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Les petits pavés
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23 octobre 2009

Pour Claire

Aujourd'hui, nous avons conduit Claire là où elle n'avait aucune place réservée. C'était comme une erreur de casting, ce n'était pas la bonne personne. C'était comme une erreur de trajet, une fausse route. Ce n'était pas la bonne destination. Et puis l'ambiance n'allait pas, sauf le soleil sur ce coin de Normandie, peut-être une façon de dire... Trop de jeunes gens, de jeunes filles qui s'ouvrent à ce qu'elles seront, de jeunes garçons qui doutent - souvent, les garçons doutent, trop de jeunes gens en larmes. Mais les embrassades. Les cœurs qui se réchauffent aux corps amis. Les mots qui disent le regret de ce qui ne sera plus, mais aurait dû être. Certains jours sont étranges. On a envie de lever le poing au ciel pour se révolter. Et comme Missak, au point du jour qui nait si clair, si amical, une personne dit qu'il faut s'aimer à tort et à travers, s'aimer encore. Alors, si la souffrance est noire, l'espérance que nous ne sommes pas tombés ici, sur cette terre, pour rien, est blanche. Blanche comme les fleurs multiples s'amoncelant sur le corps éteint avant l'heure de Claire.
Je n'ai pas eu le privilège de connaître Claire, mais je sais, je l'ai vu, senti et ressenti aujourd'hui, dans la nef et dans la rue et dans ce champ de chardons où je n'avais pas envie de la laisser seule et dans le regard mouillé, accablé de ses amis, de ses parents, qu'elle portait en elle une lumière destinée à éclaircir l'âme et les questions et les timidités des autres. Et que cette lumière ne s'éteindrait pas.
Aujourd'hui, j'ai pensé à cette chanson de Jacques Brel, à ce texte.

Bien sûr il y a les guerres d'Irlande
Et les peuplades sans musique
Bien sûr tout ce manque de tendres
Il n'y a plus d'Amérique
Bien sûr l'argent n'a pas d'odeur
Mais pas d'odeur me monte au nez
Bien sûr on marche sur les fleurs
Mais voir un ami pleurer!

Bien sûr il y a nos défaites
Et puis la mort qui est tout au bout
Nos corps inclinent déjà la tête
Étonnés d'être encore debout
Bien sûr les femmes infidèles
Et les oiseaux assassinés
Bien sûr nos cœurs perdent leurs ailes
Mais mais voir un ami pleurer!

Bien sûr ces villes épuisées
Par ces enfants de cinquante ans
Notre impuissance à les aider
Et nos amours qui ont mal aux dents
Bien sûr le temps qui va trop vite
Ces métros remplis de noyés
La vérité qui nous évite
Mais voir un ami pleurer!

Bien sûr nos miroirs sont intègres
Ni le courage d'être juifs
Ni l'élégance d'être nègres
On se croit mèche on n'est que suif
Et tous ces hommes qui sont nos frères
Tellement qu'on n'est plus étonnés
Que par amour ils nous lacèrent
Mais voir un ami pleurer
.

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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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