1959 : L'affiche rouge, Ferré met en musique Aragon

Les "Strophes pour se souvenir" ont été écrites par Louis Aragon à la demande du PC pour la commémoration, en 1955, de l'assassinat le 21 février 1944, au Mont Valérien, de 23 membres des FTP-MOI parisiens, aussi appelés Groupe Manouchian.  Mercredi dernier, Serge Klarsfeld, qui a passé sa vie à traquer les criminels nazis et aujourd'hui à construire aux 1007 fusillés du Mont Valérien un monument ou une sépulture d'Histoire décents, a révélé l'existence de trois photographies, prises sur son Minox par un sous-officier de la Wehrmacht. Ces photos sont les premières d'une exécution collective au Mont Valérien. Elles montrent l'exécution de membres du "Groupe Manouchian. Elles sont bouleversantes et si leur qualité technique est faible (le sous-off risquait gros et il a déclaré que  saisir les derniers instants de ces condamnés pour faits d'héroïsme était pour lui "un acte de résistance silencieux") leur portée historique et sentimentale est considérable. Ces photos ont été publiées dans Libération et je ne les reproduirai pas ici, en raison de leur caractère.

En 1959 (le Calendrier de l'Avent continue, avec ses moments gais et ses moments tragiques, c'est la vie), Léo Ferré mettait en musique le poème d'Aragon, sous le titre L'affiche rouge.

Je ne trouve pas sur le net la version qui me bouleverse le plus de cette "chanson" qui est celle de Lavilliers. Voici celle de Monique Morelli qui, à défaut d'une chanteuse célèbre, a été une chanteuse honnête et talentueuse. Je trouve sa version très belle, très pertinente.

Comments

[Michel]

Claude, une légère rectification. Ce n'est pas La Lettre de Manouchian qui est lue, mais celle de Guy Môcquet, un très jeune communiste fusillé comme otage. Il avait d'ailleurs été arrêté bien avant l'entrée en résistance du PC et aurait dû être relâché, s'il n'avait subi une sorte d'acharnement administratif. Mais ne crois pas que cette récupération passe bien ici, notamment dans le corps enseignant.
Malheureusement, le rituel de cette lecture relève d'une vision purement utilitariste de l'histoire, écume de la société du spectacle. De même nature que cette déclaration hallucinante d'Estrosi, maire de Nice et affidé du roitelet. Pour lui, « si le peuple allemand avait entrepris de s'interroger sur ce qui fonde réellement l'identité allemande » en 1930, cela aurait permis d’« éviter l'atroce et douloureux naufrage de la civilisation européenne ». Quelles conneries on n'inventerait pas pour rester un courtisan...
A très bientôt

[Claude]

Merci pour ta réponse Michel.
En fait, ce que j'aurais aimé discuter avec toi,c'est de l'indigence idéologique, à laquelle nous sommes parvenus, qui permet au président de ton pays de récupérer la lettre de Manouchian, de rendre sa lecture obligatoire dans les écoles françaises sans se trouver mis en contradiction fondamentale par une opposition...
Personne pour lui dire "bas les pattes", ça ne t'appartient pas..."
Moi je pleurerais bien avec toi, mais surtout de ça... (Je veux dire : lire la lettre pour rappeler et en même temps, par le fait même que c'est lui qui fait lire, trahir à ce point .)
Pense pas que Manouchian aurait imaginé que sa lettre serve à "ça".
Effectivement, je crois que ceux qui ne résistent pas n'auraient pas résisté non plus à l'époque...

Autre chose encore : même si son oeuvre était déjà fondamentale, Léo s'est dressé, porté par 68.
Si tu savais quels pans de la chanson ont croulé depuis en Belgique francophone, par exemple, (mais c'est la même chose chez toi), tous ces artistes réduits au silence...
De cela aussi, j'aimerais parler avec toi...
Mais je ne veux pas abuser...

Claude.

[Michel]

Ça me fait plaisir de te savoir dans mes parages.
J'ai le DVD, mais je ne sais pas copier sur disque. A chaque fois que je me suis mis L'affiche rouge par BL, plutôt rock ("je twisterais les mots s'il fallait les twister") je fais une crise de larmes. Je me sens tellement proche de ces jeunes hommes... et femme, il ne faut pas oublier celle que les fonctionnaires du nazisme ont désolidarisé de ses camarades pour la faire mourir loin de tout, avec le souvenir de tous ces copains tombés. Tu as vu les photos sur Libé ? Elles ne sont pas très bonnes, techniquement, mais voir Elek, Rajman et les autres, dans leurs tout derniers moments, je crois qu'on les aime et les admire encore plus. Tu vois Claude, c'est ridicule, je suis ridicule je sais (et je m'en fous) mais je suis en larmes. Comment savoir si j'aurais eu ce courage et cette vitalité ? Sinon, la version que tu as mise en lien est très bonne. C'est au Théâtre des Champs Elysées, il me semble. Léo n'hésitait pas à chanter accompagné par une bande son enregistrée. Je l'ai vu au Gala Louise Michel de 1969, à la Mutu. En serrant sur les coûts, c'est un mec qui t'offrait sa bobine et son anarchie pour 10 francs (1 € 1/2). Quel mec ! Lavilliers aussi a longtemps pesé sur les prix, mais il devait mieux négocier, car le groupe était au complet, pas besoin d'ajouts sonores.

A bientôt.
Michel

[Claude]

Tellement rapidement que je me suis gouré : tu voulais la version de Lavilliers.
Scuse...
Claude.

[Claude]

Bonjour Michel,
Rapidement... et je te laisse le soin de publier plus proprement.
Amitiés.
Claude.

http://www.dailymotion.com/video/xt5dg_leo-ferre-laffiche-rouge_music