Man Ray, La prière
Suite du Calendrier de l'Avent 2010.
La photo est La prière de Man Ray (1930).
Le texte est de René Char,
Allégeance (1988) :
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour,
chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
A son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour,
chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima
et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
René Char
(Éloge d'une soupçonnée)
J'aurais bien associé ce texte et cette image au Marteau sans maître de Pierre Boulez, mais on ne trouve pas d'enregistrement d'origine sur Deezer, mon fournisseur de notes. Or, tout, ici, se veut d'origine, bien sûr.
Donc, l'illustration musicale est très personnelle. C'est une version peu connue mais que j'aime bien de My foolish things par Chet Baker.