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Les petits pavés
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25 mars 2009

Brazil en France : Besson se prend pour Terry Gilliam, la même folie mais le talent en moins

La lamentable histoire de Romano Kanda, son séjour touristique éclair au Congo, a été reprise par la grande presse, avec plus ou moins de détails.
Si je publie ici les trois premiers communiqués de RESF sur le sujet, avec un certain retard, désolé, c'est, certes, parce qu'ils dénoncent à nouveau l'inhumanité des pratiques d'expulsion qui ont cours, en notre nom et à nos frais dans ce pays qui fut celui des droits de l'Homme. Surtout, j'ai trouvé qu'ils mettent bien en lumière, par les détails Braziliens qu'ils dévoilent, l'évolution vers la folie pure (teintée de burlesque aministratif) du système purement comptable fondé par Sarkozy sur une rationnalité de l'éloignement.
La rationnalité, on la trouvera plutôt chez les salariés sans-papiers de KFC-Forum des Halles qui se sont mis en grève pour la dignité. Mangez du poulet, mais pas chez KFC ! Au lieu de soutenir ses propres salariés (la meilleure voie pour une régularisation rapide), KFC a commencé à en licencier. Fuck (j'aime les anagrammes avec une lettre en plus).

Etonnant, non ?

KFC
Merci au joli site rebelle bellaciao

Retour à la jolie histoire de Romano Kanda

RESF_logo

Premier communiqué

samedi 21 mars 2009 – 18h00

FELICITATIONS AU MINISTRE DE L’EXPULSION MINUTE

Monsieur Besson doit être un ministre heureux : à l’heure où nous écrivons, Romano Kanda, ressortissant angolais vole vers Kinshasa, peut-être encore menotté, scotché à son siège et bâillonné. Son fils, Adonai (20 mois) reste en France. Bon voyage, papa ! Romano vivait en France, en Seine et Marne, depuis neuf ans (2000). Il était établi avec Mimi, congolaise (RDC) en situation régulière et mère de deux enfants, Estelle 5 ans et Maxime 6 ans (enfant atteint d’un handicap mental) nés d’une première union. Le 18 mars dans la soirée, Mimi, a un geste malheureux : énervée par le bruit des enfants dans le studio où s’entasse la famille, elle donne un violent coup de balai à sa fille…Elle appelle aussitôt les secours qui, eux-mêmes appellent la police. L’enfant est hospitalisé. La gendarmerie place la mère en garde à vue, accompagnée des deux enfants restants. Informé, Romano abandonne son travail pour l’hôpital où se trouve Estelle. Les gendarmes lui demandent de venir chercher les enfants. Mais, coincé à l’hôpital, Romano ne peut s’exécuter immédiatement. Qu’à cela ne tienne, les gendarmes se déplacent à l’hôpital… l’arrêtent et l’expédient au Mesnil-Amelot. La classe !

Une enfant à l’hôpital, les deux autres précairement hébergés chez la grand-mère, la mère en garde à vue, le père en rétention, sous la responsabilité de M. Besson les services de l’Etat agissent au mieux de l’intérêt des enfants !

Romano Kanda devait être présenté au juge de libertés et de la détention ce matin, 21 mars, après 48 h de rétention. Sa femme et ses enfants accompagnés de militants du RESF l’y attendaient quand ils ont été informés par un coup de téléphone de Romano qu’il était à Roissy, en cours d’embarquement pour Kinshasa.

Joint en urgence, le directeur-adjoint du cabinet de Monsieur Besson se renseignait auprès des préfectures responsables (Essonne et Seine-et-Marne) et, finalement, estimait que tout était pour le mieux. Pour un peu il se féliciterait de cette application sans faille des lois. Certes, il allait se renseigner sur les conditions de l’interpellation qui, peut-être, étaient un peu limite mais pour le reste l’Arrêté préfectoral de reconduite à la frontière a été validé par le tribunal administratif et la cour d’appel… tout baigne ! C’est jouer les Ponce-Pilate au petit-pied ! Les lois sont faites pour fabriquer des sans-papiers et pour les expulser, les tribunaux respectent les lois, les hauts-fonctionnaires appliquent les décisions des tribunaux et les saloperies se font en toute légalité pour le plus grand confort des belles âmes.

Chez Besson, on a le plus grand respect du droit… à géométrie variable !

En effet, Romano Kanda n’a pas de passeport, la police a vainement perquisitionné (de quel droit ?) chez la grand-mère des enfants et chez la belle sœur pour le trouver. Romano n’a été présenté à aucun consulat, il a été expulsé vers la RDC avec un ancien laissez-passer… Une expulsion conduite dans des conditions suffisamment hasardeuses pour que, semble-t-il, la mention à expulser en moins de 48 heures (pour éviter le passage devant le juge des libertés) figure sur son dossier en préfecture !

On ne peut pas laisser faire. Il faut exiger le retour sans délai de Romano Kanda, arrêté dans des conditions scandaleuses, expulsé à la va-vite et arraché à sa compagne et à ses enfants.

Le stakhanovisme expulsionniste de M. Hortefeux lui a valu à vie le titre de Ministre de la Rafle et du drapeau. M. Besson fait beaucoup d’efforts pour se montrer son digne successeur en matière d’horreurs.


2ème communiqué

samedi 21 mars 2009 – 22h00

ENTRE IGNOMINIE ET INCURIE, BESSON HESITE

Complément au communiqué RESF Romano Kanda 21 mars 18h00. Suite demain matin.

Arrivé à Kinshasa avec son escorte (combien de policiers ?) mais sans passeport et avec un vieux laissez-passer, Romano Kanda, ressortissant angolais n’a pas été admis sur le territoire congolais. Retour à la case départ. Tout le monde a été remis dans l’avion à destination de Paris.

Il atterrit demain dimanche 22 mars à 6h00 au terminal 2C de l’aéroport Charles De Gaulle. Sa famille et une délégation du RESF seront là pour l’accueillir car personne n’envisage qu’après s’être comporté de façon aussi inhumaine et s’être ridiculisé de surcroît le ministère de l’expulsion minute ose continuer à le persécuter.

La presse est invitée à venir l’accueillir avec nous.


3ème communiqué

dimanche 22 mars 2009 – 22h00

ROMANO KANDA LIBÉRÉ PAR LA MOBILISATION,

SYMBOLE DES DANGERS ET DE LA FAILLITE

DE LA POLITIQUE MIGRATOIRE DU GOUVERNEMENT

Romano Kanda, sans papiers Angolais vivant en Seine-et-Marne, père d’un petit garçon de 22 mois, arrêté le 18 mars à l’hôpital de Lagny quasiment au chevet de la fille de sa compagne à qui il rendait visite a été libéré sans explication aujourd’hui 22 mars vers midi.

Entre-temps il avait été placé en rétention au Mesnil-Amelot, la police avait procédé à deux perquisitions au domicile de proches pour tenter de mettre la main sur son passeport. Il avait été expulsé vers la RDC le 21 mars, sans passeport mais avec un vieux laissez-passer consulaire congolais alors qu’il est de nationalité angolaise et que le ministère le sait. Résultat : à leur arrivée à Kinshasa Romano Kanda et son escorte de policiers ont été priés de faire demi-tour et de rentrer « illico presto » à la maison. Combien de milliers d’euros l’escapade (billets d’avion, frais de personnel, heures supplémentaires, repos compensateurs, etc) ?

Ce brillant résultat est le produit direct de l’inepte politique du chiffre initiée par M. Sarkozy alors ministre de l’Intérieur. Chaque préfecture reçoit un nombre d’expulsions à faire, fixé annuellement, à l’unité près. La pression se répercute tout au long de la chaîne hiérarchique. Chaque unité a son objectif à atteindre. Résultat : le chiffre prime tout. Et tant pis s’il faut procéder à des rafles au faciès ou à des arrestations à l’hôpital ou s’il faut décider que tel est congolais parce que c’est plus commode qu’angolais.

Précisons qu’il n’est, dans cette affaire, pas question d’erreurs commises par des subalternes. Le cabinet du ministre a été informé et a justifié la décision d’expulser Romano bien qu’il soit père d’un enfant né en France, beau-père de deux autres nés en France eux aussi, qu’il vive ici depuis bientôt 10 ans. Plus même, le cabinet du ministre cautionnait l’arrestation de Romano à l’hôpital au prétexte que sa compagne aurait exprimé devant les policiers la crainte qu’il ne « soustraie » sa belle fille. Mimi, la mère de l’enfant « menacée » de « soustraction » dément formellement cette invention délirante et calomniatrice. C’est cependant un classique : il est plus confortable moralement d’expulser des voyous que des honnêtes gens. Il suffit donc de colporter des rumeurs, de se fonder sur des rapports de police de seconde main, de prendre des airs entendus et on fait de chacun un individu peu recommandable.

De retour à Roissy avec son prisonnier, la police s’est trouvée bien embêtée : silence radio. La compagne de Romano et les militants du RESF sur place depuis 6 heures du matin n’ont trouvé aucun interlocuteur pendant plusieurs heures. Impossible de savoir si Romano était en France, et quel était son sort. Mise en demeure de respecter les textes qui veulent (et c’est bien le minimum !) que les familles sachent ce qu’il advient à leurs proches et surtout soumise aux questions de la presse mobilisée par ce cas étonnant, la préfecture de Seine-et-Marne finissait pas avouer vers 10 heures que Romano avait bien été ramené en France, qu’il était en garde à vue et serait jugé en comparution immédiate.

Puis, brutalement, vers midi, nouveau coup de théâtre : l’avocate de Romano apprenait de la PAF qu’il venait d’être libéré, sans son téléphone et sans un sou. Mais libéré quand même et, apprenait-on ensuite, sans qu’aucune poursuite soit engagée contre lui. Champagne ! Difficile de dire la joie et l’émotion de ses proches et de ceux qui l’ont soutenu. La victoire n’est pourtant pas totale. Peut-être pour sauver la face, la préfecture de Seine et Marne le menace d’une nouvelle mesure d’expulsion. Le ministère qui en réalité pilote cette affaire doit le régulariser sans tergiverser davantage.

Pourtant, au-delà de la satisfaction d’avoir empêché une administration malfaisante d’agir, reste une question : de quel droit ? Tout le monde est évidemment très heureux de cette issue, mais pourquoi Romano plus qu’un autre ? En réalité, cette affaire illustre ce que le gouvernement appelle le cas par cas. L’expression est censée évoquer un examen attentif de la situation de chacun. En réalité, il n’en est rien et l’affaire de Romano le prouve : quand personne n’en parlait, Romano était un quasi gibier de potence, tout juste bon à expulser dans n’importe quelles conditions vers n’importe quelle destination. Du jour où la mobilisation fait que son cas est médiatisé et devient emblématique, il est ramené en France, puis libéré en catimini. Encore une fois : de quel droit ? Au nom des intérêts politiques d’un ministre et d’un gouvernement qui jouent des tentations xénophobes et piétinent les droits fondamentaux pour tenter de colmater les brèches. S’ils l’estime de leur intérêt, ils expulsent, y compris dans les conditions les pires. Si au contraire, ils le pensent utile, ils dispensent de peine, voire régularisent. Pour ces gens-là, le cynisme et l’utilitarisme tiennent lieu de morale.

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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