Yves Montand, juste pour le plaisir
Notre prof de musique pleurait régulièrement. Nous étions de petits cons (et de petites connes) mais nous pensions que la musique, dans un cursus scolaire, ça ne servait à rien. Comme, d'ailleurs beaucoup aujourd'hui, surtout du côté des décideurs : musique = rendement 0.
Ce jour là, il pleuvait et la prof de musique était chargée de nous encadrer, pas dans la cour où notre énergie trouvait à se dépenser, mais sous le préau. Pas simple.
Il y avait un piano, elle s'en est approchée s'est assise et a joué, dans l'indifférence générale de nos petites têtes de con.
Et puis un truc nous a accrochés. A cause de la mélodie, sans doute. Peut-être à cause de paroles qui faisaient le tour de la Terre, ce dont nous avions bien besoin, pour nous tirer de cette gangue banlieusarde.
"En sortant de l'école, nous avons rencontré " oui cette idée de sortir de l'école de cette prison, a dû nous libérer de notre torpeur.
Alors on s'est approchés du piano et de la prof. Dans mon souvenir, ce moment fut magique, elle a chanté et ceux qui connaissaient ont repris. Bonheur partagé, nos masques de petits cons tombaient.
Par la suite, plus jamais, la prof de chant n'a pleuré en classe. Quand elle s'accompagnait de son guide-chant, nous attendions pour nous joindre à elle.
Nous étions toujours des petits cons, mais touchés par la grâce de Prévert.
Et cette grâce allait continuer à opérer, longtemps après, chez ceux qui ont survécu.
Voici l'interprétation d'Yves Montand, si belle, même si moins essentielle que celle des Frères Jacques.
Puisqu'Yves est avec nous, deux autres titres, sans raison particulière et sans choix, juste pour le plaisir.