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Les petits pavés
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6 février 2013

Billet avec et sans parenthèses, dédicacé, mais je ne dirai pas à qui, où il n''est pas question de Young Mister Lincoln de Ford

Pas de musique cette semaine, même si nous avons assisté à une représentation de L'or du Rhin, qu'en dire ? La musique a tourné en rond, sur nos pick-ups toute l'année 2012 et le miracle Django Django, disque solaire, n'a pas tenu ses promesses en concert. Alors, 2012, ça a été Patti Smith, The Kills et Camille, Florent Marchet, voire Lou Reed. Rien de bien nouveau. C'est bien pourquoi, je n'ai pas trouvé utile de faire un bilan musical de cette année plutôt riche, mais sans grande nouveauté (je dirais bien : 2012, découverte de la sublime Amanda Palmer, mais l'annulation de son concert, prévu en mars à La Cigale (pour lequel nous ne sommes d'ailleurs pas remboursés) me lui fait faire un peu la gueule (un peu, pas beaucoup, sa prestation à La Maroquinerie, alors qu'elle était malade, est un souvenir merveilleux, artistique et humain).
Je voulais vous mettre, pour ceux qui prennent la peine de cliquer le lecteur Deezer, un titre inédit du dernier album de Benjamin Biolay, Je ne passerai pas l'hiver (qui n'est pas sur le disque Vengeance et surtout qui n'est pas un duo avec n'importe qui). Mais Biolay, après les virils barytons wagnériens, ça le fait pas trop. Et traînant ce soir (mardi) une crève que je présenterai à mon médecin demain matin (caugh caugh), je ne souhaitais pas anticiper, on ne sait jamais.

Ciné,
Petits trucs en passant

Festival Films Droits de l''Homme

La 11ème édition du Festival International du Film des Droits de l'Homme s'nstalle à Paris (en particulier au Nouveau Latina) et dans quelques villes de banlieue du 5 au 12 février 2013. Au programme 24 documentaires de création, dont 11 inédits en France abordant six thématiques : Parcours d'enfance, Mouvements dans la ville, Combats de femmes, Droit à la parole - Droit de l'environnement, Détentions, Empreintes de la violence. Des films, mais aussi des rencontres, master class, expos photos, salon du livre etc.
Beaucoup de choses se passeront au Salon Rouge, salon de thé et librairie au 1er étage du Nouveau Latina, 20 rue du Temple à Paris (4ème). Passez y boire un coup entre deux initiatives, la jolie serveuse est très sympa.
Cliquer l'image pour le programme complet (au format .PDF).

Autre chose :

En signalant qu'elle était sans rapport avec son actualité (dommage !), la Cinémathèque a gazouillé cette photo de Frank Sinatra, alias The Voice, alias The Dick, sans indiquer sa provenance (dommage !). On savait Frankie accroché à la bouteille, tout comme son ami Martin (Dino) ; on ignorait cette faculté, en cas de cuite, de non seulement rouler sous la table, comme tout le monde et comme Martin, mais d'aller rouler s'il le faut sous la chaise, utilité d'être de taille modeste ? (cf le compte Twitter de la Cinémathèque)

Sinatralala

Sinon,

pas de film mémorables vu cette semaine (voir ci-dessous). On verra peut-être Rendez-vous à Kiruna, parce que JP Darroussin, même dans un film apparemment assez plat, ça ne se boude pas, tant cet acteur rejoint, d'année en année, les plus grands parmi les acteurs français ayant fait carrière après 50 ans (il en a eu 60 en décembre), comme les géniaux Noiret (quelle perte !), Rochefort, Lonsdale ou Bouquet.
J'aurais adoré revoir La mort en direct de Bertrand Tavernier, histoire d'anticipation (??) d'un homme (Harvey Keitel, au sommet de sa beauté) à la caméra greffée dans le cerveau, payé pour filmer tout ce qu'il regarde. Et il regarde une femme, Romy Schneider, bouleversante, qui a choisi de mourir en liberté, donc sans être filmée.

Dans les sorties du jour, deux titres ont attiré mon attention, soit en raison d'une BA séduisante (Wadjda, en outre premier film saoudien de fiction et, de surcroît, réalisé par une femme, Haifaa Al Mansour, le tout étant bien excitant pour l'esprit), soit en raison de la personnalité de son réalisateur, Jean-Claude Brisseau, le Paul Claudel du porno (La fille de nulle part, titre assez tarte à la Patrice Leconte, mais on fera avec). Quant à Hitchcock, je m'interroge. D'abord, comment survivre à un acteur aussi insupportable qu'Anthony Hopkins, qui pour moi est associé au pire des cinémas : les biopics, justement, (n'a-t-il pas, triste sire, interprété Picasso ?) et le conservatisme anglais tiré à quatre épingles de James Ivory ; Hopkins est tellement vieux dans son jeu - vieux jeu - que la production du prochain Darren Aronofsky a tout de suite pensé à lui pour le rôle de Mathusalem... Ça ne s'invente pas ; ensuite comment supposer qu'en montrant à l'écran un des maîtres les plus incontestables du cinéma, fausse debaine en avant, on puisse ne pas se planter ?
En même temps je suis, je l'avoue, intrigué. Donc si  E. tient à faire l'expérience,  je la suis.

On est (toujours) pas des Charlots

Pas de changement notable dans les films à vous conseiller, les 2h10 (c'est vraiment une maladie !) passés Dans la brume, avec le film russo-allemand de Sergei Loznitsa, malgré une construction intéressante (les trois retours en arrière qui exposent ce qu'on doit savoir des trois personnages principaux et contredisent ce qu'ils semblaient être) et une belle utilisation des décors naturels biélorusses, m'ont semblé peu convaincante. Quelques résonnances, toutefois, avec l'étrange et envoutant roman Purge, le très beau livre de Sofi Oksanen.

Chaplin_5_B5
DJANGO UNCHAINED
de Quentin Tarentino (USA)
BLANCANIEVES de Pablo Berger (Espagne)

Chaplin_4_B4
EL ULTIMO ELVIS de Armando Bo (Argentine)
ZERO DARK THIRTY de Kathryn Bigelow

Selon une gainsbour(g)inade, "l'amour physique est sans issue".
Peut-être, mais le plaisir de la lecture, lui, est infini.
Ce qui compense agréablement.

Menteurs amoureuxDimanche, je traînais élégamment (sourire) mon spleen dans les petites rues qui encerclent la Bastille, en attendant l'Happy Hour (18h-20h) d'un excellent mais cher bar à cocktails, quand je suis entré dans la petite, mais belle librairie La Manoeuvre, pour y acquérir un livre de Richard Yates, Menteurs amoureux, recueil de nouvelles  publié l'an dernier par Robert Laffont et traduit par Aline Azoulay-Pacvon. J'avais découvert Richard Yates, comme plusieurs autres auteurs (Laura Kasischke en particulier), grâce à la précieuse chronique de Nelly Kaprièlian qui l'avait présenté, à la sortie française de Easter Parade (in Les inrocks, 30 octobre 2012) comme "un auteur illustre tombé dans l'oubli", quelqu'un qui a clairement influencé des auteurs aussi incontestés que Richard Ford ou Raymond Carver (et, par exemple, adulé par Joyce Carol Oates), mais qu'on ne li(sai)t plus... jusqu'à ce qu'une actrice dont le joli visage dissimule (mal) une tête bien faite, Kate Winslet, le lise et en subisse un impact suffisant pour demander à son Sam Mendes de mari d'adapter au cinéma Revolutionary Road, sous le titre plus connu ici des Noces rebelles (l'art de titrer livres et films est subtil et l'ouvrage s'appelle en France La fenêtre panoramique (Robert Laffont, 2007)). Ce qu'il fit avec Kate, Leonardo di Caprio et le succès public et critique (excessif à mon sens) que l'on sait. Richard Yates était (re)lancé, fut-ce à titre posthume.

Richard Yates jeuneLa belle Nelly Kaprièlian titrait il y a quelques mois sa chronique "Menteurs amoureux, ou comment rater sa vie par Richard Yates", en précisant dans le corps de son papier : "Richard Yates reste le maître de toutes les formes de ratages familiaux ou amoureux – ou comment gâcher sa vie sans s'en rendre compte alors que cela ne tenait qu'à un cheveu de la réussir. Le bonheur est à portée de main mais, trop préoccupés par leurs illusions, les mensonges qu'ils se servent, et parfois même leur sottise, les personnages yatiens le manquent avec un certain panache." (in Les inrocks, 10 octobre 2012). On ne peut mieux exposer l'univers de cet écrivain singulier.
Référer, ma très chère E. est une maladie dont nous critiquons tous deux les effets ulcéreux sur la pensée, néanmoins je ne peux évoquer Richard Yates sans invoquer deux légendes américaines : Edward Hopper, pour l'image statique d'une certaine solitude et Raymond Carver, qui a plus que tout autre élevé le ratage  total au niveau de l'oeuvre d'une vie.

Puisque j'ai beaucoup cité dans ce billet, je laisse les mots de la fin, une fois n'est pas coutume, à Éric Neuhof du Richard Yates vieuxFigaro, critique ciné souvent désinvolte, qui tuerait un Apitchapong pour faire un bon mot pourvu qu'il soit cynique, mais qui ouvre parfois un coeur de midinette aux auteurs qui ont su le toucher : "On se croirait chez un Modiano qui aurait remplacé le XVIIe arrondissement par la Californie. Beaucoup de divorcé(e)s, d'artistes ratés, de chèques qui n'arrivent pas. Les héroïnes ont de grands corps blêmes, comme sur des toiles de Hopper. Leurs amants ne se font guère d'illusions. Ils veulent rompre, n'y arrivent jamais, par lâcheté, par habitude. (...) Les espoirs se rabotent jour après jour. Pourtant, on continue à attendre que le téléphone sonne. On se verse un autre whisky, le dernier, puis encore un. (...) De ce recueil, une image surnage, terrible, bouleversante: ce type brisé, perdu, qui tourne la manivelle d'une boîte à musique qu'il avait offerte à sa fille. Au bout d'un moment, il l'actionne à l'envers, ne peut pas s'en empêcher. C'est du Yates tout craché. Il trouve toujours le ton juste, la réplique qui atteint le noir de la cible, la scène apparemment banale qui traduit un désespoir sans égal."

Illustrations de cette partie (outre la jaquette de Menteurs amoureux) :
- R. Yates jeune
- R. Yates moins jeune


Rien à voir,
mais à voir

En fait à lire.
On a retrouvé un texte inédit de Jean Cocteau, un conte appelé La croisière aux émeraudes écrit en 1951 à Saint-Jean Cap Ferrat. Apparemment, des questions de droit (probablement pas d'auteur, parce que depuis 1963...) ont empêché la publication de ce texte, qui sera orné de dessins, donc illustré par l'auteur. Dont j'aime bien la photo, dans l'eau, prise à cette époque, à St Jean (Cocteau). Il ne savait pas nager, ce qui n'étonne pas vraiment. Cocteau n'était pas, en plus, un athlète ou un sportif. Là, il se tient à l'échelle du bateau et fait semblant de nager. J'aime bien son bob et son air "là, je ne suis pas dans mon élément, mais je souris pour la photo".

Cocteau nageur

Quelques petits mots pour finir.
Mercredi dernier, j'ai titré mon post (qui n'a suscité aucun commentaire des vivants) d'une phrase de FW Murnau, qu'on peut lire en intertitre dans Nosferatu. Ai-je invoqué ce qui ne devait pas l'être, mais depuis quelques jours les fantômes (en fait un fantôme bien identifié, mais que sait-on de la multiplication des âmes mortes ?) viennent hanter mes nuits, lorsque je ne dors pas ou plus, me terrassant comme au fond d'un caveau de terreur.
Et que lit-on, quand on lit la presse ?
Que Tupac (dont j'ignorais l'existence, voire la non-existence), décédé en 1996, a donné un concert aux Etats-Unis devant 75000 personnes, au printemps dernier. J'apprends qu'Elvis Presley, Jimi Hendrix et Jim Morrison préparent leur retour en scène. Pourquoi pas Claude François ou Jean-Jacques Goldman, pendant qu'on y est ? Bien sûr, il s'agit d'hologrammes,  une sorte de 3D sans les lunettes à 2 euros. Mais, outre que certaines photos font réfléchir (frémir ?), le prix des places, ça m'étonnerait qu'il soit réglé en billets de Monopoly. Ca sert à acheter des fleurs aux chers disparus bruyants ?
On peut lire d'autres choses sur des thèmes pas si éloignés. Ce qu'on pourrait appeler créer de l'actualité de toute pièce pour la faire mousser. Ainsi, 2013, serait l'Année Gatsby, l'année qui va nous faire bouffer du héros ténébreux et solitaire, bien que magnifique. Scott Fitzgerald sera partout, alors que ce n'est même pas son anniversaire : une pièce de théâtre-marathon d'une durée de 8 heures, Gatz, une comédie musicale à Broadway et Londres, un film à gros budget avec Léo soi-même en Gats. On parle même d'une théorie économique, The Gatsby Curve à la mode à NY... Et les télés, et les mags, et les livres commémos... Et je verrais bien un biopic anglais avec Beckham en Scott.
On pourrait leur demander, à tous, de nous foutre la paix et de nous laisser tranquilles et seuls dans le silence brûmeux des cimetières ?

Bonne semaine, les athlètes et les petits bras.
Soyez heureux.
Retrouvez votre compagne ou votre compagnon
et profitez-en pour faire la fête.

 

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Commentaires
M
Réponse à personne en particulier. Mais la photo de Sinatra est géniale, non ? C'est pas moi qui l'ai prise, d'ailleurs. J'aimerais savoir d'où elle vient, ce qu'elle nous dit de ce merveilleux chanteur, acteur et, paraît-il, amant.
M
Le passage que tu as choisi est très beau, très représentatif de l'écriture de Yates. Même si je bute sur un mot.<br /> <br /> Amazon US ne couvre pas le pays des indiens ? Les USA sont partout, non ?<br /> <br /> J'ai ressorti les Charlots, mais depuis, aucun film nouveau à promouvoir.<br /> <br /> Juste un mot, je ne suis pas très fan des nouvelles, mais certains auteurs (Carver) se sont épanouis dans ce format. De Yates, je préfère les romans, mais dès la deuxième nouvelle de Amoureux menteurs ou un truc comme ça, mes yeux se sont embués.<br /> <br /> Merci pour tes souhaits, que je me permets de te retourner.<br /> <br /> Bises numériques (je tiens une crève d'enfer).
T
“Know what we did, Lucy? You and me? We spent our whole lives yearning. Isn’t that the God damndest thing?”<br /> <br /> — Richard Yates, Young Hearts Crying<br /> <br /> typique !<br /> <br /> Je me demande si je trouverai Yates ici en librairie... ça serait chouette !<br /> <br /> <br /> <br /> Au fait, tu as bien fait de ressortir les Charlot de leur tiroir où ils devaient s'ennuyer.<br /> <br /> Je te souhaite une jolie 2e partie de semaine.
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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