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Les petits pavés
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25 février 2014

Les Cent meilleurs films français, selon Les inrocks...

Ayrault port

 

Pour commencer aujourd'hui, un point d'actualité particulièrement brûlant : une des couvertures de Charlie Hebdo à laquelle vous aviez échappé cette semaine (à gauche de l'écran) avant de parcourir cette page.

Pour continuer dans le bon goût français, un point sur une bonne idée des inrocks en deux parties séparées par un entracte (ci-dessous).
Je ne relis pas, pas le temps, vous corrigerez les fautes d'orthographe et de goût, mais je suis obligé de publier maintenant, car si Les inrocks me précèdent (voir ci-dessous), ce billet n'a plus de sens.

 

 

- I -

ABoutDeSouffle3

Les inrockuptibles a eu l'idée (cependant, un magazine, fût-il rock et chic, peut-il avoir des idées ?) excitante de classer, en s'appuyant sur son staff ciné, les 100 meilleurs films français à ce jour (on peut rêver). Un cinéphile est un classeur assumé, un créateur de listes à défaut de créer des oeuvres listables et classables, donc, je le répète, cette idée est excitante, autant en ce qu'elle promet de nous dire du cinéma indigène, qu'en ce qu'elle permet de découvrir (en fait de confirmer, car nous ne sommes pas nés de la dernière pluie) du magazine de la modernité autoproclamée.
Et une question tout de suite, là, au débotté : la modernité est-elle compatible avec la cinéphilie, addiction des années 50-60, soit d'après guerre, alors que, tout le montre, nous vivons une période d'avant-guerre, donc de futilité coupable dont le prix à payer est la fin de la vie sur terre et, bien pire, la fin du cinéma, du jazz et des femmes froufroutantes.
Si l'idée est excitante, ce qui survitamine mon excitation est que ledit magazine moderniste n'a publié à ce jour qu'une partie de ce classement, du vingt-sixième film (qui se trouve être, à la surprise générale, n'est-ce pas ? A bout de souffle) au centième. D'où un bouillonnement de questions : QUI, QUELS FILMS pour les vingt-cinq places du Carré d'Or ? Et d'où ce billet, qui doit absolument être publié avant que Les inrocks révèlent leurs ultimes choix, sinon je suis ridicule.

Grémillon, Renoir, Vigo, Rozier, Rivette, Truffaut, Godard, Resnais etc., le Gotha de la cinéphilie française est salué par les premiers résultats de ce palmarès pour rire. Pour rire car franchement, on s'en fout un peu, c'est comme un jeu, sans enjeu. Mais pas risible, contrairement aux choix de Allo Ciné qui, sur les "100 meilleurs films de l'Histoire", ne classent que deux films français dans les cinquante premiers : Intouchables (ben voyons) et Afrik'Aïoli (??? Ah, dans ce cas...). Et ce classement pour rire est une sorte de contraception contre la mornosité à venir de la salade Césars.

ENTRACTE (musical)


Le retour à la vie des Pavés supposait celui de Florent Marhet qui y est chez lui.
Ici, pour France Inter, un titre peu diffusé de l'album Bambi Galaxy.

- II -

regle-du-jeu-1939-05-g

On peut tirer de ce classement, que je ne reproduis pas, quelques enseignements.

En premier lieu, il se confirme, ce que les personnes avec qui j'en parle n'admettent pas forcément, que pour être considéré comme définitivement "bon", un film doit avoir une certaine patine. Ainsi, le classement des inrocks consacre beaucoup plus de films "anciens" (années 30 à 70) que récents (années 80 à nos jours, celles des nouvelles modernités qui font les tendances d'aujourd'hui) et presque aucun postérieur à 2010. Il y a à ce principe d'heureuses exceptions, à la fois rares et justifiées. Ainsi, Holy Motors de Léos Carax (41° place), rejoint directement les étoiles en raison de sa force, de son courage, de sa totale inventivité, entre L'argent de Bresson et Zéro de conduite de Vigo. De même, La vie d'Adèle, seul film de l'année, entre au Panthéon des inrocks, et c'est justice.

Ensuite Les inrocks s'affirme, preuve à l'appui (en dévoilant les tendances du staff ciné) comme le représentant d'une nouvelle cinéphilie. On considère généralement que la cinéphilie est un phénomène d'addiction propre aux années 50 et 60 (donc intimement lié à la rédaction des Cahiers du Cinéma et à la Nouvelle vague française naissante), totalement dépassé. Or les choix des inrocks ne sont pas si éloignés de ceux qu'on pourrait supposer, par exemple, des Cahiers, si ce titre existait encore autrement qu'en auto-parodie. Avec cependant une aisance à bousculer les tabous et les certitudes que je ne trouve nulle part ailleurs dans la presse critique française.
Ainsi, A bout de souffle, le manifeste absolu de la nouvelle liberté de filmer, à l'origine d'à peu près tout ce qui se fait de nouveau et de non conforme dans le cinéma de ces 50 dernières années, est relégué à la 26° place, façon de reconnaître ce film majeur, mais de relativiser cette reconnaissance. Dans sa notule, J. M. Lalanne reconnaît que "le film reste une révolution stylistique inouïe", mais tempère son adhésion : "Sa nature de série B, même hydrocutée dans les courants les plus vifs de la modernité, en fait un film peut-être moins fascinant, moins inépuisable, que d’autres de Godard", ce que je ne pense pas. Il me semble au contraire qu'avoir adopté les oripeaux de la série B pour livrer un film refondateur est une des forces de ce premier long métrage de Jean-Luc Godard. Un crime de lèse-majesté chassant l'autre, Pierrot le Fou n'est que 43° (sur des milliers, je sais, néanmoins, j'ai un peu de peine pour La ligne de chance, La ligne de hanche d'Anna Karina).
Mais cette impertinence des inrocks, que je ne partage pas toujours, est à la fois féconde et source de remise en cause personnelle.

Enfin, parce qu'on ne va pas y passer l'hiver, Les inrocks n'a dévoilé jusqu'à présent qu'une partie de sa liste et le suspens (évidemment insupportable) reste entier quant aux vingt cinq meilleurs films du cinéma français, ce qui permet, vu les soixante quinze suivants, d'exprimer quelques conjectures, voire quelques souhaits.
En gros, que reste-t-il d'essentiel qui ne soit pas classé entre les places 26 et 100 ?
Ma première question est d'ordre idéologique : contrairement aux Cahiers, Les inrocks retiendraient-ils un film de Marcel Carné, totalement absent du classement déjà dévoilé. A mon sens, si Carné  été longuement méprisé par les cinéphiles, certains événements récents, expo à La Cinémathèque, rétrospective, sorties de films en DVD et Bluray, ont pu changer la donne. Auquel cas Les Enfants du Paradis, film monument, un peu écrasant auquel je préfère Le Quai des Brumes ou Le Jour se lève, peut figurer dans le classement, en tant que coup de chapeau au classicisme et au savoir-faire artisanal dans le cinéma français.
Jean Cocteau est jusqu'à présent curieusement absent du palmarès, lui qui a tant fait pour l'émergence de la Nouvelle Vague, notamment au Festival de Cannes de 1959, où il avait entraîné Truffaut, Léaud, Brialy et leurs potes. Il serait bien qu'un film aussi beau que La Belle et la Bête soit au rendez-vous.
Max Ophüls est déjà très présent, mais jamais trop. Lola Montès, dans le montage original qui ne nous a été révélé qu'il y a peu d'années, devrait figurer en bonne place parmi les plus belles réussites héxagonales. Et puis L'atalante de Jean Vigo, et puis Hiroshima Mon Amour d'Alain Resnais, sur un scénario de Marguerite Duras, et puis La Maman et la Putain de Jean Eustache, et puis Les Demoiselles  de Rochefort, film indépassable, et puis Play Time de Jacques Tati, et puis Sous le soleil de Satan de Maurice Pialat. Et puis, j'aimerais énormément que soit reconnu un cinéaste précieux et rare, Bruno Dumont, avec ce Hors Satan qui a remué tant de choses en moi.
Le mépris de Jean-Luc Godard devrait figurer dans les trois premiers films du palmarès. A bout de souffle et Pierrot le Fou ayant été déclassés, que reste-t-il en effet pour éviter à la bande à Kaganski le ridicule d'une sorte de déni de cinéma ? 
D'autres films me reviendront cette nuit à l'heure de dormir et je m'en voudrai de les avoir oubliés. Mais la première place ?
Elle revient évidemment à Jean Renoir, ça ne se discute pas plus que l'existence des chambres à gaz (comparaison inappropriée, je l'avoue), mais pour quel film ? Dans les années soixante, on était Beatles ou Stones. Aujourd'hui encore, on est Coca ou Pepsi (moi je serais plutôt Dr Pepper, voire même Talisker sans glaçon). Dans ce jeu de fromage ou dessert, les amoureux de cinéma se sont toujours affrontés, en paroles bien sûr, sur le choix définitif concernant Renoir : La Grande Illusion ou La Règle du Jeu. Ces deux films se suivent dans le temps et ont été, chacun, un four à leur sortie. J'ai toujours préféré La Règle du Jeu, mais à chaque vision de La Grande Illusion, je réévalue ce film prophétique. Comme il convient de faire un choix avant de clôturer ce billet un peu besogneux à écrire (et à lire, m'en parlez pas !), je parie sur La Règle du Jeu, ce film qui montre la lutte des classes avec une subtilité et une férocité rares. Mais ne pourrait-on en dire autant de La grande Illusion ?

Voilà. Pour récompenser les courageux lecteurs qui m'auront suivi jusque là, je vous offre en bonus, ce billet étant 100 % inrocks, l'avis de la rédaction du susdit magazine, sur ce que pourraient être les Césars cette année, si les membres de l'Académie des Césars allaient vraiment voir les films. Non, ce qui m'a séduit là et que j'ai envie de partager c'est l'unanimité s'agissant du jeune espoir masculin. Ce choix est, tardivement, dune telle évidence...


César 2014 : le palmarès rêvé des Inrockuptibles par lesinrocks

A bientôt, toutes et tous. Je vous embrasse.

 

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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