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Les petits pavés
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8 janvier 2008

Les petits pavés - A propos de ce blog.

«  Le spectacle se présente comme une énorme positivité indiscutable et inaccessible. Il ne dit rien de plus que "ce qui apparaît est bon, ce qui est bon apparaît". L’attitude qu’il exige par principe est cette acceptation passive qu’il a déjà en fait obtenue par sa manière d’apparaître sans réplique, par son monopole de l’apparence. » (La société du spectacle, 1967)

Dès 1967, Guy Debord nous présentait Sarkozy, la politique Sarkozy, le cirque Sarkozy. Il anticipait avec une précision stupéfiante les évolutions que Sarkozy voudrait imposer à la France, et les mouvements qui, dans la société française, ont fini par nous imposer Sarkozy un 6 mai 2007.

Histoire de simplifier, on pourrait ajouter : "Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux." (même référence)

Cannes_201987Ce monde renversé est celui que nous renvoient les jeux de miroir des grands médias (adaptation française de l'anglo-américain mass media). Les financiers, les maçons et les vendeurs d'armes se sont offert la télévision. Puis ils ont acheté la presse payante. Puis ils nous ont fait le cadeau d'une presse gratuite à leur propre image, Ils s'appellent Bouygues, Bolloré, Dassault, Lagardère et compagnie. Ces financiers ont eu un père industriel. Ils ont aujourd'hui en commun un ami. Monsieur Sarkozy. Ils ont participé à déconstruire la société française, au plan économique, social et culturel. Leurs médias s'en sont chargés.

Sarkozy s'est emparé de ces nouvelles valeurs du libéralisme d'État triomphant. Rompant avec l'histoire du pays des droits de l'homme, il a tiré la chasse d'eau sur toutes formes de repentance. Il faut être fier d'être français et de l'avoir été, même dans les pires saloperies qui on fait la France. Politiquement, exit le gaullisme et cet esprit de résistance, déjà bien affadi, embourgeoisé de Pompidou en Chirac.

Mais à mon sens, c'est sur le plan culturel que la clique des grands financiers et des petits politiciens l'ont emporté le 6 mai 2007. L'abandon de l'Histoire (hé Debord, réveille-toi, on parle encore de toi !) et la dissolution de ses épisodes rentables dans l'économique est d'ailleurs un fait culturel de première importance.

Nous ne battrons pas cette engeance sur le plan économique. Nous aurons le plus grand mal à nous mesurer à eux sur le plan social et les syndicats doivent se faire à l'idée d'accomoder les couleuvres à une sauce amère. Reste le combat culturel.

Reste le monde des idées, de la création, reste une possible vision poétique de la réalité, quand TF1 et M6 nous servent notre quotidien de monde renversé, où le faux et le vrai se livrent un combat dans l'ombre, loin des spots. Il aurait fallu rire d'Hitler (et je sais que Sarkozy n'est pas Hitler) et cette arme absolue fut utilisée par les plus grands, par Chaplin (The great dictator) ou Lubitsch (To be or not to be), immenses créateurs mais un peu seuls dans ces cimes où devaient se combiner l'exigence artistique avec la critique impitoyable du monde réel.

Alors, les petits pavés.

Ce qui apparait est bon, ce qui est bon apparait. Dans les shows télévisés, il suffit maintenant de vouloir pour pouvoir. C'est la culture "de masse", la culture que, chaque jour en cover des magazines crétins, Sarkozy nous suggère. La culture de masse est une culture massive, celle que les élites financières, maçonnes et vendeuses d'armes considèrent comme utile au peuple.

Cette culture de masse est en fait une entreprise collective d'individuation (nous sommes une collection d'individus et non une collectivité - oh le vilain mot qui pointe son vilain nez : le collectivisme, beurk 2 fois) qui, singulièrement, méprise la masse ou les masses. Je ne donne pas dans l'angélisme. Je sais que des idéologies barbares ont utilisé la masse pour mieux réduire les individus et il n'est pas question pour moi d'en revenir à ce modèle heureusement défunt, même s'il bouge encore, ici ou là. Mon propos est simplement de rappeler que le libéralisme économique, en tant que modèle unique de développement, conduit à la même disparition des individus singuliers, l'homo economicus se bornant, sous couvert d'un individualisme convaincu, à endosser l'uniforme dominant. L'uniforme du gagneur. Celui qui en veut. Qui se lève tôt le matin. Qui fait vrombir l'implacable mécanique de sa BM pour foncer travailler plus pour écraser plus les autres, écraser ceux qui ne sont pas des gagneurs et qu'on appellera vite, en se raclant la gorge parce que le mot irrite, des assistés.

Pendant ce temps, le président exhibe une chanteuse médiocre mais bonne gagneuse au Parc Disney. Et la presse (enfin la presse des financiers) de se perdre en conjectures sur la date du mariage royal, impérial. François Béranger parlait de "culture Mickey". Un Dysney World franchouillard et bas du front qui apparaît dans son indiscutable positivité et exige de nous l'acceptation passive de son apparence monopolistique. Le spectacle permanent comme seule réalité tangible d'un pouvoir qui ne se discute même plus, qui est ce qu'il doit être et se contente de l'être et de durer. Je vis dans un pays et c'est aussi le vôtre où l'efficience de la ministre de la culture sera évaluée en fonction des parts de marché du cinéma français...Pourquoi, comment s'y opposer, sinon dans la marge, en souhaitant qu'un jour la marge devienne non pas la norme (mort à toutes les normes culturelles) mais l'alternative.

Alors, les petits pavés.

Les petits pavés, parce qu'on leur balancerait bien dans leurs tronches de derniers de la classe dont le papa IM_1696_Mickey_Mouse_Magazine_1936(papa Chirac pour le petit Sarko) avait de l'argent.

Les petits pavés, c'est une chanson d'amour, donc un chant révolutionnaire, tout comme Le temps des cerises.

C'est une chanson violente et je pense qu'on ne saurait combattre sans un minimum de violence.

Ce blog ne sera pas politique au sens partisan. D'ailleurs le lien RSS vers le site de Ségolène Royale a disparu. Non que j'en veuille particulièrement à Ségo, mais je n'ai plus envie de me situer par rapport à une tendance politique.

Juste lancer des petits pavés, dans la gueule, dans la mare. Défendre des entreprises culturelles non sarkompatibles. Descendre jusqu'au dernier ces invités du Bal des vampires que Sarkozy a convié à parainer son triomphe de mai, Place de la Concorde.

Et ne pas oublier, surtout ne pas oublier que le monde est un, que la France est riche de tous les apports de ce monde, que la France se déshonore par sa politique d'immigration, de chasse à l'enfant, à l'étranger.

Les petits pavés, c'est une chanson. Belle, violente. Elle est à un clic d'ici et j'avoue avoir eu du mal à en choisir une version, en tant que bannière du site nouveau.

Celle de Nougaro, impeccable ? Celle de Gainsbourg, plus âpre, plus sombre et distanciée, plus révolutionnaire ? Comme je n'ai pas choisi, voici les deux. Et plus tard, au détour d'un commentaire fielleux sur nos institutions vérolées, peut-être Patachou ou Mouloudji (hé, Mouloud !) nous rejoindront.


    


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Commentaires
M
Ce commentaire me va, comme on dit, droit au coeur.<br /> J'arrive à un âge où je suis conscient d'avoir vécu des batailles plus exaltantes. Quand on a cru pouvoir changer le monde à 20 ans, comment ne pas ressentir une certaine amertume en se disant : c'est CE monde qui T'a changé.<br /> Alors, il reste la révolte qui se crystallise chez moi dans mon refus physique de toute discrimination et de la politique de reconduite à la frontière des plus démunis : dehors les pauvres, les pas-rentables... A mon sens, ce combat est aujourd'hui prioritaire. Mais à force c'est fatigant.<br /> Et puis la passion, c'est quand j'entends Camille, c'est quand je vois Lady Chatterley, c'est quand je lis L. Kasischke. C'est l'impression de n'être pas passé à côté de tout.<br /> Merci pour ce commentaire qui m'aidera à continuer.<br /> L'auteur de ce blog
M
Visitant régulièrement cet espace, j'avais simplement envie de vous dire que j'en aimais la "nouvelle" tonalité. L'alternance des thèmes, qui s'inscrivent tous dans l'idée d'indépendance de pensée, rare en ces périodes, est juste. Et vous y dévoilez vos passions de manière efficace. <br /> Alors merci, juste merci d'être passionné.
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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