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Les petits pavés
Les petits pavés
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24 octobre 2009

La séance du week-end

Truffaut_NBJe commence ce billet le 21 octobre. Un 21 octobre 1984, je faisais la queue devant le Kinopanorama, une des plus belles salles de Paris, à l'époque, disparue depuis longtemps. Un gros titre du Monde m'a appris que François Truffaut était mort. En page intérieure du Monde, on apprenait qu'Oskar Werner, acteur de Truffaut dans Jules et Jim et Farenheit 451, était mort le même jour. La même Une du Monde annonçait la disparition d'Henri Michaux le 19 octobre. Quel octobre de merde !

(Je mets en ligne ce samedi 24 au soir. Libé, dans son nouveau Mag du samedi, affiche une reproduction de sa une d'époque annonçant la mort de Truffaut et Michaux. On va penser que j'ai copié. Hé bien non. C'est juste les esprits libres qui se rencontrent).

Malgré une actu ciné riche, j'ai dû reporter ma séance, du mercredi au week-end.
Voici la chose, que je dédie à François Truffaut.

Je veux voir cette semaine

Cette semaine ciné est exceptionnelle en ce qu'elle propose un film à voir d'évidence, en raison de la qualité de son réalisateur, de l'intérêt de son sujet et, là se trouve l'évidence, de la capacité de ce réalisateur là à traiter ce sujet là, tout en restant dans un gabarit cinématographique excitant. Le ruban blanc.

Ruban_blanc_affLe ruban blanc
(Weiße Band - Eine deutsche Kindergeschichte)
film européen de Michael Haneke (2009)
avec des acteurs inconnus de moi

scénario : Michael Haneke
consultant : Jean-Claude Carrière
directeur photo : Christian Berger
producteur et distributeur pour la France : Les films du Losange

Le réalisateur présente son film ainsi : “C’est un film sur les origines du mal, mais pas dans un sens mécanique, immédiat. Je voulais montrer comment l’être humain se prépare à suivre une idéologie. Quelles sont les conditions sociales, psychologiques, matérielles… d’un tel processus ? A mon sens, ça vient toujours d’une situation de malaise, d’oppression, d’humiliation. Et c’est universel, ce n’est pas réductible au cas de l’Allemagne et du nazisme. Quand il existe de telles situations étouffantes, l’être humain saisit la première possibilité de s’en sortir. En général, c’est toujours une idée qui devient une idéologie. Une idée, c’est souvent très beau à l’origine. Pensez au christianisme, au communisme : au départ, c’est toujours pavé des plus belles intentions. Et dès que ça se transforme en idéologie, ça devient meurtrier.”

Passionnant, non ?

Voir le site du film.

Alternative : autre film de la semaine.

Winnipeg_affWinnipeg mon amour (cliquez sur l'affiche, elle est belle)
(My Winnipeg)
film canadien de Guy Maddin (2007, sortie en 2009)
avec Guy Maddin (voix), Darcy Fehr, Amy Stewart et Ann Savage (dcd à Noël 2008)
scénario : Guy Maddin et George Toles
directeur photo : Jody Shapiro
producteur principal : Guy Maddin
Ce film dure 1H18.

Un patchwork inextricable entre réalité et fiction. C’est sans doute une des raisons pour lesquelles Winnipeg mon amour, à la fois autobiographie onirique et documentaire fantasmatique, est déjà considéré comme l’un des meilleurs films du cinéaste, un des plus divers et envoûtants.

La belle Isabella Rossellini était dans le film précédant de Maddin (The saddest music in the world), d'une beauté fracassante.

Des films a priori sympa,
mais que je ne verrai sans doute pas

Casanegra_affCasanegra
Film marocain  de Nour-Eddine Lakhmari (2009)

Casa, capitale économique du Maroc. Casa "blanca" (la blanche) officiellement, mais que les réalités sociales modernes ont transformée en "negra" (la noire) dans la bouche de sa jeunesse. Deux jeunes Marocains, pris dans ce contexte de chômage, aimeraient bien s'en sortir. L'un essaie de remettre sa vie sur le bon chemin, l'autre rêve comme tant d'autres d'émigrer en Europe (en Suède).

On a parlé cette semaine d'un mélange plutôt réussi de réalisme social et de style hollywoodien, d'une belle manière de filmer cette ville au rythme endiablé et particulièrement du jeu des deux acteurs principaux.

On cite, à propos de ce film, Reservoir dogs et Mean Streets, des références dont beaucoup voudraient se prévaloir.

Sin_nombre_affSin nombre
film de Cary Futunaga (2009)

Une sorte de Gomorra centraméricain. Un réalisateur américain d'origine suédoise et japonaise signe un premier long métrage plutôt excitant. Un "train movie" primé (à Sundance) qui met en scène immigration, mafia locale (la mara), le long trajet du Honduras aux USA, anti-folklorique, d'après la presse que j'aime : rien à voir avec "ces prétendus grands films  citoyens qui prennent en charge les 'vrais problèmes du monde à coups de pinceaux colorés (La cité de dieu,  Babel etc.)' selon Les inrocks. Après avoir vu la BA et lu quelques articles, j'aurais envie de voir ce film qui semble complémentaire de La vida loca de Christian Poveda, cinéaste assassiné pour réalisme dangereux.

Reprises pour un monde meilleur

Deux films à revisiter ou à découvrir cette semaine, les deux dans l'impeccable réseau Action (pour les parisiens...). Je privilégie de premier pour son affiche originale, beaucoup plus funny que celle de la reprise (on peut cliquer).


BodySnatcherL'invasion des profanateurs de sépultures
The invasion of the body snatchers
film américain de Don Siegel, 1h20 (1956)

Il se passe d'étranges phénomènes à Santa Mira,     petite ville proche de Los Angeles. Un enfant fuit sa mère dont il     crie qu'elle n'est pas sa mère. Une femme prétend que ses oncle     et tante ne sont plus les proches parents qu'elle a connus et aimés,     mais des étrangers qui ont pris leurs voix, leurs gestes, toutes leurs     apparences. La psychose s'installe.
En 1h20 (j'adore quand le cinéma est sobre, bref et direct), Don Siegel réalise un classique du film fantastique, qu'on a rapidement classé parmi les métaphores du maccarthysme. Plusieurs remakes attestent le caractère fondateur du film, notamment celle d'Abel Ferrara. Don Siegel, également réalisateurs de A bout portant (The killers, 1964), avec une distribution impressionnante et du glaçant Les proies (Beguiled, 1971) avec Le grand Clint Eastwood qui se fait martyriser (au sens propre) par tout un pensionnat de jeunes filles sudistes, pendant la Guerre de Sécession.
Don Siegel reste, avec Sergio Leone, le principal inspirateur de Clint Eastwood.
A l'Action Écoles, on peut rester pour une séance supplémentaire pour découvrir le très rare Ca commence à Vera Cruz, (The big steal, 1949, durée : 1h11)  du même Don Siegel avec le grand Bob (Robert Mitchum) et la belle Jane Greer.

A propos de Sergio Leone,
il faut saluer la ressortie de
Il__tait_une_fois_affIl était une fois la révolution
film italo-américain de Sergio Leone, 2h30 (1972)
avec James Coburn et Rod Steiger
musique d'Ennio Morricone

Ce film aussi dense et fourmillant que Le bon, la brute et le truand est beaucoup plus sombre et donne une vision désenchantée de la révolution mexicaine. "Le film est génial, dit mon cher Inrocks, car il débute ironique et finit tragique". Dont acte.

L'aspect spectaculaire du film justifie de le voir dans une belle salle. Il passe dans deux des plus belles salles de Paris, le Grand Action (la plus sympa) et le Max Linder (la plus somptueuse).

Aucune raison de se déranger pour

Lucky_luke_affLucky Luke
film français de James Huth (Brice de Nice)
avec Jean Dujardin (Brice de Nice)

Dans la presse que je lis, personne n'a l'air de détester ce film. Mais dans la presse que je ne lis pas, il semble que tout le monde adore, ce qui est une première bonne raison de ne pas se déplacer pour sortir 10 € de son petit porte-monnaie. La deuxième tient au film précédent de Dujardin : OSS 117, Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius. Je tiens OSS etc. pour une totale réussite du cinéma comique français. Ce film décalé au scénario solide, à la réalisation recherchée, aux gags décalés, qui offrait à la dérobée une vision critique intéressante de la France franchouillarde du Général De Gaulle était porté par un Jean Dujardin bluffant, multiple, parfaitement à l'aise dans le dynamitage d'un héros réac, raciste, très con, parfaitement sûr de lui, de sa supériorité et de celle de la France. On pouvait caresser l'espoir d'un réel renouveau  d'un comique français enfin karchérisé par ce qui lui manquait le plus : des idées et, accessoirement, une réalisation.

Loin d'Hazanavicius, il semble que Dujardin retrouve le chemin balisé d'un cinéma friqué et paresseux, probablement pas drôle, et manifestement sans ambition comme à peu près tout ce qui se tourne en France. Dommage vraiment, car le talent de cet acteur est manifeste. Problème : s'il veut continuer à "faire rire" en France, a-t-il le choix ?


Je déteste déjà

Rien.

Cette semaine, aucune sortie ne semble mériter la détestation.

Les affiches de la semaine
(les plus effrayantes, les plus vulgaires, les plus nouveau riche, les plus sarkozistes, celles qui m'ont gâché les couloirs du métro ou, au contraire, celles qui m'ont donné envie de cinéma, de poésie, de beauté, d'acuité, d'intelligence)

WhiteoutAlien_affOutre le titre qui joue platement sur les mots (mais en anglais, c'est plus classe), l'affiche de Whiteout est la plus vulgaire de la semaine. Pas à cause de son visuel banal, mais de son slogan : "Dans l'Antarctique, personne ne vous entendra crier". Brrr... Ça fait peur. Mais ça manque d'imagination. Vous vous souvenez d'Alien, le vrai, le premier "film de rencontres" en raison du nombre de spectatrices qui se retrouvaient sur les genoux de leur voisin, connu ou inconnu, en pleine crise de panique (c'était au Kinopanorama) ? Le slogan d'Alien était "Dans l'espace, personne ne vous entend crier". L'espace, c'est plus spacieux que l'Antarctique qui me laisse froid.

A côté de ces peine-à-jouir du cinéma qui essayent de nous refourguer de vieilles peurs parfaitement maîtrisées, une image me donne envie d'action au ralenti, de beauté floue, de poésie explosante-fixe, celle de Winnipeg mon amour (déjà cité, je me répète, mais comme dit Pierre Bouteiller, après d'autres, après un certain âge on se répète ou on se contredit).

Winnipeg_aff

Il y a un déséquilibre panique dans l'image. Proche du Vertigo d'Hitchcock qui flirterait avec La nuit du chasseur de Charles Laughton. Le côté panique est renforcé par le personnage de la dame âgée, en haut de l'affiche, l'actrice Ann Savage, ancienne star morte avant la sortie du film, qui semble attirer le personnage couché vers des zones sombres dont on ne sait pas grand chose. Belle affiche, que je punaiserais bien chez moi.

Les regrets de la semaine

Je n'ai toujours pas vu Violent days, film en fin de vie officielle. Parfois, le réseau des salles quasi underground (Le St Michel, Les 3 Luxembourg, L'entrepôt) donne une nouvelle chance aux films sans but lucratif exclusif.

Focus

Comme la semaine dernière.

Fellini_Cin_math_que

Fellini
La rétrospective (apparemment exhaustive)
L'expo (au Jeu de Paume, mais je n'ai pas trouvé de lien utile)


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Commentaires
M
Merci pour ta fidélité.<br /> J'ai vu Le ruban blanc hier soir et j'en ai été vivement impressionné. C'est un cinéma austère, relativement aride, mais non dénué d'un humour... assez noir. Haneke ne fait pas partie de mes références et j'avoue avoir été rebuté par La pianiste. Mais certains réalisateurs, l'âge et l'expérience venant (?) éprouvent moins le besoin de choquer le bourgeois. C'est le cas d'Almodovar qui, depuis son virement de cuti allonge chef d'œuvre sur chef d'œuvre (un peu moins le dernier ? peut-être, mais tellement au-dessus du lot qu'on ne s'en rend pas compte). M. Haneke, donc. Si j'avais eu le temps, j'aurais aimé écrire (essayer) en parallèle sur Sin nombre et Le ruban blanc. D'un côté, la violence anarchique d'enfants abandonnés par la croissance dont la désocialisation effraie. De l'autre, un système clos, oppressant, fondé sur la domination, l'humiliation, la négation de l'autre quel qu'il soit, mais surtout femme ou enfant, un système efrayant de socialisation. Et dans les deux cas (deux films) où est l'outrage suprême ? Enfants ou parents, laissés pour compte ou autorités ?<br /> Je m'abstiens, constatant avec surprise, considérant mes propos d'il y a seulement deux ou trois ans, que le cinéma continue à nous interpeler et à nous passionner.<br /> Bye Emma.
E
Je n'ai pas du tout eu le temps de voir "Sin Nombre", que je souhaitais voir avec le documentaire "La vida loca", mais je vais essayer de rattraper ça cette semaine (bien que mon programme ciné soit déjà bien serré !)<br /> J'espère que tu pourras très vite voir "Le ruban blanc". Curieuse comme je suis, j'y suis allée dès le lendemain de sa sortie et je n'ai pas été déçue. <br /> Je n'avais pas fait le rapprochement entre l'affiche de "Whiteout" et celle d'"Alien". Ils se cassent pas les mecs !<br /> Enfin, pour "Violent Days", je pense en effet qu'il sera encore à l'affiche dans certains cinés indés, ce qui te permettrait de le voir (car il est vraiment bien, avec une excellente b.o.).
Les petits pavés
  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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