Robert Johnson - A love in vain
Pourquoi Robert Johnson ? Pourquoi pas, bien entendu, mais quand même ? Serait-il dans l'actualité ? Certes, il n'est pas nécessaire d'avoir une actu ou d'être en promo pour figurer dans ces pages. Mais dans un sens, Robert Johnson est dans l'actualité, de manière curieuse.
Le magazine Rolling Stone, qui aime vendre du papier, a établi la liste des 500 meilleurs disques de rock de l'histoire. Comme 500, c'est beaucoup (je fais le pari que le nombre d'albums de rock qui tiennent la distance n'atteint pas les 500), L'internaute Magazine (http://www.linternaute.com/musique/magazine/dossier/meilleurs-albums/1.shtml) publie et commente les 30 premiers du classement. Pour l'essentiel, on a des surprises tellement glaçantes qu'on en sort ébouriffé : tiens, Sergent's Peppers meilleur album, juste devant Pet Sounds, Revolver, puis Highway 61 revisited ? What's going on de Marvin Gaye avant Exile on main street, lui même devançant London calling ? Ebouriffant d'originalité, n'est-ce pas ? Ou est-ce qu'après des années de polémiques absurdes, un consensus s'établirait autour de quelques valeurs aussi stables qu'évidentes. Ainsi, la densité d'albums des Beatles, de Dylan et des Stones dans les mieux classés est logique avec leur importance artistique et historique.
On est plus surpris de trouver Kind of blue de Miles Davis en 12°, juste entre une compil de Presley (des années Sun, tout de même) et l'album à la banane du Velvet Underground. Kind of blue étant une des plus belles réussites musicales connues, pourquoi ne pas en faire, en plus, un album rock, voire un des meilleurs.
La vraie surprise se trouve à la 22° place, juste avant le merveilleux Plastic Ono Band de John Lennon : Robert Johnson, The complete recordings. 29 titres tombés du ciel en deux séances d'enregistrement de 1935, sauf erreur. Le legs complet d'un des plus excitants musiciens de blues des années 30. Ceci étant, en faire une star du rock est presque aussi abusif que de prétendre Pagny est capable de chanter Brel.
Robert Johnson est resté peu connu. Ses enregistrements, rares, sont tardifs : il commença à enregistrer 3 ans avant sa mort, à 27 ans dans des circonstances qui restent mystérieuses. Il n'empêche qu'à l'écoutte, RJ ne laisse d'étonner les auditeurs de dolby surround que nous sommes devenus. Cet auteur de tubes pour les autres (ci-dessous, le Love in vain repris par les Rolling Stones) n'a laissé que peu de photos, pas d'anecdotes, pas de bio. On sait juste que beaucoup de noms aujourd'hui célèbres s'en réclament comme d'un père musical. Dylan, en particulier, qui aurait repris de Johnson, cette façon particulière d'attaquer un accord de guitare (dixit les Chroniques de Bob Dylan).
Au début était le blues et il était porté par de demi vagabonds, dont RJ fut et restera un des plus célestes.
Love in Vain
Spoken: "I wanna go with our next one myself."
And I followed her to the station
with a suitcase in my hand
And I followed her to the station
with a suitcase in my hand
Well, it's hard to tell, it's hard to tell
when all your love's in vain
All my love's in vain
When the train rolled up to the station
I looked her in the eye
When the train rolled up to the station
and I looked her in the eye
Well, I was lonesome, I felt so lonesome
and I could not help but cry
All my love's in vain
When the train, it left the station
with two lights on behind
When the train, it left the station
with two lights on behind
Well, the blue light was my blues
and the red light was my mind
All my love's in vain
Ou hou ou ou ou
hoo, Willie Mae
Oh oh oh oh oh hey
hoo, Willie Mae
Ou ou ou ou ou ou hee vee oh woe
All my love's in vain
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Ci-dessous, Robert Johnson interprète un autre de ses "classiques" (Kindhearted woman blues). Souvent, sa voix passe mal la première fois. Insister n'est pas idiot. On connait mieux Sweet home Chicago, bonne raison pour présenter d'autres titres.
Puisque vous êtes sympa d'avoir regardé jusqu'ici et que, sans doute vous aimez le blues, voici une version de Love in vain par les Stones. Une version peu connue et non industrielle, loin des stades pailletés.