L'embrasement - Clichy-sous-bois

L'embrasement

Téléfilm de Philippe Triboit (France, 2006), Arte, vendredi 12/01/2007.

Octobre 2005, Zyed, 17 ans et Bouna, 15 ans, qui sortaient d'un match de foot, coursés par la police pour rien, se réfugient, avec leur ami Muhittin (qui, d'une certaine façon, s'en sortira, mais peut-on dealer avec un tel traumatisme), dans un transformateur EDF. lls meurent électrocutés.
Sarkozy ment en les faisant passer pour des voleurs. Résultat : 3 semaines de révolte sociale dans les banlieues.
Dans n'importe quelle démocratie, le ministre de l'intérieur aurait démissionné. Pas en France. Au contraire, le fauteur de troubles prétend au poste de monarque républicain.
Pour trois gouttes de sperme, Clinton s'est excusé publiquement. Pour des litres de sang dont il est comptable, Sarkozy se glorifie et réclame sa part de gloire.

Arte passait ce soir un téléfilm sur ces "événements" (comme on a parlé, en son temps, des "événements d'Algérie").
Passons sur le côté pachydermique du film, digne des productions hors  d'âge  d'Yves Boisset. Passons, en particulier, sur la musique inutile et tonitruante digne d'une télé-réalité de TF1.
Décidément, la télé de service public, qui continue à tolérer que ses journalistes objectives viennent dire la réalité politique après s'être fait ramoner par des membres sarko-compatibles du gouvernement (arrêtez votre procès en vulgarité : je ne saurais être aussi vulgaire qu'un Sarko-compatible Pascal Sevran qui anime toujours, que je sache, les matinées dansantes de TF2) continue, même sur Arte, non pas à nous prendre pour des cons (parti pris populiste), mais à considérer que nous ne pouvons nous intéresser à un sujet de société vraiment sérieux (très grave, en fait) que s'il est tourné à la manière de PJ (pour les innocents, PJ est un feuilleton de merde de TF2, qui s'appuie de faon niaise sur de vrais sujets de société pour nous montrer des histoires de flics sans intérêt).

Une fois dit que la télé de service public nous prend pour des enfants, il faut parler du fond de ce téléfilm salutaire.

Depuis le temps que la parole est monopolisée par les flics (coupables) et les autres procureurs, car vous savez, Monsieur, bruler des voitures, c'est pas bien. Bruler des écoles ou des gymnases, alors qu'on se saigne aux quatre veines pour que ces petits cons puissent accéder à la méthode syllabique du bon Monsieur De Robien et aux exercices physiques grâce auxquels (et au pacte républicain) des petites merdes de Zinedine deviennent des Zidanes starisées au compte en banque européen (en plus, je l'aime bien Zizou, j'ai même  trouvé son coup de tête sublime, genre : gardez vos honneurs, je garde ma dignité d'homme et je vous emmerde), c'est pas bien, ce qui est bien, c'est d'accepter votre sort d'erreur de l'immigration.

Ce téléfilm, maintenant que j'ai exprimé au moins en partie les réserves sérieuses qu'il m'inspire, je peux dire qu'il est utile. Qu'il inspirera aux jeunes et aux vieux de banlieue qui, finalement se foutent  des qualités  cinématographiques d'un téléfilm, le sentiment que, pour une fois, leur dignité est là, sur l'écran, qu'on les considère pour autre chose que leur violence.

La scène de Muhittin, sorti de l'hôpital  et qui  revient, complètement désespéré au commissariat, chercher une bagarre perdue d'avance, les flics qui essayent de le réconforter et le vouvoient, non comme un bête sauvage, mais comme un frère humain est une très belle scène. Utile.