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Les petits pavés
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20 décembre 2006

Pierre Bouteiller, à nouveau

Rappel : Pierre Bouteiller est toujours radio-actif. Profitons-en.

Tous les matins, en semaine, de 9h10 à 9h40 environ, Si bémol et fadaises nous caresse les oreilles sur TSF (Paris, Ile-de-France seulement, encore que sur autoroute, je l'ai captée jusqu'aux abords d'Orléans). C'est pas un horaire facile pour un honnête travailleur, alors, dans ces heures là, j'évite la hiérarchie et même les collègues, même si je les aime bien, je reste dans ma bulle, je regarde mon courrier en retard, les mails, les spam, un peu de doc et j'écoute, les écouteurs de mon Sony Ericsson K800i pénétrant au plus profond de mes oreilles.

En une demi heure (c'est court), la voix basse, posée, (oserai-je dire sensuelle) de Pierre Bouteiller qui commente ses parti pris jazzistiques nous plonge dans la torpeur volupteuse d'un bain moussant, parfois secoué de vagues chromatiques. Car il s'agit de jazz (prononcer jâse, à la française, c'est plus classe).

La classe, c'est depuis toujours le truc de Bouteiller.

L'émission fonctionne à partir de thématiques hebdomadaires : une semaine sur les chanteuses de jazz, une semaine sur les "hétitiers d'Art Tatum", une semaine sur les agents doubles (ceux qui sont - presque - aussi à l'aise dans le jazz que dans le classique). Il y a eu deux semaines "il n'est bon jazz que de Paris", une sur les étrangers à Paris, l'autre sur les français à Paris etc. etc. Une de celles que j'ai préféré était consacrée aux rapports troubles entre jazz et cinéma.

Cette semaine, particulièrement jouissive, le thème c'est qu'il n'y a pas de thème. C'est des trucs que M. Bouteiller a choisi dans sa disquothèque privée, des choses pour nous surprendre et nous séduire. Alors là, j'avoue que lundi, les Singers Unlimited dans Sophisticated Lady, avec Big Band (ce qui n'est pas, habituellement ma tasse de thé) m'ont plongé dans une rèverie caressante. Suite : le MJQ dans une célèbre aria de Bach, accompagné par les Swingle Swingers... béatitude.

Ce matin, c'était en début de programme les Double Six. Qui se rappelle des Double six ?

Je ne résiste pas au plaisir d'une photo.

Double6

Je me rappelle au début des années soixante comme je les trouvais ridicules, avec leur petite tenue de scène proprette, noire et blanche, alors que MOI, j'écoutais des groupes aussi essentiels musicalement que les Vautours (avec Vic Laurens) ou les Pirates ("Je bois du lait") ou Danny Boy et les Pénitents. Ou, quand même, les Chaussettes Noires (un ton au-dessus, merci).

Merci à Pierre Bouteiller de nous mettre en lumière aujourd'hui nos petitesses passées.

Et puis, ce matin, il a annoncé, puis passé Lester Young (avec des pointures...) et, oui, quand même, Lester Young, c'était une jolie surprise parce qu'il jouait de la clarinette. Et alors, la même sobriété qu'au saxo, la même liberté avec les tempi, tellement à l'aise qu'il se rattrappe plusieurs mesures après. C'était "They can't take that away from me" de Gershwin, mais pas au sax, à la clarinette. Quel bonheur !

Bouteiller nous a prévenu que vendredi, le thème serait "grosse feignasse" et qu'il passerait les trucs qu'il se passe chez lui.

La classe.

9h10-9h40 sur TSF, la Radio Jazz de Paris.

En plus, on a droit au rire de Laurence, même qu'elle a chantonné le générique ce matin et des fois, Bouteiller et elle se paient des fou-rires.

C'est bon la radio !


Un dernier mot pour dire : depuis quelques semaines que j'écoute Si bémol et fadaises, j'ai l'impression que mon rapport à la musique change. Il me semble que mon acuité auditive augmente. Et que j'écoute de plus en plus des choses que, spontanément, j'gnorerais. C'est le cas des big bands, qui ne sont pas ma tasse de thé. Or, grâce à l'émission, j'ai prêté attention à et même apprécié des choses nouvelles pour moi. Surtout, le jazz, qui m'est toujours apparu comme, par excellence, la musique en liberté, me semble aujourd'hui la musique de la tolérance. Et oui, on n'aime pas particulièrement le trombone, mais dans tel enregistrement, c'est tellement beau.

A côté de l'image du bain moussant (la volupté), il y a l'image de Bouteiller, vieux pote avec qui on partage un verre, tard dans la nuit et qui, sans chichi, avec une grande simplicité, nous explique et finalement, nous initie à un art que l'on admire depuis longtemps (40 ans pour moi) sans vraiment savoir pourquoi.

Bouteiller, c'est aussi un passeur.

Avec, en plus, vraiment, la classe.


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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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