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Les petits pavés
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27 novembre 2009

Hadewijch, Bruno Dumont, Julie Sokolowski et la grâce

Parfois il faut voir les films pour en parler. Cette semaine, ça a été le cas de Desire qui se présentait comme un quelconque Borzage et qui s'est révélé (le mot est juste) comme un Lubitsch flamboyant. Aujourd'hui, j'ai assisté au MK2 Hautefeuille à la projection de Hadewijch, le cinquième et nouveau film de Bruno Dumont avec une actrice "non professionnelle", Julie 13373786Sokolowski dans le rôle titre. Elle est la Thérèse d'Alain Cavalier, la Karin de Saraband, l'ultime film de Bergman, la Mia du Fish Tank de Andrea Alnold, la Rosetta des Frères Dardenne et plus encore et définitivement (pour moi) la Marie de Au hasard Balthazar, incarnée en son temps par l'actrice non-professionnelle Anne Wiazemski pour Robert Bresson. [j'avais posté pas mal de photos de Au hasard..., il y a un moment, ainsi qu'un papier confit d'amour et de reconnaissance pour le livre que la belle Anne y avait consacré, Jeune fille donc, si tout ça vous passionne, CLIQUER et CLIQUER).
19183486Julie Sokolowski incarne (et le mot est juste tant ce pur esprit torturé se fait chair désirante) à la fois une sorte de quinte essence de ces jeunes filles de cinéma sorties d'un néant parfois confortable, parfois moins, par un rôle extraordinaire, dans un film extraordinaire et dirigées par un réalisateur hors-normes. Hors normes,  Dumont l'est totalement, lui qui respecte ses spectateurs en les mettant mal à l'aise et qui a choisi, après une longue hésitation de 18 mois, la belle Julie pour interpréter le rôle difficile de la folle de Dieu-Céline-Hadewijch, héroïne de son film le plus complet (à mon humble avis) pour les deux raisons qu'elle est non-croyante et qu'elle ne souhaite pas faire du cinéma. Enfin, c'est ce qu'il dit car j'imagine une troisième et majeure raison : elle est inouïe, formidable, bouleversante.
Pour ce qui est de la religion, Dumont n'est pas dupe et, ça tombe bien, nous non plus.  Sa jeune folle de Dieu, qui est jugée par la Mère sup du couvent où elle s'était retirée, comme une personne qui "s'aime elle-même". Ce qu'elle recherche, parfaitement consciente de l'absence de Dieu (Bergman, on te parle !), c'est le corps du Christ, son corps physique, charnel, oserais-je dire sexuel ? Et la belle, que Dumont érotise discrètement (les débardeurs un peu lâches, les seins qui pointent, 19183488comme ceux de Karin dans Saraband... ses abandons), ira au bout de l'expérience de cette terre sans Dieu pour revenir à son point de départ. Alors, au bout du bout, elle ne pourra pas prétendre, comme Mouchette après le viol, avoir conservé son innocence. Non, elle s'est frottée au Monde et le Monde l'a pervertie.

La dernière scène raconte tout ça, en nous bousculant à nouveau, mais dans une métaphore tellement inattendue...
Je suis très content d'avoir, mercredi, écrit que ce film était celui de la semaine.
Parfois, il faut voir les films pour en parler. Parfois on peut anticiper.


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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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