Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les petits pavés
Les petits pavés
Derniers commentaires
Archives
Visiteurs
Depuis la création 244 839
13 août 2008

JO 2008 - "Entre ici, Jean Moulin..." André Malraux

RSF_P_kin_2008

Plus jeune, André Malraux me faisait rire. Un gaulliste historique qui crachotait ses discours en grimaçant et se dandinant et entonnait la Marseillaise comme une chanson paillarde en fin de banquet me réjouissait. Aujourd'hui, à chaque écoute du célèbre discours en hommage à Jean Moulin, je frémis, je frissonne, j'ai froid dans le dos et dans le coeur, je pleurerais presque devant cette grandeur passée.

Grandeur d'un ministre qui s'est trompé (interdiction de La Religieuse de Jacques Rivette, limogeage d'Henri Langlois pour mauvaise gestion) mais qui avait encore une vision, celle d'un gaullisme altier, droit contre les vents contraires, humble mais fier dans le combat. Grandeur du Préfet de la Résistance, qui envoya balader ses bourreaux et qui sut mourir plutôt que de trahir ou fléchir. Je ne suis pas gaulliste, mais je respecte le panache, le sens de l'histoire, la conviction qui dicte sa loi d'airain à l'action.

Aujourd'hui, le politique devenant l'antichambre du showbiz, la position debout ne sied plus aux dirigeants se réclamant du gaullisme. J'emprunte à la presse ou à l'opposition les qualificatifs qui collent à Sarkozy, nain historique devant le tigre chinois. S'étant engagé à recevoir le Dala¨Lama, en contrepartie de sa présence à la cérémonie d'ouverture des jeux, Sarko s'était roulé dans ses rotomontades habituelles : «la Chine ne dictera pas mon agenda, je recevrai qui je veux». Après avoir lancé ses flics contre des manifestants tibétains pacifiques, à l'occasion du passage remarqué de "La Flamme" à Paris, Sarko s'est courbé, mais pas à la manière des courbettes chinoises. Sarko s'est couché, et nous avec, devant une opinion démocratique mondiale incrédule. Carpette sur laquelle la botte chinoise peut essuyer sa boue mêlée de sang. Car pendant que notre président joue les petits pékinois, on continue à exécuter en Chine, et pas seulement au Tibet. On continue à compter les jours en prison, pour des raisons politiques (3 ans 1/2 pour 3 articles écrits sur le web). Pendant que Poncelet, le président UMP du Sénat interdit aux élus du peuple de France de recevoir le Dalaï Lama dans la dignité (attitude "indécente" selon Jean-Louis Bianco pour qui «Ce genre de médiocrité n’est pas digne de la France»), les dirigeants chinois mouchent les Droits de l'Homme comme un mauvais rhum et renforcent la répression contre tout ce qui pense.

Aujourd'hui pleuvent les médailles et pleurent les insoumis, les victimes, les prisonniers, les condamnés à mort dont les cris de détresse sont couverts par les clameurs des spectateurs indifférents.

Le sport règne à Pékin.

Comme "l'ordre règne à Varsovie".

Alors, Malraux, vous qui partageriez aujourd'hui les larmes de ceux qui vont souffrir, de ceux qui vont mourir, Jean Moulin, vous qui avez accepté de mourir pour que plus jamais l'ordre sinistre des vainqueurs n'écrase la vie, je vous dédie ces quelques mots maladroits mais honnêtes.

Publicité
Commentaires
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Publicité