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Les petits pavés
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11 janvier 2010

Eric Rohmer est mort

Éric Rohmer, qui fut l'un des plus secrets des cinéastes, est mort. Compte-tenu de son âge, on dira que c'est dans l'ordre des choses.
rohmerfoto_540Ces dernières années, je ne voyais presque plus les films de Rohmer, je dois l'avouer. Mais comme c'était rassurant de savoir que cet intellectuel devenu cinéaste par passion, alors que sa formation littéraire l'avait conduit à enseigner, continuait à faire, en artisan, ces films où l'on parle trop, de Blaise Pascal et de l'amour, de la religion qui rend les femmes plus belles.
On connait le canevas : "Tandis que le narrateur est à la recherche     d'une femme, il en rencontre une autre qui accapare son attention jusqu'au     moment où il retrouve la première."Ce postulat avait été formulé à l'occasion de son premier court-métrage, La boulangère de Monceau et il irrigue ses films à la philosophie légère, un peu dandy, un peu parisienne.
Comme Perec en littérature, il aimait s'imposer des contraintes qui le conduisirent à construire des séries de films au thème identique, variante, généralement du postulat de La boulangère... Il y eut donc les six "Contes Moraux", les six "Comédies et Proverbes" ainsi que les quatre "Contes des quatre saisons".
Ma nuit chez Maud est le film de Rohmer que je préfère et aussi un de mes films préférés. Son marivaudage élégant, son constant double-sens, son équilibre parfait entre sensualité et raisonnement m'a toujours ravi. Comme aujourd'hui certains sites nous permettent de voir et de partager des extraits de films, j'ai eu envie de vous en livrer un passage. Comme je ne trouvais pas celui que je souhaitais, j'ai hésité entre deux scènes, une conversation à trois,  Le scientifique catholique,(Jean-Louis Trintignant), le professeur de philosophie marxiste (Antoine Vitez, hé oui) et Maud (Françoise Fabian), sur Pascal, la religion, la science, le sexe, l'amour et la scène qui suit, laissant Maud et Jean-Louis seule à seul, pour la nuit.
J'ai choisi la seconde. Ce badinage poli qui balance de la morale au physique est un délicieux chant érotique.

L'extrait est tronqué, j'en suis désolé.

Je suis conscient d'avoir voulu intellectualiser cette mort "naturelle". Comme pour repousser la montée à la conscience de cette évidence qui commence à me tourmenter. Peu à peu, c'est le cinéma qui meurt, bobine par bobine, image par image et c'est infiniment triste pour ceux qui restent.

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Commentaires
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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