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Les petits pavés
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13 août 2009

Alertez les bébés !

L'internement en centre de rétention d'enfants, en l'attente de l'expulsion de leurs parents ou d'un de leurs parents devient, en France, une habitude qui ne laisse d'inquiéter. Dans un papier du 23 janvier dernier ("l'ile aux Enfants", voir ce post si vous le souhaitez), je m'étonnais déjà de ce phénomène de prise de distance avec les libertés publiques et individuelles. Il s'agissait alors d'enfants de 12 ans, ce qui est intolérable, quand on sait les conditions d'incarcération des retenus. L'État, chargé par hypothèse d'assurer la sécurité de tous, fait preuve dans ce pays d'une certaine ironie dans sa manière de protéger les plus fragiles. Les enfants incarcérés (inutile de jouer sur les mots) dans les CRA, au motif que leurs parents ne seraient pas en règle avec les lois inspirées à l'UMP par son électorat le plus réactionnaire, sont à la fois de plus en plus nombreux et de plus en plus jeunes. Et l'argument avancé par Besson pour justifier cette indécence d'État («l’intérêt supérieur du mineur est bien de ne pas être séparé de ses parents, y compris au sein de centres de rétention.», voir l'article de Libé ci-dessous) fait froid dans le dos pour peu qu'on se souvienne par qui et pour quoi il a été avancé dans le passé.

V_a_SantosComme en écho à mon papier de mardi ("C'est l'été"), Libération publie ce matin un article assez modeste sur le sujet, en dénonçant la rétention de Véa Santos, 4 ans et demi, emprisonnée ("retenue ?") depuis le 28 juillet, OUI DANS CE BEAU PAYS QUI EST AUSSI LE VÔTRE, UNE ENFANT DE MOINS DE 5 ANS VIT SA 16ème JOURNÉE DE PRIVATION DE LIBERTÉ ! On m'a appris, jadis, qu'on ne jouait pas avec ça, on ne joue pas à des jeux de massacre avec les enfants. Les orientations récentes de ce pays dans ses rapports avec les mœurs et les libertés commencent à me faire mal à la tête. Pas vous ? Ci-contre, photo de Véa.

Voici l'article de Libé, un peu tardif. Je n'aime pas être en avance sur la presse écrite, s'agissant de certains sujets. Mais il n'est pas trop tard pour agir. Des militants seront à Roissy vendredi si le pire se confirme. Vous faites quoi vendredi ?

logo_libe2

13/08/2009 à 06h52

Véa, 4 ans et demi,
mineure  en rétention parmi d’autres

Sans-papiers. Les arrestations de familles avec enfants explosent.
par WILLY LE DEVIN

La petite Véa, née en France il y a quatre ans et demi, a tout compris. «On est perdu», dit-elle à ses parents, le 30 juillet, au sortir de l’audience du tribunal administratif d’Aix-en-Provence qui confirme le placement en centre de rétention de cette famille sans papiers originaire des Philippines. Deux jours plus tôt, les époux Santos et leur petite fille étaient arrêtés à leur domicile cannois. «Ils sont victimes du durcissement de la politique d’interpellation des sans-papiers décidé dans les Alpes-maritimes depuis la nomination du préfet Francis Lamy, le 31 octobre 2008, explique Thérésa, militante du Réseau éducation sans frontière (RESF). Beaucoup de Philippins travaillent comme charpentiers maritimes sur les bateaux des milliardaires à Monaco ou à Nice. Ils n’ont jamais fait de bruit et la police les laissait tranquille avant l’arrivée de Francis Lamy».

Résidents en France depuis une petite décennie, les Santos travaillent, parlent le français, et avaient inscrit leur fille pour la rentrée à l’Institution catholique Stanislas de Cannes. Désormais, ils attendent au centre de rétention administrative du Canet, leur expulsion est prévue demain matin à 6 h 35. Ce cas est emblématique de la multiplication des placements en rétention de familles avec mineurs. Avant-hier, la Ligue des droits de l’homme (LDH) a adressé une lettre ouverte à Eric Besson, le ministre de l’Immigration, afin de réclamer la libération des sans-papiers retenus avec des enfants. Son président d’honneur, Michel Tubiana, souligne «que le gouvernement français par cette politique répressive ne respecte pas les textes de la Convention internationale des droits de l’enfant. De ce fait, la LDH saisira dès le mois de septembre les instances européennes appropriées dans l’espoir d’un rappel à l’ordre public». Eric Besson s’est fendu tard hier d’un communiqué indiquant qu’en vertu des articles 8 et 9-1 de la Convention de New York sur le droit des enfants «l’intérêt supérieur du mineur est bien de ne pas être séparé de ses parents, y compris au sein de centres de rétention, qui, par ailleurs, sont aménagés pour l’accueil des familles.»

Dans le même temps, on apprenait qu’un bébé de 13 mois né en France et ses parents moldaves en situation irrégulière venaient d’être placés en rétention administrative à Toulouse.

Dans un style plus compassionnel, peut-être, mais tout est bon pour faire connaître cette histoire, voici un article de Nice Matin (une fois n'est pas coutume...).

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La mobilisation ne faiblit pas contre l'expulsion d'une famille philippine de Cannes.

Plus que quelques heures. Un jour, une nuit. « Je suis tellement triste », pleure Judith Santos au téléphone.

Libert__pour_V_aLe compte à rebours a commencé pour la famille Santos. Demain, à 6 h 35, Judith, Vincent et leur fille de 5 ans, Véa, doivent être expulsés vers les Philippines. Un jour noir, une nuit blanche au centre de rétention de Marseille où ces Philippins sans-papiers, qui vivaient et travaillaient à Cannes depuis 9 ans (1), sont placés depuis fin juillet. « La famille Santos avait demandé une régularisation de papiers mais ne l'a pas obtenue », explique un membre de RESF (Réseau éducation sans frontières). « Alors, un matin à l'aube, on est venu les chercher et on a les a mis en prison. Un père, une mère et une petite fille qui est née en France, à Cannes... », ajoute le militant. « Maman, c'est quand qu'on sort d'ici ? » <« La première semaine, j'ai pleuré. Tous les jours », raconte Judith Santos. Sa voix tremble dans le combiné : « Je regarde ma fille et je suis tellement triste pour elle ». Un silence. « Ici, il y a des policiers gentils qui lui ont offert des jouets. Mais Véa, elle me demande tous les jours : " Maman c'est quand qu'on sort d'ici ? " Je lui dis : " Bientôt, bientôt ! " ».

ça grésille : « Je lui ai dit que peut-être on va retourner à notre pays pour toujours mais sa vie est ici, elle ne connaît rien de là-bas... Elle m'a dit : " Maman, je ne veux pas aller à l'école là-bas, maman, je suis française, je veux rester ici, dans notre maison, à Cannes ". »

Elle ajoute : « Aux Philippines, on n'a rien du tout. Qu'est-ce qu'on va faire là-bas ? On n'a pas fait de mal en France : on vivait tranquillement, on travaillait normalement. »

Manifestation ce matin à Nice

Aujourd'hui, toutes les voies juridiques sont épuisées mais l'avocat de la famille Santos, Me Philippe Soussi, tente le tout pour le tout et en a « appelé au président de la République, au ministre de l'Immigration et au Garde des Sceaux : je leur ai demandé de reconsidérer la situation à titre humanitaire ». A Nice, les militants de RESF, ne baissent pas les bras non plus et manifestent, une nouvelle fois, ce matin à 10 h 30 : « On appelle à la mobilisation pour une marche aux parapluies devant la place du palais de justice. »

Et à des kilomètres de là, hier soir pendant sa énième nuit blanche au centre de rétention de Marseille, Judith faisait « un câlin à Véa » et continuait d'espérer un « miracle : peut-être M. Sarkozy va entendre notre histoire, peut-être M.Sarkozy va nous libérer...»

La lettre de la LDH mentionnée par Libé.

Lettre ouverte de Jean-Pierre Dubois

à Eric Besson,
Ministre de l’Immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du développement solidaire

Paris, le 11 août 2009

Monsieur le Ministre,

Au cours de ces mois dits de vacances, les services de police et administratifs n’ont pas respecté les conventions internationales en matière de droits spécifiques des enfants. Même si beaucoup de ces mesures ont été rapportées, certaines sur le fond, d’autres sur la forme, il n’empêche que des instances de police ont jugé qu’il convenait de mettre en rétention des familles entières. A Metz, à Toulouse, à Nice ou à Marseille, pour ce que nous connaissons actuellement, les réseaux militants et les sections de la LDH se sont mobilisés pour obtenir la mise en liberté de ces enfants et de leurs familles. La LDH se félicite des résultats positifs de ces actions et des décisions prises par la justice.

Mais, nous constatons que plusieurs cas restent à régler. Malgré les prescriptions de la convention des droits de l’Enfant, malgré les observations de plusieurs autorités internationales ou européennes et malgré les recommandations des différentes autorités administratives indépendantes françaises, les services de police continuent à agir de la même manière.

C’est donc en pleine connaissance de cause que ces mesures ont été prises. Elles sont la conséquence directe de la politique menée par le gouvernement.

Nous vous demandons de mettre fin à cette inversion du droit qui ignore la spécificité de l’enfance et met notre pays dans une situation inacceptable au regard de ses engagements internationaux. Le droit des mineurs à vivre en famille dans des conditions décentes et à recevoir une éducation prime toute autre considération. La LDH saisira, dès le mois de septembre, les instances européennes et internationales appropriées.

D’ores et déjà, nous vous demandons solennellement de mettre un terme à ces situations. Tous les enfants actuellement encore retenus avec leurs familles doivent être immédiatement libérés et leur accueil en France doit être assuré.

Vous comprendrez que nous rendions cette lettre publique.

Jean-Pierre Dubois, président de la LDH


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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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