Night Nite

Les gens raisonnables dorment à cette heure. Je ne dois pas être raisonnable. Attendez...

Un lapin blanc vient de traverser mon écran, il s'immobilise et me dit : " You're a nasty boy". Tiens, un lapin qui parle anglais...

A nasty boy, peut-être. Peut-être un lapin qui sait. Qui sait que certaines heures, trop tardives, transforment a Lucy en gênes. In the sky etc.

Bonjour le jour, bonne nuit la nuit. Des araignées transparentes bordent mon lit. Je ne les vois pas, ne peux les voir, mais je sais que me coucher est dangereux. Vais-je mourir cette nuit ? J'imagine mon corps mort ne se réveillant pas malgré l'alarme, à l'heure dite. Et l'alarme se manifestant toutes les 9 minutes, pendant une heure. Après une heure mon corps connaîtrait le repos.

Mais les bruits dans la rue, mais le mec m'apportant un paquet, un colis, un colibri, un librio, cognant à ma porte, "réveille-toi, canaille de corps inerte !". Obligé de me réveiller du sommeil dernier parce que le préposé a dans sa liste toutes sortes de raisons de ne pas livrer le colis, dont "n'habite pas..." si j'habite, "absent lors de la première présentation", ho, j'étais là. Je suis juste mort, ce qui arrive à des gens très bien. Montherland, canaille littéraire et Roger Vailland qui a écrit "Bad trip, I was fucking the prince of the galle", non c'est faux. Roger Vailland, qui ne vit pas mais meurt un anniversaire en 2008 a écrit "Drôle de jeu", "Les mauvais coups" et "Un jeune homme seul". je l'ai retrouvé, intact, il n'y a pas si longtemps en raison de la réédition d'Un jeune homme seul. Je lui consacrerai (mais oui  Roger) un post ou un dossier avant la fin de l'année.

Allende aurait cent ans cette année, s'il n'avait pas été assassiné le 11 septembre 1973 par une bande de jeunes salopards dont faisaient partie Milton Friedman (heureusement mort depuis), Kissinger et Bush. J'ai écrit un post sue ce 11 septembre là, dont on parle moins que d'un autre (je ne hiérarchise pas les tragédies, je constate juste que l'une fait la une des journaux qu'on n'achète plus et l'autre non). Je l'ai écrit ce soir, mais il s'est dissout, à l'image de ces... oui de ces.

On n'achète plus les journaux payants parce que d'autres journaux se vendent gratuits. On ne connait pas le prix des journaux gratuits. Le prix serait peut-être celui de notre silence, peuple sourd, aveugle et muet, lisant (ou ne lisant même plus, tellement nous avons ça encré en nous (non, il n'y a pas de faute d'orthographe)) l'évidence de notre impuissance clamée par d'autres qui se disent puissants et nous disent dormez braves gens, travaillez plus pour que nous gagnions plus, faitespas chier, regardez TF1, riez à Bigard et Clavier d'ordinateur, pleurez à Bettancourt (oui, parce que maintenant qu'elle est libérée, je peux enfin dire ce que je pense de cette bigote qui n'a pas trouvé mieux que de remercier sarko et baiser les pieds du pape, ancien jeune hitlérien, mais à l'époque, en Allemagne, on était hitlérien comme aujourd'hui on lit les journaux gratuits, parce que tout le monde le fait , parce que c'est le sens de la respiration commune, donc qui baise les pieds du pape parce que dans un pape, quoi baiser d'autre que les pieds). Oui.

Oui, cette nuit la solitude me diminue. Il faut être seul, parfois, surtout quand on en a envie. Mais quand on n'en a pas envie, qu'on attend que le téléphone sonne et qu'on sait que seul le silence sonnera, avec son arrogance de bulle papale, alors on se rappelle Léo Ferré et La solitude, mais...

Je ne relirai pas ça, mais il me semble qu'il y avait un lapin. Il paraît que les lapins sont de sacrés baiseurs, un peu rapides, mais sans envie de remettre à plus tard. Donc, ce lapin rentre chez lui et il est seul. Il cherche la télévision, il n'y a pas de télévision, il cherche la lapine, mais la lapine est partie. Un mot collé sur le frigo : "rentrerai quand je rentrerai". le lapin chausse ses lunettes de lapin, en loutre musquée et relit pour comprendre.

Le lapin myope s'effondre dans son fauteuil, maisil n'y a pas de fauteuil et il se retrouve le cul par terre et ça fait un peu mal, mais pas trop. Le lapin lève les yeux et réfléchit. On lui a proposé dans la journée un job de civet, car aucun lièvre n'a répondu à l'annonce.

Pour mieux se concentrer, il se met un disque de Bill Haley. Il se rend compte qu'il ne se rappelle pas l'orthographe de Haley, il ne faut pas qu'il comète trop d'erreurs car les caméras vidéo veillent, pour le protéger et cinquante agents de la mafia au service du gouvernement sont là pour garantir sa sécurité, son droit au tiercé hebdomadaire et son accès à inter(très)net.

Alors le lapin philosophe et poète écoute Charles Trenet et pleure des larmes de lapin en se rêvant crocodile. Le suspense ne dure pas longtemps, le rêve de crocodile dévore le lapin lubrique et la chanson de Trenet tombe et s'endort là. Mi sol, là sur le sol, si quelqu'un veut y croire, là.