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Les petits pavés
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7 décembre 2006

L'horloger de St Paul

Lyon, 1973. Un brave homme d'horloger, habillé de la densité humaine de Philippe Noiret, va affronter son destin et devenir un homme libre.

L'horloger de SaintPaul, revu ce soir grâce à Cinéclassics est le premier long métrage de Bertrand Tavernier. Et comme souvent dans un premier film, on a l'impression qu'il y a fait entrer un maximum de choses à dire et à montrer, d'expériences vécues. A l'époque et après, Libération considérait le cinéma de Tavernier comme "pachydermique". C'est vrai, venu de Positif, Tavernier avait raté la Nouvelle vague. Pire, il travaillait avec Bost et Aurenche, les deux scénaristes auxquels Truffaut avait déclaré la guerre dans son article fondateur "Une certaine tendance du cinéma français". Il y dénonçait, avec raison, le cinéma de scénaristes tout puissants, fimposant de grands sujets et/ou l'adaptation de grandes oeuvres littéraires à des réalisateurs techniciens plus qu'artistes. Truffaut en appelait à un cinéma d'auteur. Ses modèles à l'époque étaient Hitchcock, Renoir et Rossellini.

Cependant, de l'Horloger à Un dimanche à la campagne (dernier film du magnifique Louis Ducreux), Tavernier a noué avec le duo Aurenche-Bost (puis Bost, après la mort d'Aurenche) des liens incroyablement fructueux.

Il reste de tout celà quelques films rares, de gauche et qui tranchent, esthétiquement et moralement avec les chiens perdus sans collier et leur bonne conscience d'avant la nouvelle vague.

Ceci nous éloigne de L'horloger, avec ses scénaristes, bien sûr, mais aussi ses acteurs, Jean Rochefort en flic fatigué, dépassé par la vraie vie (la sienne), Jacques Denis en impeccable militant communiste finalement revenu de tout et de ses convictions bétonnées dans la lutte des classes, la divine Christine Pascal, dans son premier rôle avec Tavernier, solaire, et bien sûr l'indispensable Philippe Noiret, horloger anarchisant qui se révèle vraiment lui-même en père de l'assassin. Ah, la scène finale où, sortant de la prison où il a visité son fils pour la première fois, lui ayant raconté une anecdote oubliée de la guerre de 40 (il avait giflé un gradé), il ote sa veste, la pose sur son épaule et marche lentement, avec une certaine nonchalance hautaine dans le soleil retrouvé, homme libre enfin, dégagé des pesanteurs sociales.

Film bouleversant et, malgré 2 ou 3 maladresses de débutant (qui nous ramènent près d'Yves Boisset), brouillon brillant d'une carrière majeure.


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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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