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Les petits pavés
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27 janvier 2007

Monsieur Da Silva

Monsieur Da Silva est mort.
Monsieur Da Silva était gentil et un peu roublard. Toujours prêt à rendre service. On l'employait au noir parce que ça l'arrangeait et nous aussi pour des trucs que je sais pas faire ou pas bien, changer un robinet, poser la moquette.
C'était le gardien de l'immeuble. Il avait un cancer mais on ne sait pas trop s'il en était conscient. Parce que nous, on est pas du genre à poser des questions. Surtout sur ces choses.
Il a travaillé toute sa vie et dur. S'il faisait des travaux au noir, c'était parce que sa femme et lui, ils n'étaient pas beaucoup payés. Et ça aidait pour la maison, là-bas, au Portugal, où ils seraient heureux, sa femme et lui, quand ils auraient pris leur retraite. Il aimait bien montrer la photo de la maison qui les attendait, là-bas. C'était pour dans pas longtemps.
Et puis ces derniers temps, des fois, en passant en voiture, on le voyait qui poussait les poubelles, avec le poids de nos merdes, dedans. Il était clair que c'était de plus en plus dur de pousser. C'était devenu épuisant.
Mai vous croyez que tout le monde a le choix ?
La dernière fois que je l'ai croisé, d'abord je ne l'ai pas reconnu. Je vois pas bien clair, mais quand même, il n'avait plus cette carrure de mec qui bosse avec ses mains. On a parlé un peu. Il portait quelque chose dans du papier transparent. Il m'a dit : "C'est pour Marie", sa femme, Madame Da Silva. C'était toujours un peu difficile les conversations avec lui, à cause de l'accent, et puis il parlait un français un peu sommaire. Mais là, j'ai tout compris, à son regard, avec ce sourire un peu triste dans les yeux, que ce cadeau, qu'il portait comme une poupée, c'était important, parce que c'était pour Marie.
A la levée du corps, il y aura sans doute des co-proriétaires et parmi eux, ceux qui depuis des années lui ont fait, ainsi qu'à Marie, des crasses sans nom, des trucs mesquins de petits cons et de petites connes de petits possédants qui exercent leur petit pouvoir de médiocres.
On essaiera d'oublier ces engeances sans grand intérêt et de se rappeler la gentillesse de Monsieur Da Silva.
Qui va bien nous manquer. Et on pensera très fort à sa femme et à ses enfants.


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Commentaires
M
Ma petit chérie,<br /> Nous avons accompagné Antonio (et oui, Antoine) Pereira Da Silva à l'église, à côté de chez nous. Tu sais, il y avait vraiment beaucoup de monde. Tu vois, des gens de rien peuvent être entourés de beaucoup d'amour.<br /> Dans l'église, je pensais à la mort des pauvres, des humbles.<br /> Le cercueil n'était pas luxueux.<br /> Mais M. Da Silva était couché, relax, au milieu de ceux, la plupart plus riches, qu'il avait passé sa vie à servir, qui se levaient,qui s'asseyaient, qui se relevaient etc.<br /> Une partie de la messe était en portugais, c'était bien.<br /> Maintenant, il repose chez lui, dans un village au nord du Portugal. A côté de sa maison.<br /> Maintenant aussi, notre combat va être : comment faire pour que sa veuve, Maria,ne soit pas virée. <br /> Je t'embrasse très fort.
T
C'est un bel hommage, Papa.<br /> C'est vrai qu'il la montrait, sa maison ?<br /> C'est beau et émouvant ce que tu écris.
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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