les bottes dures des robocops de la police française viennent briser les portes des logements insalubres, briser les rêves d'une vie qui ne serait plus un corps à corps incessant contre l'adversité, briser des vies, tout simplement sous la forme d'un aller-simple vers l'inconnu. Depuis 14 mois, ils se serraient les uns contre les autres, reformant les liens sociaux et affectifs d'un village, accueillant les visiteurs avec le maffé, le thé, le café.

Une vieille dame du quartier y venait tous les jours, chercher de l'affection, on l'appelait la Mamie et elle était l'objet de la plus grande attention, du plus grand respect. N'en profitait-elle pas un tout petit peu ? Aujourd'hui, peut-être, elle suit çà à la télévision, seule à nouveau.

BT_250609_2Après 14 mois, on se doutait bien que cette occupation, aussi pacifique et courtoise fût-elle, ne pouvait plus durer très longtemps. Ces travailleurs sont tous employés dans de petites entreprises, sans présence syndicale, d'où cette idée de former, dans un lieu symbolique des solidarités ouvrières, une collectivité forte de son nombre et de la conscience de son droit : je travaille ici, j'élève ma famille ici, j'y paie mes impôts, j'y paie mes cotisations sociales, je veux vivre dans ce pays, j'ai le droit de vivre dans ce pays qui utilise ma force de travail. Et d'où l'absence d'intérêt des syndicats pour un combat qui n'est pas le leur.

Pour tout dire, aussi attachantes que furent la cause et la personnalité des "occupants", on était en droit de les penser "mal barrés". Et quand les premières infos ont circulé sur l'attaque dont ils étaient l'objet, pour les mettre dehors, tous les sympathisants, de bonne foi, ont mis en cause la police et ses méthodes de fachos. On ne prête qu'aux riches, dit-on.

La surprise, mais a posteriori peut-on sérieusement parler de surprise, c'est que la CGT a préféré faire le sale boulot elle-même. La CGT, qui appelait à soutenir la Marche des Fiertés, samedi, au nom des principes d'égalité et de solidarité qui sont les siens... Si j'ai tardé à m'exprimer sur cet événement minable, c'est que je ne voulais pas que le compassionnel, si justifié par ailleurs, aveugle la raison. Aujourd'hui, il n'y a plus de doute : la CGT s'est comportée, ce jour-là comme les "patrons-voyous" qu'elle dénonce par ailleurs et souvent avec raison. Elle a privilégié ses intérêts de maître des lieux et méprisé le combat difficile et incertain des plus fragiles d'entre les plus fragiles.

Ces cranes rasés, ces fronts bas, qui ont asphyxié les rares occupants, femmes et enfants en particulier, puisque, comme chaque mercredi, les hommes étaient allés manifester, ces gros bras qui, eux-mêmes protégés, ont balancé des gaz lacrymogènes dans des lieux fermés (VOUS AVEZ SUBI LA VIOLENCE DE CES GAZ DANS UN LIEU FERMé, VOUS ? MOI, OUI et je peux assurer que c'est une méthode de fascistes) ont appliqué, à une cause pourrie, des méthodes de bandits.

Fascistes. Oui, le mot est laché et je le revendique. J'ai une certaine expérience de la CGT. J'ai une certaine expérience de son service d'ordre. Je me suis fait casser la gueule à l'entrée d'une imprimerie célèbre de Maisons-Alfort parce que je distribuais des tracts de la CFDT.

Je ne veux pas être ridicule. Je ne traite pas la CGT d'organisation fasciste. Mais j'affirme que, par des discours complaisants, par des prises de position ambigûes, par des silences troublants, la CGT, plus que tout autre syndicat de salariés, cultive dans ses franges (dans sa fange ?) des militants racistes, xenophobes, aussi haineux de la culture qu'un vulgaire Sarkozy, des personnes homophobes, au machisme craignos, ouvriéristes non pas en raison d'une adhésion à l'histoire ouvrière, mais par cupidité de classe, la cupidité qui fait le larbin envieux du maître, des connards qui aiment cogner, qui auraient eu toute leur place dans les manipulateurs de gégène en Algérie, avec Bigeard et Le Pen, qui prendraient plaisir à "casser du nègre".

Il faut aujourd'hui que la CGT s'explique sur cette gravissime "erreur" (dans les années 70, au PCF et à la CGT, on qualifiait les crimes staliniens d'"erreurs"...), que les responsables de cette ratonnade soient exclus ou démis de toute responsabilité, que la CGT retrouve les chemins de l'honneur.

Certains ont pu penser qu'il était illégitime que des locaux syndicaux soient occupés, alors que les syndicats ne sont pas responsables de la politique d'immigration d'un autre âge du gouvernement. Est-il légitime que 200 familles (ça vous rappelle quelque chose ?) campent sur le trottoir, devant les locaux nettoyés de la Bourse du Travail et soient exposés, à nouveau, aux coups de bottes du petit matin. Sans pap' et SDF. Calais en plein Paris.

Et les militants syndicaux, qui doivent enjamber les corps pour entrer dans leur académie de la lutte sociale, ils sont fiers ? Vraiment fiers ?

Tout ceci ne peut dédouaner le gouvernement qui s'enfonce dans une stratégie aux relents racistes qui jette de trop nombreux "étrangers" dans la clandestinité.

Voici deux liens :

un excellent dossier de Rue 89 sur la politique d'immigration en France
et le communiqué de ce jour du GISTI, sur les événements dont il est question ici.

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Commentaires
B
Solidarité avec les sans papiers de la bourse du travail.<br /> <br /> Mamadou KARAMOKO.
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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