Une nouvelle rubrique

Ils sont cons, ils le disent bien fort, ça ne les gêne pas, ça les flatte.

La parole publique ne se porte pas au mieux. Si ce principe ne peut être généralisé (ainsi, j'ai entendu Jacques Delors sur Inter hier matin et c'était un vrai bonheur tant cet homme est en bonne santé linguistique), il s'étend, à l'évidence.

Un président qui parle en langage sms "jeune" (Kass toi pov kon" ou qui singe ce qu'il croit être le "parler peuple" (Si y'en a k'ça les démange d'augmenter les impôts), un porte-parole du parti au pouvoir qui semble vouloir au moins une fois la semaine battre son record de connerie de la semaine passée (par exemple "Il n’est pas question pour nous de nous lancer dans des mesures qui seraient anti-économiques, qui iraient à contresens de ce dont notre pays a besoin aujourd’hui" à propos des propositions visant à revenir sur le bouclier fiscal, ou encore, à propos de la récente polémique sur les nouvelles vacances de gosses de riches que s'est payé le couple présidentiel au Mexique, "Si des gens veulent demander des comptes, c’est au Mexique qu’il faut le faire"), un rappeur qui se dit «désolé» que le texte d'une de ses chansons ("Sale pute") ait pu «choquer certaines personnes» (arrête le rap si t'as peur de choquer, pov kon !) et a affirmé qu'il ne se posait en aucun cas en «agresseur de la gent féminine», la pensée profonde de Séguéla sur les montres de luxe ("Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a raté sa vie !" -- au fait, c'est ce Séguéla là que Sar(pov)ko a fait, en juillet dernier, chevalier de la Légion d'honneur), Parisot, à propos des 3,2 M € octroyés au PDG de Valeo "Je veux dire aux Français que le Medef ne se reconnaît pas dans le comportement d’un dirigeant qui piétine ainsi l’interêt général de son entreprise" (l'intérêt général... c'est l'entreprise donc, c'est le privé, c'est l'intérêt privé) etc., on n'en finirait pas de dérouler le tapis sale sur lequel nos personnages publics essuient leurs crottes verbales...

Mais à tout seigneur tout honneur, un homme public renvoie tout ce gentil monde de tarés au statut de petits joueurs.

Le Figaro a trouvé dans l'épiscopat camerounais de dignes serviteurs du très benoit 16. Citation texto du journal qui, comme Besson, considère que les candidats à l'immigration devraient maîtriser la langue française avant de venir nous envahir. Après avoir dénoncé "une certaine presse" coupable de n'avoir médiatisé que les paroles du pape sur la capote anglaise, lors de son périple africain (pas Le figaro, si je comprends bien), les papistes du Cameroun sont ainsi cités par le Figaro :

"Ceci est très grave, lorsqu'on sait le nombre de morts que causent d'autres maladies en Afrique et sur lesquelles il n'y a aucune publicité véritable, lorsqu'on sait le nombre de morts que causent en Afrique les luttes fratricides dues aux injustices et à la pauvreté", écrivent-ils. Ils assurent ne pas nier "pour autant pas la réalité du sida, ni son effet dévastateur dans les familles au Cameroun".
Ce qui s'appelle noyer le poisson et attirer l'attention sur autre chose que la grosse connerie papale.

Le pape n'avait jamais exprimé explicitement sa position sur l'utilisation du préservatif, précisant seulement que l'Eglise catholique était en première ligne de la bataille contre le sida en Afrique. Mais "on ne peut la résoudre avec la distribution de préservatifs", a-t-il dit. "Au contraire, cela accroît le problème".

Certains ont avancé benoitement l'hypothèse d'un décifit de communication du Saint-Père. Est-il conseillé par Séguéla ?

Il est vrai que, déjà handicapé par ses relations déconcertantes avec la bonne vieille droite négationniste catholique l'ayant conduit à lever l'excommunication frappant cruellement Monsieur Wilkinson (le curé à trois lames), puis carrément paralysé par son autisme étonnant après l'excommunication de la mère d'une fillette de neuf ans avortée car enceinte de jumeaux, oeuvres de son père (bon catholique par ailleurs, car n'ayant pas usé de capote en violant sa fille), Benoit 15+1 devait, médiatiquement, se rattrapper. D'où sa contribution efficace à la lutte contre le sida. En effet, selon l'ONU, 67 % des personnes séropositives vivent en Afrique subsaharienne en 2007, ce qui représente 22 millions de personnes en danger de mort.

Et oui.

Mais je ne voudrais pas que les papistes camerounais soient seuls à l'honneur ici. En France aussi, on réfléchit et on avance, même, des hypothèses scientifiques. Ainsi, ne craignant pas de franchir un autre pont, l'évêque d'Orléans nous raconte la vie des petites bêtes : "Il y a écrit sur les boîtes de cigarettes : danger. On devrait mettre sur les boîtes de préservatifs : fiabilité incomplète. Vous le savez très bien, tous les scientifiques le savent : la taille du virus du sida est infiniment plus fine que celle d’un spermatozoïde. La preuve est faite que le préservatif n’est pas une garantie à 100 % contre le sida". Je sais, c'est très con. Mais c'est pour ça que je le cite et je ne veux pas savoir pourquoi il a, ensuite, exprimé des regrets. Peut-être sa concubine lui a soufflé que, même si c'était pour accéder à la garde rapprochée des clowns papaux, il se couvrait de ridicule.

Dans la lancée de ces belles paroles, j'institue le prix Si y en a qu'ça les et je le décerne pour cette semaine et pour l'ensemble de son oeuvre de mars à Benoit 16 (attention Benoit, c'est le même chiffre que Louis, t'es bon en sciences, mais en maths ? et en histoire ?). Il partagera avec ses petits camarades camerounais, orléanistes et figarocoliques, si y veut.

PS.
Il (le pape, en Angola) a ainsi critiqué l'"ironie de ceux qui font la promotion de l'avortement comme une forme de santé maternelle". Le pape faisait référence à un accord de l'Union africaine signé par l'Angola et 44 autres pays africains stipulant que l'avortement devrait être légal dans les cas de viol, d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en danger.
(source : AP)

PPS.
Nicolas Sarkozy ne prévoit pas de parler du sida lors de son déplacement de deux jours dans trois pays africains les plus touchés par ce fléau, dénoncent plusieurs associations de lutte contre le sida françaises et africaines.
Elles s’élèvent surtout contre la prochaine annonce du gel de de la contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.

(source : Sida Info Service)