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Les petits pavés
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12 juillet 2012

Petit article de saison

Je n'ai rien publié sur ce blog depuis le 17 mai dernier et rien écrit depuis le 25 mai. Comme presque tout le monde, je me suis posé la question existentielle : à quoi ça sert ce machin, pourquoi ne pas arrêter ?

9782130580188Et puis, à de multiples reprises, je me suis surpris à élaborer dans ma tête le projet d'un post nouveau, parce que j'avais été troublé par un film (comme Faust et, tout récemment,  Holy motors) qui me donnait envie de partager, de poursuivre mon soliloque devant vous, commencé un livre qui parle tellement bien de cinéma, qui en exprime avec grâce les beautés et les complexités, qu'il me peinait de rester unique propriétaire de mon plaisir (Dictionnaire de la pensée du cinéma, PUF Quadrige, sous la direction d'Antoine de Baecque et Philippe Chevallier), participé à la Marche des Fiertés, pour une fois au coeur du mouvement, de son énergie, de ses plaisirs solidaires et non sur ses marges (j'en ai ramené quelques photos). Encore, j'ai pu évoquer un épisode de ma jeunesse que je pensais enfui et enfoui sous les souvenirs parasites, mais non, suivre avec toutes les fibres de mon corps et toute l'évanescence de mon âme un concert des Kills, violent, séminalement correct, ou encore versé des larmes amères (bien que toutes intérieures) au spectacle glacé du trop grand âge impuissant même à rendre compte de la violence rentrée de la nostalgie (le concert de Lou Reed à l'Olympia, impeccable comme un costume trop bien repassé, triste comme une cravate de deuil, sans autre surprise qu'un ennui de moule sur un rocher).

Donc, la vérité c'est que je n'ai pas encore vraiment envie de fermer cet espace d'expression, ce blog mais, en même temps, je ne sais pas trop comment y revenir. Il faudrait un événement particulier, quelque chose qui fait réfléchir ou rire, qui fait du bien ou du mal, quelque chose qui justifie une nouvelle sortie du bois, même au risque de m'y réfugier à nouveau pendant deux mois ou plus.

Aujourd'hui, j'ai fait une chute, bête et violente comme une agression, j'ai l'impression de m'être cassé le dos et je me dis qu'on n'est jamais à l'abri d'un accident et autant ça ne fait pas le sujet d'une publication, autant une certaine raideur dans les cervicales me donne à penser à la vanité du monde et des choses et au fait que je n'ai pas forcément besoin d'un sujet balèze pour revenir saluer, tant que j'en ai la possibilité.

Cleo_5_a_7_432821BEAlors voilà, la météo est catastrophobique, c'est un temps à voir des films au sec et au chaud (quoique certains exploitants de salle se croient en été et mettent la clim comme si on était entré pour se rafraichir, alors qu'on est ici pour trouver un peu de chaleur) et les mois d'été sont toujours riches en reprises. Le Festival Paris Cinéma aussi et lundi, Agnès Varda présentait Cléo de cinq à sept au Grand Action, mais on l'a ratée ou on l'a raté. Comme on est en train de rater la diffusion en numérique de Jules et Jim, cinquante ans après. Putain ! Cinquante ans... Moi, j'ai toujours préféré Jules, l'ami/amant allemand, joué par Oskar Werner, cet acteur qui a fait un petit parcours avec Truffaut (le rôle de Montag dans Farenheit 451, aux côtés de Julie Christie, outre le rôle de Jules, l'amant éternel de Catherine-Jeanne Moreau, femme incarnée, éternelle, femme-éternité). 50 ans, je ne suis pas près de m'y faire. Et vous ?

Cette semaine, j'ai vu To Rome with love et c'était tellement émouvant de retrouver Woody Allen, même faisant du Woody Allen, même si, je suis d'accord, c'est un film raté. Mais rater un film avec to_rome_with_love_1_recadrecette légèreté, ce bonheur de montrer (même si on montre des horreurs comme certaines femmes, certains hommes, certains lieux, ce que sont devenus ces lieux ; c'est la première fois à ma connaissance qu'on ne peut , chez WA, absolument pas s'identifier à un personnage, sauf, --et contrairement aux personnes qui racontent tout et gâtent le plaisir des autres je n'en dirai pas un mot de plus --, le directeur de l'entreprise funéraire). C'est un film par lequel on se laisse porter, c'est un nuage de champagne peut-être un peu tièdi et puis, une heure après la projection, on sait que cette comédie n'est pas si drôle, que s'il a fait le choix d'une certaine facilité, c'est parce que le cinéaste a eu du mal à formuler son propos, une sorte de mise en scène théâtrale et bouffone de la mort, de sa propre mort, de celle, démocratiquement, de chaque spectateur. Et puis ce n'est pas tous les jours qu'on se laisse envahir par un rire convulsif et presque douloureux, comme ça m'est bien arrivé trois ou quatre fois pendant la projection, car certaines scènes sont vraiment drôles, comme on a du mal à être drôle au cinéma (en fait, je n'avais plus autant ri depuis De rouille et d'os, mais le rire de Woody est à l'opposé de la vulgarité "virile" d'Audiard. Je me demande parfois si, sous le discours tout en couilles d'Audiard, son comique n'est pas involontaire).

En fait, je n'avais pas l'intention d'écrire sur les films vus (là, vous échappez à Faust et à Sokourov, dommage), cette chute qui a remué mes points de névralgie jusqu'à les mélanger et offre un espace nouveau, particulièrement inutile, à cette saloperie d'arthrose, m'a juste donné envie de venir dire un petit bonjour (si, en raison d'une lésion furtive, je n'atteignais pas le matin sous la forme vivante que je me suis toujours connu, ça ferait rire Léos Carax que je continue à publier ce blog de l'eau de là-bas). Donc, j'y viens. Profiter des vacances et de l'été pourri pour voir ou revoir des films d'un autre temps mais qui conservent leur pouvoir de séduction, ce n'est pas bêtement perdre son temps.

Parmi une très belle programmation de rééditions, qui tranche avec une actualité parfois grisâtre, je vous propose trois événements ciné, chers à ma mémoire. Comme le cinéma à plus à montrer qu'à dire, je resterai muet ou presque devant ces trois bandes-annonces, quitte à revenir sur les films après les avoir revus.

En premier lieu, pour le trio Billy Wilder, Jack Lemmon et surtout Shirley Mac Laine (trio, également, de mon Irma la Douce) une comédie dure et tendre (genre "les temps sont durs aux âmes tendres"), La garçonnière.


Ensuite, pour Anouk Aimée, pour Jacques Demy et Madame Varda, pour la musique de Michel Legrand et le noir et blanc en cinémascope filmé par Raoul Coutard, c'est elle, c'est Lola.


Enfin, la réédition après remastérisation de cinq films majeurs de John Cassavetes est une sorte de miracle. Il y a peu, je cherchais en vain, de FNAC en Amazon, ces films que j'ai tant aimés, mais ils semblaient avoir disparu. Je me suis demandé, avec un certain effroi, si Cassavetes n'était pas oublié, si son cinéma, tellement novateur, n'était pas désormais considéré comme dépassé, incompatible avec la modernité. Alors que Cassav EST la modernité. Pourtant, une très belle édition en DVD de Husbands chez Wild Side (merci à toi de me l'avoir offerte) permettait de ne pas trop injurier l'avenir. Mais cinq films d'un coup, c'est un coup de chance, c'est un bonheur.
Les cinq sont indispensables et iront rejoindre ma vidéothèque dès qu'ils seront disponibles à la vente, mais j'en retiens deux à revoir au cinéma : pour John Cassavetes, que j'aime, pour Gena Rowlands, que j'aime et pour Peter Falk et Ben Gazzara, des acteurs qui nous aiment, ça se voit : Une femme sous influence et Opening night. Le premier est avec Gena et Peter Falk, le second avec Gena, John et Ben Gazzara.

 

Bonnes vacances, bons films, à bientôt peut-être.

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Commentaires
C
Tu vois, Michel, j’aime quand tu te débarrasses quelque peu du masque culturel pour nous révéler ta sensibilité au quotidien.<br /> <br /> Je crois d’ailleurs que si tu nous causes tant et si bien de cinéma, par exemple, c’est pour nous dire combien tu souffres du fait que le scénario de nos vies soit si élémentaire…<br /> <br /> Tu vises si juste quand tu me ressens plein d’espoir, là où d’autres me voient broyant du noir.<br /> <br /> Puisque tu m’invites encore une fois à rejoindre Léo :<br /> <br /> Allez : « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » et pourquoi pas par Philippe Léotard ?
M
Je voulais poster des photos, certaines e la Marche des Fiertés, certaines plus récentes qui dévoilent le ciel de Paris tel qu'il fut ces jours-ci. Je suis de retour au bureau et l'ambiance se partage entre la Nuit des longs couteaux et la Saint Barthélémy. Heureusement, je ne travaille pas dans l'administration.<br /> <br /> En fait, si j'ai un peu de temps, j'ai envie de publier un truc, même rapide, à propos de mes vacances. Faisons le décompte entre ce moment où j'exprime ce souhait et celui de la publication. Ça sera révélateur de mon occupation réelle au mois doux.<br /> <br /> En attendant, je profite de tes photos, dont certaines parisiennes me donnent envie de repartir découvrir ma ville.<br /> <br /> A bientôt vieux camarade de classe.
M
A toi aussi ma réponse est tardive, mais s'écrire n'est qu'une autre façon de communiquer ce que nous savons être une chose précieuse, le temps partagé.<br /> <br /> Ton commentaire mentionne des films à venir et ils sont venus, les deux Cassavetes, Lola et le dernier Batman. Préciosité, trois pierres délicates sur notre chemin, celles portées par Gena Rowlands, celle qui leste Lola la belle à son destin d'amoureuse transie et un pavé définitivement indigeste, trop lourdingue pour prendre son envol.<br /> <br /> Je reviens bientôt, puisque je travaille à nouveau. Et toi ? Tu attends le 27 ?
M
Je réponds tardivement à ton commentaire qui m'a ("Le jour de gloire...") fait penser à Léo Ferré. Et invité à te visiter et ("on couche toujours...") mes visites, depuis, ont confirmé l'intuition Ferré, une des plus belles qui soient, d'ailleurs. Dans un post que je n'ai pas publié, je faisais chanter Léo par Philippe Léotard, un de ceux qui a su le mieux exprimer les fêlures de notre cher anar. Le temps du tango ("le cœur, ça se dit corazon, en espagnol, dans les tangos").<br /> <br /> A bientôt, camarade plein d'espoir.
P
a quand le prochain article, que je puisse juste venir , de temps en temps , voir si la météo de Parus est belle?
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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