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Les petits pavés
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18 décembre 2008

Un petit coin de France : Mayotte, ses plages, son CRA

Depuis des mois, je voulais écrire sur Mayotte, sympathique petit coin de France où le TGV ne vous conduit pas. Mayotte est une île française lointaine, chouchoutée par l'amer patrie. A Mayotte, il y a un préfet de la République, un hôpital général et beaucoup de musulmans (90 %). Le code du travail s'y applique avec un certain nombre de dérogations. Mayotte, qui fait partie de la zone Euro est l'image même de la France coloniale.

Avant que les Mahorais choisissent la France (1975), ils formaient une même communauté avec les habitants des trois îles proches. La pauvreté constituait un lien fort entre ces populations voisines. Depuis, les Mahorais sont, en dehors de la minorité de souche européenne, extrêmement pauvres. Leurs voisins, en particulier comoriens, qui n'ont pas choisi la France, vivent à l'extrémité de la pauvreté.

Alors, des Comoriens embarquent vers Mayotte par le chemin le plus court qui est aussi le plus dangereux. Je n'ose même pas reproduire ici le chiffre que j'ai lu du nombre de noyés parmi ces gens qui cherchaient à vivre pauvrement, mais à vivre quand même. En peu d'années, disons quelques milliers. D'après Libé, les clandestins représenteraient un tiers (1/3, oui) de la population de Mayotte. Je n'ose pas imaginer la vie de ces pauvres parmi les pauvres au service de moins pauvres et d'européens aisés. La police de l'air et des frontières, qui ne sévit pas qu'à Roissy Charles de Gaulle (oui, de Gaulle, l'homme du 18 juin, qui considérait le Devoir d'insurrection comme un des Droits de l'Homme, dès lors que la démocratie était en danger, surtout en France) fait un sale boulot à Mayotte. L'année dernière, 23.000 étrangers en situation irrégulière en France métropolitaine ont été virés, advienne que pourra. A Mayotte, 16.000 expulsions en 2006.

Vive la France.

Libé s'est procuré une vidéo tournée par un flic de la PAF qui en a marre du boulot que la démocratie française lui impose de faire. Voici cette vidéo.


Centre de rétention de Mayotte: la vidéo qui accuse
envoyé par liberation

C'est formidable ces flics qui dénoncent le sale boulot qu'on leur impose.

Un autre (le même ? apparemment non) témoigne dans Libé. Lire ci-après.

logo_libe2

Mayotte : le centre de rétention, une zone de non-droit

Des dizaines d’hommes entassés dans une pièce dont la grille est fermée à double tour. Et qui crient, refusant d’être ainsi filmés - certains sont torse nu. A quelques mètres, tout près des poubelles où se trouvent les restes du repas, des femmes et des enfants sont couchés sur des matelas de fortune. Des gamins crient, d’autres pleurent. Certains dorment. Derrière les toilettes, un jeune homme qui a fui la promiscuité s’est assoupi à même le sol.

Les images du film que Libération s’est procuré, tourné en octobre par un agent de la Police aux frontières (PAF) de Mayotte au sein du centre de rétention administrative (CRA) de Pamandzi, sont édifiantes. Ce jour-là, il y avait 202 retenus dans le CRA, qui n’est habilité à n’en recevoir que 60…

«Inadmissibles». «Ce film montre ce que nous vivons au quotidien», indique un agent de la PAF qui, après avoir vu les images, a accepté de nous répondre de manière anonyme. Selon lui, «il est très fréquent que le nombre de retenus dépasse les 150, voire les 200». «Le record cette année est de 240», assure-t-il. Quant aux conditions d’accueil, «elles sont inadmissibles. […] Il n’y a que 60 matelas - et encore depuis peu. Les douches sont visibles depuis la salle des hommes. Il n’y a pas de toilettes réservées aux femmes et aux enfants.»

Un autre agent de la PAF de Mayotte va plus loin. «Les conditions de rétention des sans-papiers sont indignes, dit-il. Les gens sont traités comme des animaux. Et nous, on a la pression de la hiérarchie pour faire notre boulot sans rien dire. L’objectif, c’est de répondre aux attentes du ministère.» Si cet agent a accepté de nous parler, c’est d’abord parce qu’il n’a «pas fait ce boulot pour traiter ainsi les gens. Ce que je vois à Mayotte, je ne l’ai vu nulle part ailleurs». C’est aussi «parce que s’il y a un accident un jour, c’est nous, les lampistes, qui payerons, alors que la hiérarchie est parfaitement au courant de ce qui se passe ici. Par exemple, on est obligé de fermer à clé la salle des hommes pour éviter qu’ils s’échappent par le toit. Nous ne sommes que 5 agents, nous ne pouvons donc tous les surveiller. Mais s’il y a un incendie, ils seront bloqués… Nous sommes dans l’illégalité !»

Le CRA de Mayotte détient le record national de reconduites à la frontière avec 16 000 refoulés en 2007 - un sommet qui devrait être égalé en 2008. Des chiffres faramineux s’expliquant par la proximité historique, géographique et culturelle des Mahorais avec les Comores, d’où viennent la majorité des immigrés (lire page suivante).

Malgré les travaux en cours afin d’améliorer les conditions d’accueil - une pièce pour la restauration, des toilettes pour femmes et un coin enfants sont prévus, Flore Adrien, présidente du groupe local de la Cimade, dénonce elle aussi ces conditions d’accueil «indécentes». Surtout, affirme-t-elle, «le droit des personnes n’est pas respecté : des mineurs isolés sont expulsés, des Français qui n’ont pas le temps de montrer leurs papiers ou des Comoriens présents depuis vingt ans sur le territoire aussi…»

En décembre 2006, le syndicat Unsa police Mayotte avait déjà dénoncé «la surpopulation et le "toujours plus" [engendrant] des tensions que le personnel du CRA ne peut plus supporter». «Allons-nous attendre un incident grave pour agir ?» interrogeait le syndicat dans un tract, qui rappelait que «pour satisfaire aux lois de la République, nous respectons les textes en vigueur, mais il faut aussi que l’administration respecte les règles qu’elle a elle-même édictées».

Avertissements. Le 15 avril, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) avait jugé ce CRA «indigne de la République». «Les conditions de vie […] portent gravement atteinte à la dignité des mineurs retenus», notait également la commission. «Malgré ces avertissements, la direction n’a rien changé», déplore l’un de nos informateurs. «Certes il y a des travaux pour améliorer l’accueil, mais la logique de traiter ces personnes comme des chiffres reste la même. Et les moyens ne suivent pas.»

Yvon Carratero, le directeur de la Police aux frontières cité dans un rapport de la commission des lois du Sénat publié début décembre, affirme que le CRA, «qui accueillait naguère 200 personnes», en accueille désormais «50 à 80, grâce à une meilleure organisation des modalités d’éloignement». Le film, tourné après la rencontre du fonctionnaire avec les sénateurs, prouve le contraire. «Rien n’a changé», certifie l’un de nos deux informateurs.

MAYOTTE, correspondance RÉMI CARAYOL

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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