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Les petits pavés
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9 avril 2010

Guilherme Hauka Azanga : l’odeur délicieuse de la liberté

Est-ce que tu vois, toi aussi, quand tu fermes les yeux, quand tu serres le poing,
Haut vers le ciel, est-ce que tu sens l’odeur délicieuse de la liberté ?
Quand tu craches des soleils, la tête haute, dans le vent, quand tu chantes à tue-tête
A l’amour qui revient, couronné de lauriers.
(Cali, Mille cœurs debout)

Guilherme_libre
Sortie de rétention jeudi soir : Guilherme et Florence
(Photo Bertrand Gaudillère,
 Collectif Item)

Ça me donne envie de faire du bruit et de foutre le bordel avec Cali, dont l'engagement discret auprès des sans-papiers, avec RESF, notamment hors caméra, est incontestable et me le rend très sympathique, même s'il n'était pas forcément indispensable, cher Bruno, de publier tous ces machins en public...

 
Dominique Noguères (Ligue des Droits de l'Homme), avocate de Guilherme Hauka Azanga témoigne de la journée de jeudi qui a vu l'acharnement des autorités à jeter le ressortissant angolais hors de la patrie des droits du petit homme tourner au délire (source RESF). C'est écrit vite, pour témoigner, c'est pas de la littérature. Et je dis ça sans le moindre mépris, évidemment.

Bonsoir
Rude journée dans la triste logique de l’acharnement envers les étrangers et du délire total auquel nous avons assisté.
Je me suis occupée aujourd’hui de ce Monsieur Angolais que la Préfecture du Rhône essaye d’expulser depuis longtemps déjà.

Le juge des Libertés de Lyon avait prolongé sa rétention jusqu’à demain vendredi 11 heures du matin. Hier soir il a été embarqué  vers 19 heures à l’aéroport de Lyon Bron dans un avion spécialement affrété par le Ministère de l’Intérieur en direction du Bourget. L’aéroport de Bron ressemble à un camp retranché, les CRS bloquant tous les accès et les hélicos tournant au dessus, pour surveiller ?
Menotté à bord de cet avion, ce Monsieur à l’arrivée au Bourget est attendu par 30 CRS et 6 voitures de police, excusez du peu. Avant de monter à bord d’une d’entre elles il est entièrement ligoté de la tête aux pied comme un saucisson et on le bâillonne (il dira que c’était comme une muselière) . On l’emmène à la PAF de Roissy où il attend pendant plus d’une heure toujours ligoté et entravé sans pouvoir ni s’asseoir ni se tenir debout, on lui refuse à boire et d’aller aux toilettes. Enfin on l’emmène en voiture au pied de l’avion  pour Luanda où il est monté par l’arrière comme un paquet toujours saucissonné. Le commandant refuse de partir avec lui.
Il est redescendu de l’avion et repart à la PAF, on est gentil on lui désentrave les jambes et on lui enlève son bâillon mais il est toujours ligoté à partir des genoux.
Après de multiples coups de téléphone, les policiers le remettent dans la voiture et le ramènent à l’avion. Le commandant de bord refuse alors de faire ouvrir les portes de l'appareil.
Il repart à la Paf et là les policiers ne savent plus quoi faire, on le désentrave, il est fatigué il n’a pas d’endroit pour se reposer on lui dit que les locaux ne sont pas faits pour ca. Il est quatre heures du matin.
A cinq heures du matin il est transféré au centre de rétention de Bobigny.
Ce matin je m’inquiète de voir qu’il n’est pas sur les listes des comparutions immédiates pour les refus d’embarquement, le Parquet me confirme qu’il n’est pas déféré. Je vais alors au centre de rétention à Bobigny où je rencontre un homme épuisé, très nerveux, apeuré.
A la fin de l’entretien au moment où nous nous séparons il est emmené de force et je comprend qu’on va à nouveau tenter de l’expulser. Je ne peux rien faire. Il disparait derrière une porte et les policiers ne sont au courant de rien.
Je me trompe de porte en repartant et reviens sur mes pas pour constater qu’effectivement on lui a remis son paquetage. Sa femme attend en bas pour le voir, elle ne le verra pas. Les policiers expliquent qu’il prendra un avion  au Bourget à 17 heures 30 pour une destination inconnue.
Les recoupements sont vite faits il n’y a pas de vols de Paris pour Luanda aujourd’hui mais de Lisbonne  ou Francfort.
On organise en urgence une conférence de presse à 16 h 30 à la FCPE avec une bonne couverture médiatique et on attend.
Enfin à 22 heures on apprend qu’il sera libéré, l’avion finalement parti pour le Portugal n’ayant pas eu l’autorisation d’atterrir.
Il est revenu à Bobigny et a été libéré du CRA  il y a quelques instants.
Communiqué laconique du Préfet du Rhône  indiquant qu'en raison de l'impossibilité d'exécuter la mesure, il le remettait en liberté.

Résumons : déploiements de police incroyables, deux avions spéciaux , un aller et retour pour rien à Lisbonne , mais surtout des mauvais traitements, des traitements inhumains et dégradants.
On est  épuisés, heureux qu’il s’en soit sorti ,mais dégoutés de ces méthodes indignes.
Merci aux formidables mobilisations des militants.
C’est nous qui aurons eu le dernier mot, na   !!!

Dominique

Diaporama des photos du retour de Guilherme sur Flick'r

Il faudra mesurer le coût en euros, pour l'État de cet acharnement bureaucratique et le bilan carbone de ces aller-retours pour rien en bagnoles, en avions etc. On pourra toujours nous dire, après, qu'il est important de faire des économies et d'agir contre le réchauffement de la planète Terre (une planète où, entre parenthèses, il n'existe pas d'étrangers).

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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