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Les petits pavés
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23 avril 2007

Tous les autres s'appellent Ali. Fassbinder

Je ne connaissais pas bien Fassbinder. Merci à JC et C. de nous le faire découvrir.

Tous les autres s'appellent Ali.
de Rainer Werner Fassbinder (1973)
Interprêtes principaux :
Brigitte Mira : Emmi Kurowski
El Hedi ben Salem : Ali
Barbara Valentin : Barbara
Irm Hermann : Krista

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D'abord, il y a quelque chose de théâtral que je n'aime pas dans ce film. Fassbinder était aussi un homme de théâtre, mais il ne faut pas mélanger les genres.

Après, il y a tout le reste : un film indispensable.

Donc, il s'agit de solitudes, dans l'Allemagne de l'ouest des années 70, pas plus tolérante que ça.

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Ali (qui ne s'appelle pas Ali, mais ce prénom c'est plus simple pour tout le monde) connait la solitude de l'immigré, de l'éloignement du pays (le Maroc), de l'humiliation. Il y a des compensations, ses copains de travail et de bistrot et les filles du bar où il boit sa bière, notamment la jolie patronne qui, elle aussi, trouve les nuits un peu longues, seule dans son lit.

Et puis Emmi, qui est entrée dans ce bar par un de ces hasards qui conditionnent la vie, parce que dehors il pleut et que, vraiment, rentrer seule, à nouveau, dans son appartement vide, sous la pluie c'est peu-être ce soir un peu plus dur que les autres soirs. Comme il y avait de la lumière (de la chaleur ?), Emmi est entrée, s'est assise et comme elle ne sait pas trop quoi boire parce qu'elle n'a pas l'habitude, ce sera un cola, et pas une bière.

Par une astuce de scénario, Ali invite Emmi à danser. C'est que ce n'est pas un perdreau de l'année, Emmi, elle a dépassé la cinquantaine, elle n'a pas le corps de Barbara, la belle tenancière un peu vulgaire du bar où Ali a  ses habitudes.

C'est ainsi que démarre une histoire d'amour improbable qui essaie de se construire sur autre chose que l'union de deux solitudes.

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La construction du film e st étonnante. Dans une première partie (d'une apparente lourdeur idéologique que la suite démentira) le couple s'affirme contre l'hostilité générale d'une Allemagne  mal dénazifiée, au racisme sans nuance.  La famille d'Emmi (Fassbinder y tient avec la jubilation qu'on devine le rôle d'un gros con macho) n'est pas en reste et vomit avec violence cette liaison contre nature. Le téléviseur, symbole du lien ténu qui reliait Emmi à ce monde de crétins normaux, en fera les frais.

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Après une scène ébouriffante qui montre Ali et Emmi seuls sur une place au milieu de chaises de bistrot jaunes et vides (le lien ci-dessous pointe vers un commentaire très pertinent de cette scène de très grand cinéma), tout change.

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Les anciens salauds n'étaient pas si mauvais que ça, TOUS reviennent (on se croirait presque chez Amélie Poulain, sauf qu'on est au cinéma et pas dans une pub de TF1 et qu'il ne faut pas confondre mélo et mièvrerie). Et c'est là que ça se gate. Je ne raconterai pas la fin, d'ailleurs y-at'il une fin, je pense qu'Ali et Emmi se baladent toujours, main dans la main ou chacun de son côté, dans un coin pourri d'une trop grande cité allemande.

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Les photos ci-dessus montrent un des parti-pris esthétique de Fassbinder. L'image dans l'image. La mise en scène en arrière-plan du théâtre de la vie, l'avant plan n'étant qu'un élément de distanciation. L'usage, non exclusif, mais prolifique du plan fixe (et du plan séquence) et, en tout état de cause, la discrétion des mouvements de caméra sont une façon de restituer la vie à hauteur d'homme.

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Voila, ce billet est très personnel, je ne connaissais pas bien Fassbinder (j'ai un nombre incalculable de lacunes) mais je savais que ce cinéaste au destin personnel tragique ne pouvait que me toucher. Je ne suis pas déçu du voyage et, pour ceux qui, comme moi, n'avaient pas fait l'effort, n'hésitez pas.

Films édités par l'impeccable Carlotta qui ressort en salles La femme des sables en version longue (attention chef d'oeuvre) et en DVD un deuxième coffret Ozu.


Un lien vers une chronique dont je partage totalement le point de vue sur le mélodrame.



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Commentaires
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  • Le cinéma c'est comme la vie, mais c'est la vie 25 fois par seconde. On ne peut pas lutter contre le cinéma. Ça va trop vite, trop loin, même si le film est lent, il court, toi tu ne peux que rester assis et regarder.
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