Identité, beauté et kristesse

C'est important la Liberté de la presse, vous ne trouvez pas ? C'est, pour chaque journal, le libre choix de sa ligne éditoriale, garante de la diversité et la hiérarchisation des thèmes, condition pour que le lecteur s'y retrouve dans un volume d'informations croissant qu'il est parfois difficile de trier.
J'ai apprécié, ce matin, la Une de deux des quotidiens les plus diffusés en France.

Diversité et hiérarchisation de l'information : on voit bien en effet que les noms des quotidiens sont différents, ainsi que le format.

Autre sujet : la Liberté du travail.

J'ai signé une pétition lancée par le STRASS (Syndicat du travail sexuel) à la suite de l'arrestation d'une escort-girl pour racolage sur internet. La pétition rappelle justement que la loi contre le racolage (première loi répressive du ministre de l'intérieur de l'époque, Nicolas S.) avait pour objectif de "garantir la tranquillité publique, en débarrassant les rues de toutes les manifestations sexuelles ostentatoires". La prostitution via internet, dès lors bien sûr qu'elle est totalement volontaire (sinon, le concept deviendrait celui de travail forcé, voire d'esclavage, ce qui n'a rien à voir et ne permettrait d'ailleurs pas d'incriminer les prostitué(e)s) n'est pas interdite en France et ne saurait remettre en cause la tranquillité publique, puisqu'elle se pratique sur des sites que l'on ne fréquente pas par accident...
Pour en savoir plus : CLIQUER ICI (site du STRASS, par ailleurs assez intéressant).

Pour signer la pétition : CLIQUER ICI.

Autre sujet : l'identité nationale.
Cette semaine, je laisse traîner partout mon exemplaire des inrocks, avec ce beau bleu-blanc-rouge en couverture.

Elle est belle, non ? Et elle dit des choses intelligentes et belles aussi.

Aujourd'hui, Libé donne la parole aux philosophes pour décortiquer ce sujet. Dans son édito, Michel Serres, préférant le concept d'appartenance à celui d'identité, conclut ainsi : "Qui suis-je, alors ? Je suis je, voilà tout ; je suis aussi la somme de mes appartenances que je ne connaîtrai qu’à ma mort, car tout progrès consiste à entrer dans un nouveau groupe : ceux qui parlent turc, si j’apprends cette langue, ceux qui savent réparer une mobylette ou cuire les œufs durs, etc. Identité nationale : erreur et délit."

Je terminais ce billet en écoutant France inter et j'apprends que Kriss, Kriss Graffiti, La Kriss, avec sa voix chaleureuse, gentille, amicale, sa voix de fausse gamine, sa voix sensuelle, sa voix si proche, l'incroyablement talentueuse, l'élégante Kriss est morte. Comme l'avait dit quelqu'un il y a déjà longtemps, je suis infiniment très triste. Elle avait 61 ans et un cancer. Tu parles. Elle était une merveilleuse ado adorable, une poussée de jeunesse dans ce siècle déjà vieux.

Kriss

"Dans deux minutes, l'antenne. Moment délicat où l'invité se décompose. Ses mains tremblent. Le faire rire. Où ai-je mis ma fiche ? Le distraire. Lui dire deux mots pour qu'il sente que j'ai compris ce qu'il vient défendre. Tenter une question comme on trempe un orteil dans la mer. Faire une gaffe, renverser mon verre, bafouiller, qu'il sache que c'est permis. Essais de voix. je mets mon casque. Mon casque c'est ma maison, mon cocon. J'écoute fort, à l'intérieur du son. J'entends les fêlures de sa voix, son souffle. Tout s'entend, la voix mouillée, la voix qui tremble, celle qui sourit, qui réclame. Les plaintes les plus lointaines sont inscrites dans la voix et les rires de l'enfance. Toutes ces voix qui s'envolent, invisibles et réelles. Est-ce bien raisonnable de déranger un satellite pour nos élucubrations ? Surtout ne jamais se poser cette question avant une émission."
(extrait de La sagesse d'une femme de radio, Kriss, Editions France inter - L'œil neuf, 2005)