Paris Mai
Le 6 mai, les événements se sont précipités.
Nanterre évacuée, la Sorbonne occupée par les "forces de l'ordre" depuis vendredi, les étudiants parisiens (à l'exception des étudiants en droit et en médecine, qui continuent à suivre leurs cours) investissent la rue. L'après midi, au Quartier Latin, une manif plutôt pacifiste est chargée par les hommes en noir. La solidarité s'organise. La nuit sera belle.
C'est une semaine folle qui commence ce lundi et ne trouvera un repos qu'à l'issue de la nuit des barricades, du 10 au 11 mai. Dans la 2 CV de Denis, on emporte désormais des grosses quilles en bois, quand on descend le soir, avec Gilles, au Quartier.
Peyrefitte, serre les fesses, dans 40 ans, la plupart des français auront oublié l'ombre portée de tes oreilles sur ton crâne de ministrion (et je ne parle pas de ce pauvre Fouchet, qui s'en souvient ?), alors qu'ils se rappelleront parfaitement le rouge des cheveux de Cohn-Bendit.
Plus tard, c'est Nougaro qui saura trouver les mots à la hauteur de ces journées éblouissantes et de ces nuits fauves.
(...) Je repère en passant Hugo dans la Sorbonne
Et l'odeur d'eau-de-vie de la vieille bonbonne
Aux lisières du soir, mi-manne, mi-mendiant
Je plonge vers un pont où penche un étudiant
Le jeune homme harassé déchirait ses cheveux
Le jeune homme hérissé arrachait sa chemise
Camarade ma peau est-elle encore de mise
Et dedans, mon coeur seul, ne fait-il pas vieux jeu ?
Avec ma belle amie quand nous dansons ensemble
Est-ce nous qui dansons ou la terre qui tremble ?
Je ne veux plus cracher dans la gueule à papa
Je voudrais savoir si l'homme a raison ou pas
Si je dois endosser cette guérite étroite
Avec sa manche gauche, avec sa manche droite
Ses pâles oraisons, ses hymnes cramoisis
Sa passion du futur, sa chronique amnésie (...)
Paris Mai, de et par Claude Nougaro
envoyé par mouche45
Si les images ne sont pas forcément de qualité,
au moins elles sont d'époque.