JO 2008 - "Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles..."
Le 21 février 1944, les murs de Paris se couvrent de grandes affiches rouges. Elles font état de l'exécution au Mont Valérien de 23 «terroristes» membres d'un groupe de FTP (francs-tireurs partisans).
Le chef de ce groupe de résistants s'appelle Missak (Michel) Manouchian. Il est né en Arménie 36 ans plus tôt et a été marqué par le génocide arménien.
Quand il arrive en France, en 1924, il apprend le métier de menuisier et adhère à la CGT. Au Parti communiste, il fait partie du groupe MOI (Main-d'Oeuvre Immigrée). Pendant l'occupation allemande, il rejoint un petit réseau de résistants communistes, les FTP-MOI (Francs-Tireurs et Partisans-Main-d'Oeuvre Immigrée).
La propagande nazie daube sur l'origine étrangère de Manouchian et de ses compagnons d'infortune (pour la plupart Arméniens comme lui ou juifs d'Europe de l'Est).
Noter un détail à la fois sexiste et sordide. L'exécution d'Olga Bancic, seule femme du groupe, fut suspendue, une loi française interdisant de fusiller les femmes. De nouveau jugée, le 10 mai 1944 à Stuttgart, elle fut condamnée à mort et aussitôt décapitée à la hache.
Louis Aragon a évoqué le sort du Groupe Manouchian et de l'Affiche rouge dans un poème mis en musique par Léo Ferré.